
Plus de 300 chansons, des millions d'albums vendus à travers le monde. C'est une immense star de la musique classique arabe dont Maglor se souvient aujourd'hui. De sa naissance en région parisienne à sa dernière demeure algéroise, Warda est aussi un pan de l'histoire récente du monde arabe.
Alger, Rabat, Beyrouth, le Caire où elle s'est éteinte le 17 mai 2012, il y a dix ans. Warda laissera son empreinte dans les capitales arabes. Son histoire commence pourtant en France, à Paris, où elle est née en 1939. Son père est algérien, sa mère est libanaise. Elle a onze ans quand elle découvre et apprend la musique. Pas beaucoup plus quand, en pleine guerre d'Algérie, ses chansons patriotiques et son engagement pro-FLN agacent le pouvoir colonial français. La voilà contrainte de quitter Paris.
Un long passage à vide
Elle part alors s'installer à Rabat au Maroc, puis à Beyrouth, avant de s'installer en Algérie en 1962, lors de l'indépendance. Cette même année, elle épouse un homme qui lui demande... de ne pas chanter ! Warda se taira donc pendant douze années.
Warda revient sur scène à la demande du deuxième président de l'Algérie indépendante, Houari Boumediene. Au passage, elle divorce de cet homme qui voulait la contraindre au silence.
Mais c'est en Egypte que sa carrière va littéralement exploser après sa rencontre avec le compositeur Baligh Hamdi dont elle devient l'épouse. Warda est désormais une chanteuse à succès mais aussi à l'occasion, actrice pour le cinéma égyptien.
Un président algérien l'avait faite revenir. Un président égyptien la fait repartir. Anouar el Sadate la censure. Elle est interdite sur les ondes égyptiennes. Pire, elle est sommée de quitter le pays. En cause, une chanson intitulée El Ghala Yenzad dans laquelle elle fait l'éloge de la famille du Prophète et surtout de l'ancien dirigeant libyen Mouammar Kadhafi. A l'époque, les relations entre Le Caire et Tripoli sont désastreuses. C'est par l'entremise de Jihane Sadate, l'épouse du président égyptien, que Warda obtiendra trois ans plus tard la levée de cette interdiction.
Au cours des décennies suivantes, le succès international de Warda ne sera jamais démenti. La comparaison avec l'immense diva égyptienne Oum Kalthoum est souvent faite.
Sa dernière oeuvre, elle la dédie à son pays, l'Algérie. Un hymne intitulé "toujours debout " à l'occasion du cinquantenaire de l'indépendance.
Elle restera comme l'une des grandes divas de la musique arabe, aux côtés de Oum Kalthoum et Fairuz. Immense star dans tout le monde arabe, vendant ses disques par dizaines de millions, tout au long d'une carrière qu'elle débuta alors qu'elle n'était qu'une enfant, elle chanta l'amour et incarna un rêve panarabiste qui ne l'aura jamais quittée.