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Baya, magie et merveilles de l'artiste algérienne

Autodidacte, Baya a été découverte, à 17 ans par Aimé Maeght à Alger en 1947. L’audace et la puissance picturale de son œuvre ont été saluées par l’avant-garde en Europe et ont ouvert la voie à l’école des Peintres du signe au Maghreb.

Dotée d’un imaginaire foisonnant, elle est connue pour ses femmes-­oiseaux, ses femmes-fleurs ou ses femmes-poissons aux couleurs éclatantes et aux formes gracieuses. Un jaillissement d’émeraude profond, de rose vif, de jaune chatoyant et de somptueux violet. Les critiques diront que « la jeune femme avait découvert elle-même ce que la peinture occidentale venait de mettre soixante ans à faire aboutir » . L’histoire de Baya, au talent précoce et étonnant, pourrait s’apparenter à un conte de fées.

Fatma Haddad, qui sera connue sous le nom de Baya, nait le 12 décembre 1931 à Fort-de-l’Eau (aujourd’hui Bordj el Kiffan) aux environs d’Alger, dans le département d’Alger en pleine période coloniale. Orpheline dès l’âge de 5 ans, la fillette est recueillie et élevée par sa grand-mère, qui travaille dans une ferme horticole. Déjà artiste dans l’âme, Baya dessine et réalise des modelages en terre cuite. Ses œuvres attirent l’attention de la sœur de la propriétaire de la ferme, Marguerite Caminat.

Dans un premier temps, Marguerite emploie la petite Baya, alors âgée de onze ans, comme domestique, puis devient progressivement sa protectrice. Peintre elle-même, elle apprend à l’enfant à lire et à écrire et l’encourage à développer ses talents artistiques en lui fournissant le matériel nécessaire pour peindre et modeler. Baya puise dans une vaste imagination pour réaliser des figures féminines, des oiseaux, des paysages, peints en couleurs vives avec des dominantes de rose, de bleu, d’orange. Son art, considéré comme appartenant au mouvement de l’art naïf, est intime et avec des lignes épurées.

Exposition parisienne

Convaincue du talent de sa fille adoptive, Marguerite utilise ses relations dans le monde artistique et culturel pour diffuser ses œuvres. Elle en présente ainsi à son ami le sculpteur Jean Peyrissac, qui les montre à son tour à l’artiste, mécène et galeriste Aimé Maeght. Ce dernier décide alors d’organiser une exposition des œuvres de Baya dans sa galerie parisienne. Le catalogue de l’exposition est préfacé par l’écrivain André Breton, qui écrit : « Je parle, non comme tant d’autres pour déplorer une fin mais pour promouvoir un début et sur ce début Baya est reine. Le début d’un âge d’émancipation et de concorde, en rupture radicale avec le précédent et dont un des principaux leviers soit pour l’homme l’imprégnation systématique, toujours plus grande, de la nature. »

Âgée de seize ans, Baya se rend à Paris pour l’exposition qui connait un grand succès ; le magazine Vogue notamment consacre un article à la jeune artiste. À Paris, Baya rencontre de nombreux artistes, dont le peintre Georges Braque. Pendant son séjour en France, elle passe également quelques temps à réaliser des modelages au sein de l’atelier Madoura, à Vallauris dans le sud de la France, où elle côtoie Picasso, qui se montre impressionné et intéressé par son art.

Le temps du mariage

En 1953, Baya épouse le musicien El Hadj Mahfoud Mahieddine, de près de 30 ans son aîné. Ce mariage marque son retrait de la vie publique et une longue pause dans sa carrière artistique et professionnelle. Pendant les dix années qui suivent, elle se retire au sein de la sphère domestiques et se consacre à l’éducation des six enfants auxquels elle donne naissance.

Cette période de retrait coïncide également avec la guerre d’Algérie, qui fait rage pendant huit ans de 1954 à 1962. On ne connait pas à Baya de prise de position publique sur le sujet. Bien que lié à sa vie privée, son retrait lui permet sans doute également d’éviter l’instrumentalisation politique de son destin de jeune artiste à succès en pleine période coloniale. En juillet 1962, l’indépendance de l’Algérie est reconnue.

Reprise de carrière

Après l’indépendance, en 1963, des amis de Baya l’incitent à se remettre au travail et le musée des Beaux-Arts d’Alger fait l’acquisition de certaines de ses œuvres. L’artiste reprend ses pinceaux, et ne les quittera plus jusqu’à sa mort. Elle élargit le format de ses toiles et ajoute à ses figures féminines, fleurs et oiseaux, des objets du quotidien tels que des instruments de musique, des fruits, des meubles.

Baya expose à nouveau, lors de l’exposition Peintres algériens en 1963 à Alger, l’année suivante à Paris puis régulièrement en France, notamment à Marseille, en Belgique et dans le monde arabe. Appréciée et reconnue pour son art, elle y présente des anciens travaux et des nouveaux.

Baya meurt à l’âge de soixante-six ans, en novembre 1998.

Source : L'histoire par les femmes

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