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D'où vient et où va l'argent des transferts des MRE ?

Les transferts financiers des MRE vers le Maroc ont atteint un record de 50 milliards de dirhams au premier semestre 2022. La barre des 100 milliards de dirhams a certainement été franchie à la fin de l’année. C'est ,une hausse de 13% par rapport à 2021. Ce record sera difficilement renouvelable en 2023 en raison des difficultés financières que connaissent actuellement les pays européens qui sont les localisations d'origine de donateurs. Mais d'où vient cet argent et où va-t-il ? Certes il contribue de manière très forte au maintien des grands équilibres de la balance des paiements du Royaume, mais encore ?

Les MRE à l'origine de ces transferts résident principalement dans trois pays ; la France, l'Espagne et l'Italie. Ce sont des pays qui connaissent un fort enracinement de la diaspora marocaine et qui ont conduit des politiques sociales généreuses durant la crise du Covid pour diluer les effets de la crise sur les travailleurs, les indépendants, les chômeurs et les ménages.

Les MRE de France en tête

En s'appuyant sur les chiffres connus pour l'année 2021 et communiqués par l'Office des changes, on peut dresser une cartographie de l'origine des fonds transférés. Première source de transfert de fonds vers le Maroc, la France a été à l'origine du plus grand volume de transfert avec un total estimé à plus de 30 milliards de dirhams, soit près du tiers de la masse totale des envois des MRE. L'Espagne arrive en seconde position, mais loin derrière, avec un peu plus de 13 milliards. Vient ensuite l'Italie dont la diaspora a apporté 10 milliards de dirhams.

La Belgique a un positionnement un peu particulier. Ce pays connaît également une forte présence de la communauté marocaine, mais la logique de transfert des fonds semble y être différente. Le montant des transferts a baissé de près de 100 millions de dirhams entre 2019 et 2021. Qu'en sera-t-il dans le bilan 2022 ? 

Des transferts qui vont à 75 % au soutien des familles et à peine 2 % dans des projets d'investissement

Dans édition du jeudi 29 décembre, le quotidien Les Inspirations Eco, l’économiste Omar Bakkou analyse à quoi sert tout cet argent transféré.

Plus de 75% des transferts MRE sont destinés à aider leurs familles. Et c’est là le premier poste d’affectation des fonds envoyés. «C’est une tradition qui se renforce dans les contextes de crise, comme nous l’avons vu lors de la période Covid, au cours de laquelle les transferts se sont accélérés», soutient Karim Amor, président du groupe des Marocains entrepreneurs du Monde (MeM - CGEM Confédération générale des entreprises du Maroc). 

L’épargne vient en deuxième lieu et concerne environ 15% des transferts. Sur les 10% restants, 8% vont aux acquisitions immobilières. A peine 2% de ces montants vont, pour l’heure, à l’investissement direct productif, mais la tendance se renforce. «On a remarqué que certains Marocains résidant en Belgique et ou en Hollande ont changé de méthode de transfert de fonds», poursuit Bakkou, par ailleurs spécialiste en politique de change. Ils sont de plus en plus nombreux à rapatrier leur patrimoine dans le but d’investir dans des activités économiques dans leur pays d’origine."

À cela s’ajoute le fait qu’une partie de l’épargne est aussi investie dans l’économie à travers des projets moins visibles: cafés/restaurants, hôtellerie, petites entreprises... Autant de niches pourtant pourvoyeuses d’emplois. 

«Il faut donc que les institutionnels concernés par l’investissement travaillent à créer un compartiment d’investissement additionnel via les dynamiques d’attractivité du potentiel Maroc qui, elles, ne manquent pas», recommande le président du groupe de MeM - CGEM.

Il y a urgence, l’embellie risquant de ne pas durer. Bank Al-Maghrib prévoit, en l’occurrence, une baisse de 4% des envois des MRE en 2023. En cause, le contexte de repli dans les pays d’accueil. Karim Amor indique que le Maroc a un potentiel de perspectives important qu’il faut révéler aux MRE, via des canaux spécialisés, pour leur faciliter l’investissement de leur épargne dans leur pays de résidence, épargne représentant 2 ou trois fois celle envoyée.

 

 

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