
Tous les partis politiques représentés au Sénat espagnol, à l’exception du parti socialiste (PSOE), ont annoncé leur soutien à la motion initiée par le Parti populaire (PP) pour dénoncer « le changement unilatéral, radical et historique de position du gouvernement sur le Sahara ».
Les partis Vox et Ciudadanos ont annoncé qu’ils s’abstiendraient de voter pour cette motion, mais n’ont pas manqué de critiquer la décision de Pedro Sanchez, prise de façon « unilatérale » selon le premier et « dans le dos du parlement, de la société et de son propre gouvernement », d’après le second. Pour le sénateur du PSOE, Santiago Pérez, la décision du gouvernement vise au contraire à « mettre fin » au conflit au Sahara qui dure depuis des années et qui maintient la population sahraouie dans une « situation cruelle ».
Pour la sénatrice Pilar González, auteure de la motion, la décision de Sanchez de « modifier unilatéralement » la position de l’Espagne sur le Sahara « est une trahison ». Le sénateur de Compromís, Carles Mulet, parle quant à lui, de « la plus haute trahison », tandis que le sénateur d’EH Bildu, Gorka Elejabarrieta, a souligné que Sanchez, en voulant mettre fin à une crise, en a ouvert d’autres avec les Sahraouis, l’Algérie et le Parlement espagnol.
La sénatrice de Navarre, Suma Ruth Goñi, a dénoncé cette décision de Sanchez qui a conduit le gouvernement algérien à rappeler son ambassadeur à Madrid, à fermer son marché et à annoncer qu’il va revoir à la hausse le prix de cession du gaz uniquement à l’Espagne. Le sénateur du PNV, Luis Uribe-Etxebarria, estime pour sa part, que l’accord conclu avec le Maroc n’apportera rien de plus qu’un retour à la normale des relations d’avant la pandémie.
Le Congrès des députés espagnols se désolidarise du gouvernement
Quelques jours auparavant, le Congrès espagnol s'était également opposé à la politique d'ouverture sur le Sahara occidental.
Le changement de position sur le Sahara a conduit à un consensus politique sans précédent à la Chambre basse. Tous les groupes parlementaires sans exception ont condamné cette décision « unilatérale » de Pedro Sanchez dont les explications ne semblent avoir convaincu ni ses partenaires ni l’opposition. C’est dans cette atmosphère de rejet unanime que le ministre José Manuel Albares effectuera son premier déplacement officiel à Rabat. Un voyage qui vise à « normaliser » les relations entre les deux pays et préparer la visite de Pedro Sanchez prévue pour mai prochain, rappelle El Confidencial.
La décision de Pedro Sanchez qui a mis fin à la crise avec le Maroc, a ouvert une autre avec l’Algérie et ébranlé la cohésion au sein de la coalition gouvernementale. Pour l’ensemble des groupes parlementaires, Albares part à Rabat pour réaffirmer la position « unilatérale » de Sanchez, mais pas « la position du pays », soutient le PP. « Quand vous irez à Rabat, rappelez-vous que vous n’avez pas le soutien de ce Parlement », a déclaré la semaine dernière Aitor Esteban, le porte-parole du PNV. Une déclaration qui révèle le désaccord entre le Parlement et Sanchez sur la question du Sahara.
Lors de sa comparution au Congrès mercredi, Sanchez a vanté la bonne coopération avec le Maroc, mais n’a pas pu rassurer les parlementaires qui voulaient savoir la contrepartie marocaine de la décision de l’Espagne de soutenir le plan d’autonomie du Sahara. A-t-il obtenu des garanties concernant Ceuta et Melilla ? Le roi Mohammed VI a-t-il déjà répondu à la lettre qu’il lui a adressée ? Toutes ces questions sont restées sans réponse. Sanchez a soutenu en revanche qu’il a fait preuve de « realpolitik » en prenant cette décision qui vise à contribuer à mettre fin au conflit au Sahara.