Mme. Laila Zaarouri, spécialiste dans le domaine de l’aviation , chercheuse en preuves médico-légales spatiales, et intéressée par les affaires juridiques et la réforme judiciaire. (Genève, Suisse).
📍Genève, Suisse
L’utilisation des satellites en médecine légale représente une avancée majeure dans le soutien aux enquêtes criminelles, notamment dans les zones difficiles d’accès. Cette technologie ne sert pas directement à l’analyse des empreintes ou de l’ADN, mais elle offre des preuves circonstancielles solides : en analysant les modifications du sol, de la végétation et de la température de surface, elle facilite la détection des sites d’inhumation clandestine, le suivi des mouvements suspects et la surveillance de la pollution délibérée.
Au niveau international, l’importance des satellites s’accroît dans la documentation des crimes de masse et des crimes de guerre, en permettant de repérer les fosses communes, les déplacements de troupes et les destructions d’infrastructures, en faisant ainsi un outil essentiel de la justice internationale.
Cette étude vise à analyser les applications des satellites dans les enquêtes judiciaires, tant locales qu’internationales, en mettant l’accent sur l’apport d’images visuelles et de données analytiques aux tribunaux et aux organisations de défense des droits de l’homme.
Utilisation des satellites en médecine légale
Les satellites sont utilisés comme outil indirect pour recueillir des preuves criminelles lorsque les méthodes traditionnelles (empreintes, ADN) sont compliquées à déployer sur le terrain. Ils interviennent dans des contextes spécifiques, en soutenant tant les enquêtes individuelles que collectives. Voici leurs principales applications :
1. Surveillance et analyse géographique
- Les satellites permettent d’identifier les lieux de crime ou d’inhumation, en particulier dans des zones reculées ou fermées.
- Ils révèlent des anomalies dans le terrain ou la végétation :
• déformations du sol
• dépérissement ou croissance anormale de la végétation
• changements de couleur du sol Cette méthode est appelée médecine légale environnementale ou analyse forensique du paysage géographique, où le lieu du crime constitue un élément essentiel de l’enquête.
2. Détection des sites d’inhumation clandestine
- Un corps enterré en zone rurale ou forestière modifie l’environnement :
• déformation du sol / qualité de la terre
• changement thermique dû à la décomposition
• croissance végétale atypique sur le site Les images multispectrales ou thermiques satellites permettent d’identifier ces indices et de cibler des zones suspectes de sépulture.
3. Analyse avant/après l’acte criminel
- En comparant des images satellite prises avant et après l’acte, on peut détecter :
• mouvements inhabituels (ex. : camion entrant dans une zone déserte puis ressortant)
• traces de pneus, déformation du sol, ombres modifiées
• nouveaux fosses ou modifications de terrain - Ces éléments suggèrent l’inhumation clandestine ou l’évacuation d’éléments criminels.
Utilisation pratique sur le terrain :
• On suspecte que l’entrée du véhicule corresponde au lieu d’inhumation.
• Une équipe est envoyée, équipée de radar pénétrant le sol (GPR) ou de chiens spécialisés.
• Si un corps ou des preuves sont retrouvés, les images satellite servent de preuves circonstancielles en justice, illustrant le déroulé des faits.
4. Surveillance des pollutions et crimes environnementaux
- Dans les cas d’empoisonnement ou de pollution intentionnelle (eau, air), les satellites aident à :
• détecter les fuites de produits chimiques
• observer les changements de couleur de l’eau ou la disparition de la végétation
• relier ces anomalies à des activités humaines suspectes
5. Support aux enquêtes sur le terrain
Tous ces indicateurs guident les enquêteurs vers des zones à inspecter :
- recueil d’éléments matériels (os, ADN, toxines)
- exploitation des images satellites devant les tribunaux pour contextualiser l’acte criminel
- utilisation des données temporelles pour confirmer ou infirmer les témoignages.
6. Documentation des crimes de masse et catastrophes humanitaires
Les satellites sont essentiels dans la médecine légale internationale, notamment pour les :
- fosses communes
- bombardements indiscriminés
- nettoyages ethniques
Principaux rôles :
- Documenter l’évolution du site :
• surveillance des images avant, pendant et après l’événement
• détection des changements de terrain (fosses, tranchées, incendies, destructions) - Observer des activités militaires suspectes :
• suivi des mouvements d’armées et d’armes lourdes
• identification des attaques ciblant des civils ou des infrastructures - Soutenir les rapports de droits humains :
• fournir des preuves objectives aux rapports de l’ONU
• alimenter les dossiers de la Cour pénale internationale (CPI)
• servir lors des procès pour crimes de guerre.
Nouvel enjeu : les vêtements comme preuve
Kann les satellites aider en forensic textile ?
Peut-on utiliser les satellites pour repérer des vêtements abandonnés après un crime ?
Même si la résolution ne permet pas de voir un morceau de tissu, l’analyse des marques laissées (traces de pas, déformations végétales ou sols perturbés) permet de localiser des zones où les enquêteurs peuvent retrouver des vêtements porteurs d’ADN, de sang, d’empreintes ou de fibres.
En conclusion :
Les satellites constituent un appui précieux pour la médecine légale, surtout lorsque les preuves matérielles sur le terrain sont inaccessibles. Bien que les données spatiales ne fournissent pas directement les preuves biologiques, elles jouent un rôle capital dans la localisation, la surveillance des sites de crime, la détection d’activités illégales et la documentation des crimes à grande échelle, ce qui les rend essentielles devant les tribunaux.
{ Partie II : à suivre }
Pour en savoir plus sur le rôle des satellites dans la production de preuves médico-légales, veuillez consulter : (lien à insérer)