Partager sur :

Convergence de la médecine légale et des technologies spatiales : un modèle intégré issu des recherches pionnières de Khudooma Seed Alnuaimi, experte en gestion des preuves criminelles Commandement général de la police d’Abou Dhabi.


Mme Laila Zaarouri, spécialiste dans le domaine de l’aviation, chercheuse dans le domaine de la criminalistique spatiale, s’intéresse également aux questions juridiques et à la réforme judiciaire.

 

📍Genève, Suisse

De la science médico-légale des vêtements à la preuve spatiale, une recherche scientifique de M. Khudooma Said Alnuaimi

Avec les évolutions rapides dans le domaine de la criminalistique, le besoin se fait de plus en plus pressant d’explorer des outils non conventionnels susceptibles de contribuer à la révélation de la vérité et à la détermination des responsabilités pénales, notamment dans les contextes où l’accès aux preuves directes s’avère difficile. Parmi ces nouveaux outils, les satellites se distinguent comme un moyen analytique et documentaire ouvrant de nouvelles perspectives aux équipes d’enquête et aux spécialistes de la médecine légale, en particulier pour l’observation des changements environnementaux et géographiques liés à l’acte criminel.

Dans ce contexte, il est impossible d’ignorer le rôle croissant de ce que l’on appelle la science médico-légale des vêtements, une branche pointue de la médecine légale, qui se concentre sur l’analyse des traces et des indices portés par les vêtements, taches de sang, fibres, déchirures, etc., en lien avec le scénario criminel.

Dans ce champ de recherche, le commandant Khudooma Said Alnuaimi, expert en médecine légale au sein de la Direction générale de la police d’Abou Dhabi, Département des preuves criminelles, aux Émirats arabes unis, a apporté une contribution scientifique remarquable à travers son étude intitulée :

« Indications en science médico-légale des vêtements, une analyse approfondie », publiée dans le septième numéro de la Revue des preuves criminelles (année 4, juillet 2012).

Dans cette étude, il met en lumière les dimensions interprétatives et probatoires des vêtements sur la scène de crime, montrant comment les tissus peuvent être « lus » pour révéler des détails contribuant à la résolution du crime.
 

Cette recherche s’impose comme l’une des tentatives pionnières dans la mise en évidence des méthodes d’analyse textile dans un cadre médico-légal. L’auteur y examine plusieurs cas concrets illustrant l’importance de la documentation minutieuse et de l’interprétation scientifique des traces matérielles présentes sur les vêtements.

Parmi ses conclusions principales, il démontre que les vêtements peuvent contenir des informations temporelles ou dynamiques, révélant la nature de l’agression, la direction de l’attaque ou encore la position du suspect et de la victime au moment des faits, autant d’éléments qui renforcent la valeur de cette spécialité en tant qu’outil probatoire précis dans les enquêtes médico-légales.

Le commandant Khudooma Said Alnuaimi est l’un des principaux spécialistes en médecine légale et en gestion des preuves criminelles aux Émirats arabes unis. Il occupe un rôle central au sein de l’équipe d’enquêtes avancées de la police d’Abou Dhabi.

Par son étude de référence, il a contribué à affirmer la place de la science des vêtements dans les outils modernes de la preuve, en soulignant l’importance de la documentation textile pour la reconstruction des scènes criminelles et la résolution des affaires complexes.
 

Études
Recherche scientifique : une première approche de la science médico-légale des vêtements

Observer notre entourage nous montre que les vêtements occupent une place importante dans nos vies : tout le monde en porte. On peut parfois reconnaître la tenue d’une personne avant même de voir son visage. Les habits varient selon des critères tels que le niveau social, l’âge, le sexe, la nationalité, le type de travail ou l’état de santé. Ils portent des significations multiples : esthétiques, culturelles, économiques, sociales, professionnelles et identitaires. Certains vêtements arborent des motifs, broderies ou dessins uniques.

Dans cet article, nous abordons les habits sous l’angle de la criminalistique, afin de clarifier le rôle qu’ils jouent dans la résolution des affaires judiciaires et la marche de la justice.

Les vêtements font partie du monde textile et incluent d’autres usages : linges de maison, parures de fauteuils, tapis, serviettes, couvertures, cordes, jouets, sacs, draps, rideaux, chaussures, ceintures, reliures de livres, etc.
 

Certains articles textiles intègrent aussi des éléments non tissés, tels que le cuir, la fourrure, les perles, les fermetures éclair métalliques ou plastiques, les boutons de verre, de cuivre, de fer ou de plastique, les ornements, les graines, différentes monnaies, ainsi que d’autres composants manufacturés.

 

Mention des vêtements dans le Coran

Les vêtements sont mentionnés dans le Coran sous plusieurs aspects, parmi lesquels la parole d’Allah :
1. « Ô enfants d’Adam ! Nous avons fait descendre sur vous un vêtement pour couvrir vos parties honteuses, ainsi que des parures. Mais le vêtement de la piété, voilà ce qui est le meilleur. Voilà un des signes d’Allah. Peut-être se rappelleront-ils. »

(Sourate Al-A'raf, versets 26-27).
2. « Ô enfants d’Adam ! Que Satan ne vous tente pas comme il a fait sortir vos parents du Paradis en leur ôtant leurs vêtements pour leur faire voir leur nudité. » Sourate Al-A'raf, verset 27).

3 « Et si Nous avions fait de lui un ange, Nous l’aurions fait homme, et Nous leur aurions embrouillé ce qu’ils embrouillent déjà. »

(Al-An’am, verset (9).

4 « Ils dirent : “Ô notre père, nous sommes allés faire la course, et nous avons laissé Joseph auprès de nos affaires. Le loup l’a dévoré ! Mais tu ne nous croiras pas, même si nous disons la vérité.”

Et ils apportèrent sa tunique tachée d’un faux sang. Il dit : “Vos âmes vous ont plutôt suggéré quelque chose… Patience donc ! C’est Allah qu’il faut appeler au secours contre ce que vous racontez.”

(Sourate Youssef, versets 17–18)

 

. Les frères de Joseph (paix sur lui) ont tenté de tromper leur père, Jacob (paix sur lui), en prétendant qu’un loup avait dévoré Joseph. Pour renforcer leur mensonge, ils ont taché la tunique de Joseph avec du sang d’origine animale, afin de faire croire qu’il s’agissait du sang de Joseph versé lors de l’attaque du loup. Toutefois, ils n’ont pas prêté attention à l’absence de déchirures ou de traces de crocs sur le tissu de la tunique, ce qui a poussé le prophète Jacob (paix sur lui) à soupçonner un complot fomenté par les frères pour justifier la disparition de Joseph. De plus, la manière dont les taches de sang étaient réparties sur la tunique pouvait constituer une preuve supplémentaire que ces traces avaient été apposées artificiellement, et ne provenaient pas du corps même de Joseph.(Youssef)


. Et Allah, le Très-Haut, dit :

« Il dit : “C’est elle qui a voulu me séduire.” Et un témoin de sa famille témoigna : “Si sa tunique est déchirée par devant, alors elle dit la vérité et c’est lui qui ment. Mais si sa tunique est déchirée par derrière, alors elle ment et c’est lui qui dit la vérité.” Quand il vit que sa tunique était déchirée par derrière, il dit : “C’est bien là un des pièges de vous, les femmes ! Votre ruse est vraiment grande.” »

(Sourate Youssef, versets 26 à 28)

Cette parole divine illustre la manière dont les déchirures présentes sur un vêtement peuvent être utilisées pour révéler la vérité, élucider un crime et reconstituer les événements d’une scène.

. Pour révéler le crime, en éclaircir les mystères et reconstruire ses événements. Le débat autour du verset portait sur la question : est-ce que Joseph (paix sur lui) avait raison ou bien la femme d’Al-Aziz ? Pour trancher, il a été conclu que si ses vêtements étaient déchirés à l’avant, cela prouverait que la personne essayait d’agresser la femme, qui se défendait en déchirant ses vêtements à l’avant pour repousser l’agresseur. Si la déchirure était à l’arrière, cela signifierait que la personne tentait de s’éloigner ou de fuir, mais que la femme avait saisi ses vêtements par derrière pour l’en empêcher. Dans le cas de Joseph (paix sur lui), il fut établi que ses vêtements étaient déchirés à l’arrière, ce qui confirme son innocence face aux accusations portées par la femme d’Al-Aziz.

Allah dit : « Allez avec cette chemise, jetez-la sur le visage de mon père, il retrouvera la vue. » (Sourate Youssef, verset 93) Ce verset révèle que la chemise de Joseph contenait un élément qui a aidé Ya’qub (Jacob) à reconnaître que son fils était toujours vivant.

Allah dit également : « Et quand la caravane fut séparée, leur père dit : “Je sens l’odeur de Joseph, si seulement vous ne me mentez pas.” » (Sourate Youssef, verset 94) Cela indique que ce qui a permis de reconnaître Joseph était l’odeur sur la chemise, démontrant que les vêtements peuvent porter une trace olfactive pouvant aider à identifier leur propriétaire.

1 . Les vêtements dans la noble Sunnah

Selon Ibn Abbas (qu’Allah soit satisfait de lui), le Messager d’Allah (paix et bénédictions sur lui) a dit : « Portez du blanc parmi vos vêtements, car c’est l’un des meilleurs vêtements, et enveloppez-y vos morts. » Rapporté par Abou Dawoud et At-Tirmidhi, qui le considèrent comme un hadith hassan sahih (bon et authentique).

2 . Les vêtements dans la poésie

Le poète Farouki, qui a vécu en Asie centrale au XIe siècle, a dit :

“Ses fils sont tissés de mon âme et des larmes du poème,

des fils de pleurs, de gémissements et de tristesse prolongée.”

Cela montre la compréhension du poète de la fabrication des textiles, qui sont à l’origine des vêtements, et que les fils peuvent être utilisés de différentes manières dans la confection d’un tissu ou d’un vêtement unique.

3 . Les vêtements et la sociologie

Ibn Khaldoun, dans son introduction, au chapitre sur l’art du tissage et de la couture, dit :

« Ces deux artisanats sont essentiels pour la civilisation car ils répondent au besoin de confort des hommes. Le premier consiste à tresser la laine, le lin et le coton, en étendant la longueur et en soudant la largeur du tissu avec une grande cohésion, puis en découpant des pièces de taille appropriée. Il y a des vêtements en laine pour la chaleur, et des vêtements en coton ou lin pour l’habillement. Le second artisanat consiste à adapter les textiles aux différentes formes et coutumes, en découpant avec précision des morceaux adaptés aux parties du corps, puis en les assemblant par une couture solide, par raccordement, par renforcement ou par élargissement, selon le type d’ouvrage. »
 

4 . Les vêtements comme preuve médico-légale

Les vêtements ou textiles peuvent être retrouvés sur la scène de crime ou envoyés au laboratoire médico-légal pour analyse. Leur importance se manifeste sous plusieurs aspects :

  • Les vêtements eux-mêmes peuvent constituer la scène du crime.
  • Ils peuvent constituer une preuve judiciaire.
  • Ils peuvent contenir différentes preuves médico-légales.
  • Les vêtements peuvent être la seule preuve restante attestant du crime.
  • Ils peuvent contenir des indices importants introuvables ailleurs.
  • La répartition des preuves sur les vêtements aide à reconstituer la scène du crime.
  • Certaines preuves sont mieux conservées sur les vêtements que sur la scène du crime.
  • Les preuves sur les vêtements peuvent persister longtemps.
  • Des traces provenant des vêtements peuvent être transférées entre la victime et l’auteur, du lieu du crime, ou aux personnes présentes.

L’expert inspecteur et la preuve vestimentaire

L’expert doit avoir une connaissance générale des types de tissus, de fils et de fibres qui composent les vêtements. Cela l’aidera à bien manipuler ces derniers lors de l’examen. En effet, certains tissus sont facilement déchirables ou fragiles, ce qui nécessite que l’expert fasse preuve de prudence afin d’éviter d’endommager ou de déchirer involontairement les vêtements soumis à l’analyse.

Types de fibres et filaments textiles

Les tissus utilisés pour les vêtements peuvent généralement être classés en tissus tissés, tissus tricotés et tissus non tissés. On peut également préciser leurs sources de fabrication comme suit :

1 . Fibres d’origine biologique : Elles proviennent d’êtres vivants, dont :
. Sources animales : poils, duvet, laine, soie, composés de protéines provenant des chèvres, chameaux, moutons, vers à soie, etc.3 . . Sources végétales : lin, coton, bambou, composés principalement de cellulose.

2 . Sources géologiques : fils fabriqués à partir de matériaux extraits de la terre, tels que l’argent, l’or, le cuivre, qui sont utilisés pour broder ou orner les vêtements.
3 . Fibres synthétiques : ce sont des fibres fabriquées par l’homme, divisées en deux catégories :

. Fibres modifiées : fibres naturelles (qu’elles soient animales, végétales ou géologiques) transformées en autres matériaux, comme la rayonne ou la viscose.

. Fibres entièrement synthétiques : telles que le polyester, le polyamide, et les dérivés du polyvinyle comme le nylon et l’acrylique.

4 . Fibres mélangées : fibres ou filaments fabriqués à partir d’une ou plusieurs des sources mentionnées ci-dessus, par exemple un mélange de laine avec des fibres de nylon.

. La composition des vêtements est généralement identifiée par la lecture de l’étiquette ou du marquage apposé par le fabricant. La connaissance de la composition textile aide l’expert médico-légal à manipuler correctement les vêtements lors de l’identification, de la collecte, de l’enregistrement et de l’interprétation des preuves utiles à l’enquête.
 

 Étapes de l’examen des vêtements

En général, l’examen des textiles, y compris les vêtements, se déroule en quatre étapes :

  1. Examen du vêtement complet
  2. Examen du tissu du vêtement
  3. Examen des fils du tissu
  4. Examen des fibres des fils

La méthode d’examen dépend du type d’affaire et de la disponibilité des différentes preuves.


Types de preuves médico-légales liées aux vêtements

Les preuves médico-légales pouvant être trouvées à l’extérieur ou à l’intérieur des vêtements peuvent être classées en :

  1. Preuves descriptives
  2. Preuves biologiques

Il s’agit de preuves provenant de sources vivantes, humaines ou non humaines, telles que le sang, les cheveux, la salive, la sueur, les cellules épithéliales, les tissus corporels, le sperme, la peau, les plumes, le pollen, les traces de diverses plantes, des fragments d’os et des insectes.

Parmi les preuves médico-légales les plus recherchées figure le sperme, qui est très utile dans les affaires sexuelles telles que le viol, la sodomie et l’adultère. En effet, le sperme est émis en grande quantité et adhère aux fibres des vêtements, ce qui permet de détecter sa présence et d’identifier son propriétaire grâce à l’empreinte génétique.

Le sang ou les contaminations sanguines sont fréquemment retrouvés sur les vêtements, que ce soit ceux de la victime ou de l’agresseur. Le sang peut être d’origine humaine ou animale. Les contaminations sanguines humaines sont examinées afin d’identifier leur propriétaire.

Les cheveux sont des structures protéiniques filiformes qui peuvent être d’origine humaine ou animale. Lorsqu’une chevelure humaine est détectée lors de l’examen, elle est décrite morphologiquement et par sa couleur, puis comparée à d’autres échantillons s’ils existent. Ensuite, des analyses génétiques sont effectuées pour déterminer son propriétaire. Si les cheveux sont d’origine animale, leur type est enregistré et confirmé par comparaison avec des échantillons de référence.


Les preuves chimiques

Ce sont des substances chimiques ayant une importance médico-légale. Elles peuvent être d’origine industrielle ou naturelle, et sont classées en plusieurs catégories selon leur relation avec les vêtements et le type d’affaire, notamment :

  • Les matériaux chimiques constitutifs des fibres textiles, dont l’identification aide à comparer différents vêtements afin de déterminer leurs similitudes ou différences. Ce type d’examen est particulièrement utile dans les affaires d’enlèvement, de délit de fuite ou d’accidents avec délit de fuite, lorsqu’on retrouve des fibres de la victime dans le véhicule du suspect.
  • Les substances stupéfiantes, comme l’héroïne, peuvent être trouvées dans les vêtements, soit dissimulées dans les poches ou compartiments secrets, soit déposées à la surface externe des vêtements.
  • Les substances toxiques ou traces biologiques, comme les sécrétions corporelles (liquides muqueux ou urinaires) des personnes décédées, peuvent également être présentes sur les vêtements. Leur analyse peut permettre de déterminer si elles contiennent des substances toxiques ou narcotiques excrétées par le corps.
  • Les résidus de tir et de poudre, qui sont les produits chimiques résultant de l’utilisation d’armes à feu. On peut les retrouver sur les vêtements des victimes ou des suspects dans les affaires impliquant des armes. Ces traces peuvent être prélevées et analysées en tant que preuve chimique.

Les preuves physiques

Elles se divisent en plusieurs catégories, parmi lesquelles :

  • Les déchirures sur les vêtements, qu’elles soient dues à une traction ou causées par un objet tranchant. Ces déchirures sont analysées pour déterminer leur origine et l’outil qui les a provoquées.
  • La distribution des traces de sang sur les vêtements, bien que le sang soit une preuve biologique, sa répartition obéit à des lois physiques. Ainsi, la manière dont les taches de sang se répandent sur la scène du crime ou sur les vêtements dépend de facteurs physiques comme le mouvement, l’angle d’impact, et la vitesse des gouttelettes issues de différentes sources. Cela fait de leur analyse un élément de preuve à la fois physique et mathématique.
  • La description physique des vêtements, comme leur longueur, leur couleur, leurs éléments extérieurs, ou encore des marques distinctives, joue un rôle essentiel dans l’identification des personnes.
    Par exemple, lorsqu’une personne est portée disparue ou introuvable lors d’un conflit, sa famille ou ses proches sont interrogés sur les vêtements qu’elle portait. De même, dans les cas de vol, les témoins ou victimes peuvent être invités à décrire les habits du suspect.
    Ce type de preuve descriptive peut également être utilisé pour comparer des images capturées par des caméras de surveillance dans le cadre d’enquêtes sur des vols ou des agressions.

 Les preuves géologiques

Les preuves géologiques font partie des éléments couramment retrouvés sur les vêtements. Elles peuvent inclure du sable, des minéraux, des pollens anciens ainsi que des microfossiles. Ces éléments peuvent aider à établir un lien entre une personne et une scène de crime, car le sable et autres particules géologiques peuvent se transférer sur les vêtements par contact direct ou indirect avec l’environnement.

Les vêtements intelligents

Récemment, des vêtements dits “intelligents” ont commencé à apparaître. Certains de ces vêtements intègrent de minuscules ordinateurs ou microprocesseurs. Ce développement résulte des avancées technologiques dans les techniques de fabrication, notamment les méthodes issues de la nanotechnologie.
Ces vêtements sont capables de remplir des fonctions que les vêtements ordinaires ne peuvent pas assurer, telles que :
 

  • le rejet des liquides et saletés pour éviter toute contamination,
  • la résistance aux bactéries et aux matières organiques,
  • la propriété de ne pas se froisser,
  • la protection contre les rayons ultraviolets,
  • la mesure de la pression artérielle.

De plus, certains vêtements intelligents peuvent comporter des boutons électroniques servant à envoyer des commandes, comme ouvrir des portes, exécuter des calculs, ou d’autres applications technologiques.

Ces vêtements peuvent jouer un rôle utile dans les enquêtes criminelles, mais ils peuvent également représenter un obstacle : par exemple, l’impossibilité de collecter certains types de preuves biologiques en raison de la capacité de ces tissus à les repousser ou à les dégrader automatiquement.

Ainsi, les vêtements intelligents représentent un défi potentiel pour la criminalistique textile à l’avenir, et nécessitent de développer des méthodes d’analyse nouvelles, adaptées à ces technologies.


 La décomposition des vêtements comme preuve criminelle

Plusieurs facteurs contribuent à la décomposition des vêtements, tels que la chaleur, le sol, l’humidité, les moisissures, la lumière, les liquides de décomposition provenant des cadavres, ainsi que les insectes. Cette dégradation peut entraîner la disparition totale des vêtements, un changement de couleur ou une altération importante de leur structure.

La vitesse de décomposition des vêtements peut également être utilisée pour estimer le moment du décès, en fonction des conditions de la scène de crime et du type de vêtements portés.

Manipulation des vêtements sur la scène de crime

La scène de crime est le premier lieu où émerge la nécessité de collecter les vêtements pour les analyser. Les procédures à suivre sur les lieux peuvent être résumées comme suit :
• Identifier les vêtements en lien avec l’incident.

• Déterminer les pièces vestimentaires devant être prélevées.

• Photographier les vêtements avant de les prélever, que ce soit sur les lieux, sur la victime ou sur le suspect.

• Prélever les vêtements avec précaution afin d’éviter la perte d’éventuelles preuves.

• Dans certains types d’affaires, il peut être nécessaire de retirer les vêtements de la victime avant le transport du corps, s’il existe des éléments de preuve importants susceptibles d’être perdus, altérés ou contaminés pendant le transfert vers la morgue.

 Mise sous scellés des vêtements

Lors du prélèvement et de l’envoi des vêtements au laboratoire de criminalistique, les points suivants doivent être respectés :

• Sécher les vêtements correctement avant de les envoyer pour analyse.

• Utiliser des enveloppes en papier pour la mise sous scellés afin d’absorber l’humidité et d’éviter la formation de moisissures.

• Sceller chaque pièce de vêtement séparément.

• Inscrire les informations nécessaires sur l’enveloppe, le sac ou le conteneur utilisé pour le scellé, telles que : le nom de la preuve, sa description générale, l’identité de la personne concernée, l’heure de la collecte, le nom de l’agent collecteur, le lieu de prélèvement, le numéro de scellé, les raisons du prélèvement, et le type d’analyse demandée.

• Les informations figurant sur le scellé doivent correspondre à celles présentes dans le rapport officiel.


Manipulation des vêtements à la morgue

À la morgue, les vêtements des personnes décédées sont souvent retirés afin de permettre au médecin légiste d’examiner le corps. Avant et pendant le retrait des vêtements, les actions suivantes doivent être réalisées :
• Décrire la position et le type de vêtements portés.

• Photographier les vêtements avant leur retrait.

• Retirer les vêtements sans les couper aux ciseaux si cela est possible.

• Veiller à ce que les vêtements ne soient pas contaminés par d’autres substances présentes sur la table d’autopsie, car cela pourrait affecter les analyses ultérieures en laboratoire.


 Manipulation des vêtements au laboratoire

• Au laboratoire médico-légal, chaque vêtement est traité séparément et examiné selon une méthode systématique, en commençant par la description et la photographie du scellé, l’ouverture du scellé et la prise de photos du vêtement dans sa position initiale. Ensuite, le vêtement est décrit de manière générale en ce qui concerne la couleur et les caractéristiques distinctives, la description de l’étiquette commerciale ou de tout numéro ou marque particulière, ainsi que la description des dommages, déchirures ou altérations qu’il présente. Les mesures nécessaires sont prises, des examens préliminaires et confirmatoires sont réalisés, et les échantillons importants sont prélevés.

• L’examen des vêtements peut nécessiter la présence de plusieurs experts, tels qu’un expert en analyses biologiques, un expert en empreintes génétiques (ADN), un expert en stupéfiants, un expert en traces d’outils ou d’empreintes de chaussures, ainsi qu’un expert en armes à feu. Un représentant des services d’enquête criminelle peut également être présent pour tirer parti des informations préliminaires, utiles à l’arrestation de suspects ou pour donner son avis, si nécessaire, sur des objets ou des caractéristiques particulières observées sur les vêtements.


Santé et sécurité

• La personne qui manipule les vêtements liés à des affaires criminelles doit respecter les règles de santé et de sécurité afin de se protéger contre les risques sanitaires, tels que les maladies pouvant être transmises par les vêtements. Parmi ces règles figurent le port d’équipements de protection individuelle, comme les gants, les masques, la combinaison de scène de crime et le manteau ou la blouse de laboratoire.

• Il faut faire preuve de prudence lors de la manipulation des vêtements, notamment en raison de la possible présence d’armes ou de substances dangereuses, et respecter les procédures appropriées pour éviter tout danger.

• Certains vêtements peuvent dégager une forte odeur due à la décomposition des corps, ce qui nécessite une manipulation particulière pour protéger l’examinateur, la preuve, le lieu de travail et les autres personnes présentes.

• Il est également possible que certains vêtements contiennent des insectes, comme des mouches, des coléoptères ou leurs larves , ce qui exige leur collecte, leur enregistrement et leur identification afin d’en tirer parti dans le cadre de l’enquête.

Prévention de la contamination des vêtements

La prévention de la contamination accidentelle des preuves est un aspect essentiel dans les laboratoires de criminalistique.

Ainsi, lors de la manipulation des « vêtements comme preuve » à différentes étapes, il est impératif d’éviter toute contamination par des substances qui n’étaient pas présentes au moment de l’incident. Une telle contamination pourrait compromettre les preuves et rendre l’analyse des vêtements inutile pour obtenir les résultats recherchés.

Par exemple, les spécialistes doivent réduire au minimum le risque de contamination des vêtements par du sang ou du sable lors de leur prélèvement, ou par contact avec d’autres vêtements. Les vêtements sont rejetés et exclus de l’analyse s’il y a eu mélange entre ceux de la victime et ceux du suspect. Bien que ce cas soit rare, il mérite d’être mentionné en raison de son importance.


Conclusion et recommandations

Cet article a tenté de présenter quelques aspects d’une science vaste et complexe : la science médico-légale des vêtements et des textiles.

La recherche jouera un rôle fondamental dans le développement futur de cette discipline. Pour cela, il est nécessaire d’intensifier les efforts de sensibilisation sur le rôle des vêtements et sur les méthodes de leur examen en tant que preuve judiciaire, auprès des intervenants sur les scènes de crime, des spécialistes en criminalistique et du système judiciaire dans son ensemble.


Intégration de la science médico-légale des vêtements avec l’extraction de preuves par satellite

Vers une synergie entre la science textile médico-légale et les technologies spatiales : un nouveau cadre pour l’extraction de preuves

Les résultats de cette recherche démontrent que la science médico-légale des vêtements, telle que présentée par le pionnier Khudooma Saeed Alnuaimi, expert en criminalistique et médecine légale, constitue un outil précis pour comprendre les contextes matériels liés à un crime, à travers l’analyse des tissus, fibres et indices révélant des traces de mouvements et de temporalité.

Dans ce même cadre, Laila Zaarouri, spécialiste en aéronautique et chercheuse dans le domaine de la criminalistique spatiale, contribue par ses recherches à ouvrir de nouvelles perspectives en soulignant le rôle crucial des technologies satellitaires modernes dans la documentation des crimes et la surveillance des scènes criminelles, notamment dans les zones reculées ou dans les cas de dissimulation systématique des preuves. Elle démontre, à travers ses travaux, comment les images satellitaires à haute résolution peuvent fournir des indices spatio-temporels précis, permettant aux équipes d’enquête de localiser des traces matérielles telles que des vêtements ou des cadavres, en vue d’analyses médico-légales approfondies. Cela renforce l’interconnexion théorique et pratique entre la science des textiles et l’analyse des données spatiales.

Cette convergence entre l’analyse textile et la surveillance spatiale illustre des perspectives prometteuses pour le développement d’outils d’investigation et de détection, allant au-delà de la séparation traditionnelle entre les branches de la médecine légale, vers une vision intégrée qui améliore l’efficacité de l’extraction et de l’interprétation des preuves. Ainsi, la combinaison de ce que « disent » les fibres et de ce que « révèlent » les satellites marque une avancée qualitative dans le parcours de la justice pénale, tant nationale qu’internationale, face aux crimes complexes et dissimulés.


 

À suivre





 

Français
Partager sur :