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Tunisie : une ONG dénonce une forme de «torture morale» des opposants

L'Organisation mondiale contre la torture (OMCT) a dénoncé mardi une "recrudescence" de "mauvais traitements" qui s'apparentent selon elle à de la "torture morale" à l'encontre des opposants au président tunisien depuis son coup de force de l'été 2021.

(AFP) - La directrice juridique de l'ONG, Hélène Legeay, a fait état d'une "recrudescence ces dernières années de ce qui pourrait être qualifié de torture morale ou à tout le moins de mauvais traitements perpétrés à l'encontre des personnes fichées" par les services de sécurité.

Ces mauvais traitements se sont "étendus depuis le 25 juillet (2021) à des opposants politiques", a assuré Mme Legeay, en référence à la date où le président Kais Saied a limogé son Premier ministre et gelé le Parlement, s'adjugeant les pleins pouvoirs en Tunisie.

Selon l'OMCT, cette situation "se manifeste sous la forme de restrictions arbitraires de liberté, de restrictions répétées à travers des assignations à résidence, des interdictions de quitter le territoire, des visites de la police, des convocations au poste de police. C'est une nouvelle forme de contrôle sociétal qui fait des ravages psychologiques et aussi matériels chez les gens qui sont visés", a ajouté la responsable de l'OMCT.

Mme Legeay a fait état d'une amélioration après la Révolution de 2011 qui avait fait chuter le dictateur Ben Ali, avec "moins de torture pilotée directement par le pouvoir exécutif, par le ministère de l'Intérieur".

Mais "ça revient de plus en plus, on constate une torture et des mauvais traitements institutionnalisés dans le cadre des manifestations", a-t-elle dit, citant des pics début 2020 et début 2021 avec "des manifestations réprimées de manière extrêmement violente".

Selon la responsable, ces mauvais traitements ciblent en particulier "les manifestants, les opposants politiques en général (...) avec le consentement express ou tacite de la direction de l'appareil sécuritaire".

Malgré cela, "on progresse un tout petit peu" car il y a "des procès qui voient le jour pour violences" avec quelques condamnations, a souligné Mme Legeay, tout en déplorant "l'impunité" dont jouissent les policiers ou gendarmes condamnés qui ne sont ni emprisonnés ni suspendus de leurs fonctions.

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