
Le ministre marocain de la Culture vient de signer une série de décisions pour préserver le patrimoine de la ville de Dakhla, deuxième grande ville du Sahara. Ainsi, le centre administratif espagnol rejoint la liste des monuments historiques du Maroc. De même que l’église Santa Maria, construite au début des années 1950.
La fondation de la ville de Dakhla, l’une des plus grandes villes du sud marocain, remonte à 1884 et fut le premier bastion de la présence espagnole dans le Sahara. Les colons l’avaient baptisée Villa Cisneros.
Dans un rappel historique, le site Hespress souligne qu’à la fin des années 1970, Dakhla est revenu dans le giron de la mère patrie. C’est aujourd’hui une grande ville qui attire sa part des investissements et attire de nombreux touristes étrangers venus profiter de son climat exceptionnel en tant que péninsule s’étendant à l’intérieur des eaux de l’Atlantique.
Au centre de cette ville se trouve une ancienne église catholique construite par les Espagnols il y a plus de six décennies et qui continue d’accueillir aujourd’hui quelques dizaines de personnes, principalement des migrants subsahariens, précise le site dans son reportage sur cette ville saharienne.
Contrairement à ce que beaucoup croient, cette église, ainsi que la cathédrale de Laâyoune et une petite église dans son port, sont toujours encadrées par des fonctionnaires nommés par le pape François pour s’occuper de leur gestion et y organiser les offices religieux.
+ L’église a été achevée en 1954… +
Selon le père Mario Leon Dorado, préfet apostolique du Sahara à Laâyoune, la construction de l’église catholique à Dakhla a été achevée en 1954, année de la fondation de la « Préfecture apostolique du Sahara » alors sous occupation espagnole.
Dans une interview accordée à Hespress, le père Dorado a souligné que le siège de cette préfecture apostolique se trouvait auparavant dans la région de Sidi Ifni et comprenait les églises de Laâyoune, Tarfaya, Dakhla et Lagouira.
Dakhla portait le nom de Villa Cisneros, c’est la première ville qui a été fondée par les Espagnols. Son nom serait dérivé du nom de Francisco Jiménez de Cisneros, un cardinal espagnol du XVIe siècle de notre ère.
Selon le père Dorado, la quarantaine, l’église de Dakhla s’appelait Nuestra Señora del Carmen, la dame du mont Carmen en arabe, une montagne située au Liban et symbolisant la Vierge Marie.
Le nom de l’église était largement utilisé par les marins, la ville de Dakhla étant une grande ville de la pêche.
En 1975, presque tous les Espagnols ont quitté le Sahara, laissant derrière eux presque toutes les églises vides, à l’exception des prêtres et de certains Espagnols qui ont décidé de rester.
+ « Bien sûr, nous n’oublions pas nos amis musulmans… » +
Mais aujourd’hui, la situation a changé. Selon le père Dorado, les fidèles de l’église de Laâyoune sont principalement des membres des missions des Nations Unies et Dakhla compte le plus grand nombre de chrétiens au Sahara avec près de 30 migrants en provenance de pays d’Afrique de l’Ouest, en particulier de Guinée, du Cameroun, du Sénégal et de Côte d’Ivoire.
Pour Mario Leon Dorado, ce chiffre reste modeste, mais il représente une communauté vivante, notant que celle-ci, en plus des touristes, « trouve dans l’église une véritable famille fraternelle ».
Les églises du Sahara reçoivent également des visites fraternelles d’autres églises telles que celles de Nouakchott, Nouadhibou et du Sénégal, sans parler de celles de Rabat, Tanger et des villes espagnoles.
Le père Dorado affirme que les occasions les plus importantes que l’Église a connues récemment sont le baptême, un rituel chrétien pour entrer dans le christianisme. Ce rituel a été accompli au profit des chrétiens de Côte d’Ivoire, qui ne l’avaient pas achevé dans leur pays d’origine.
Il a ajouté que « l’Eglise de Dakhla avait été témoin cette année des rituels de baptême au profit d’une femme », soulignant que « c’était la première fois depuis l’ère espagnole, ce qui a constitué « une grande joie » pour lui.
Le père Dorado a, en outre, révélé que l’Église de Dakhla coopère avec un centre local pour les personnes ayant des besoins spécifiques, qui aide les enfants en situation difficile.
Et de conclure: « Bien sûr, nous n’oublions pas nos amis musulmans avec lesquels nous partageons une histoire commune depuis 1954 en organisant des cérémonies de thé pour marquer notre fraternité », ajoute Hespress.