
En constante hausse depuis plusieurs semaines, le coût du carburant ne cesse de flamber. Ces derniers jours, les prix à la pompe ont dépassé le seuil des 16 dirhams/litre. Les automobilistes redoutent le pire. Le climat social se détériore.
Le prix du litre d’essence atteindra-t-il les 20 dirhams ? Voilà une question qui reste pour l’heure, sans réponse chez les usagers, qui assistent impuissants à cette envolée des prix du carburant.
En seulement trois mois, le prix de l’essence a flambé à la pompe, passant de 14,18 dirhams/litre à 16 dirham/litre ces derniers jours. Ce prix pourrait même largement dépasser cette barre selon le porte-parole du gouvernement Mustapha Baitas qui avait laissé entendre que la hausse en cours des carburants au Maroc poursuivra sans nul doute cette tendance.
Venu se ravitailler dans l’une des stations-service de la route d’El-Jadida, l’une des principales artères de Casablanca, Rachid*, chauffeur de taxi, ne décolère pas. Les prix à la pompe sont en hausse depuis plusieurs mois, mais jamais, assure-t-il, ils n’avaient atteint un tel niveau. « Depuis le corona, le plein est passé du simple au double, et mon salaire a diminué d’autant, s’indigne-t-il. C’est 150 dirhams [14 euros] que je perds chaque jour. Et chaque jour, je me demande : où va cet argent, dans les poches de qui ? »
Chez Hamid*, rencontré quelques mètres plus loin devant la station voisine, l’exaspération a cédé la place au désespoir. « C’est dramatique, dramatique, répète ce patron d’une petite entreprise de construction métallique. Je n’arrive pas à m’en sortir. Le prix du carburant a doublé, celui de l’acier aussi. Mes ouvriers me demandent une augmentation, mais moi-même je ne me verse plus de salaire depuis trois mois !, se désole-t-il. Je n’ai même plus les moyens d’accepter des projets loin de Casablanca. Je ne vais pas pouvoir continuer comme ça. »
Cette situation est imputable à « la forte demande » sur les produits énergétiques conjuguée à la crise ukrainienne et le refus des pays de l’OPEP d’augmenter leur production afin de pousser les prix du baril vers la baisse, ont expliqué les spécialistes.
Toutefois, elle pourrait s’améliorer en raison des engagements pris par ces derniers qui ont dévoilé que « la production pétrolière de juillet serait ajustée à la hausse de 648 000 barils par jour », sachant que la quantité était fixée à 432 000 barils les mois précédents.
Trois centrales syndicales ont appelé à la grève générale dans le secteur public le 20 juin pour protester contre l’inflation et célébrer « l’anniversaire des émeutes du pain ».