Partager sur :

Les entreprises tunisiennes s'exportent

Malgré les restrictions en matière de transferts de capitaux à l’étranger, on compte aujourd’hui plusieurs dizaines d’entreprises à capitaux tunisiens hors de Tunisie.

(Arab News) - En raison de l’exiguïté du marché tunisien, s’internationaliser n’est pas un choix, mais une obligation pour l’entreprise tunisienne. Les investissements tunisiens à l’étranger sont en constante augmentation, malgré les contraintes – y compris en France, où la Tunisie a été désignée premier investisseur africain en 2021.

Toutefois, c’est au Maghreb que les investissements tunisiens sont les plus nombreux. On en compterait près de cent cinquante en Algérie pour un investissement total estimé à 150 millions d’euros.

Le choix d’investir

En réalité, investir en Algérie répond davantage à une nécessité qu’à un choix. «Essayez d’exporter en Algérie, vous ne pourrez pas. On vous dit: “Si vous voulez exporter, venez investir”», témoigne Tarak Chérif, président de la Confédération des entreprises citoyennes de Tunisie (Conect), lors du séminaire sur l’Internationalisation des PME tunisiennes organisé par ce syndicat patronal le 1er novembre dernier.

Plus ancienne, la ruée des Tunisiens vers la Libye est aussi plus importante. Les investissements tunisiens dans ce pays sont estimés à 1,5 milliard de dollars (1 dollar = 0,97 euro). En outre, la Libye est le plus important partenaire commercial et économique de la Tunisie au Maghreb. Avant 2011, les échanges entre les deux pays culminaient à 3,5 milliards de dinars (1 dinar tunisien = 0,31 euro), puis ils ont baissé fortement en raison de la guerre civile en Libye, jusqu’à atteindre 900 millions de dinars en 2018.

Plus ancienne, la ruée des Tunisiens vers la Libye est aussi plus importante. Les investissements tunisiens dans ce pays sont estimés à 1,5 milliard de dollars.

Au Maroc, on ne comptait en 2008 que sept entreprises à capitaux majoritairement tunisiens. Pour la plupart, comme presque partout ailleurs, il s’agit de filiales de grands groupes. Toutefois, leur nombre aurait fortement augmenté en raison de l’instabilité que connaît la Tunisie après la chute du régime Ben Ali, le 14 janvier 2011. Cet événement a poussé un bon nombre d’investisseurs à quitter le pays ou à mettre une partie de leurs œufs dans d’autres paniers.

En 2013, une lettre d’informations confidentielles (Maghreb Intelligence) affirmait que mille deux cents hommes d’affaires tunisiens avaient mis le cap sur le royaume chérifien. En 2021, les réseaux sociaux s’étaient fait l’écho de la fuite de cent cinquante entreprises tunisiennes au Maroc, mais l’information avait été démentie par l’Union tunisienne de l’industrie, du commerce et de l’artisanat (Utica), la centrale patronale historique.

Présence en Chine

Les entreprises tunisiennes sont également présentes en Chine. D’après une source chinoise (le Livre blanc sur la coopération économique et commerciale sino-africaine, publié en décembre 2010), la Tunisie figurait déjà en 2010 parmi les plus importants investisseurs africains dans ce pays. Poulina Group Holding (PGH) y détient trois sociétés. Ce groupe, fondé en 1967 par feu Abdelwahab ben Ayed, est le plus important investisseur tunisien à l’étranger, avec un total de vingt-quatre filiales – dont les deux tiers au Maghreb.

Les entreprises tunisiennes, qui espéraient un assouplissement de la réglementation sur les transferts de capitaux en vue d’investissements à l’étranger, vont devoir encore patienter. En effet, comme l’a rappelé le représentant de la Société financière internationale (SFI), le gouverneur de la Banque centrale de Tunisie (BCT), Marouane Abassi, avait annoncé en mai dernier une nouvelle mouture assouplie du code des changes qui devait entrer en vigueur en juillet, mais il n’a pas tenu parole.

En attendant, les investisseurs peuvent se consoler en utilisant les facilités que la SFI a mises à leur disposition. En effet, le ministère de l’Économie et de la Planification, Samir Saïed, a annoncé lors du séminaire sur l’internationalisation des PME tunisiennes que cette filiale de la Banque mondiale avait accepté que ses représentations aux quatre coins du monde servent de point de relais aux entreprises tunisiennes.

Moncef Mahroug

Partager sur :