
Faux passes sanitaires, faux certificats de vaccination, faux tests PCR... Beaucoup de voyageurs utilisent des documents falsifiés au Maroc et à l'étranger pour passer le contrôle dans les aéroports. Une pratique à laquelle le Maroc veut mettre fin et qui suscite une interrogation "pourquoi cette fraude ?".
Une réunion de haut niveau s’est ainsi tenue, mardi au siège du ministère de l’Intérieur à Rabat, suite à la recrudescence des cas de falsification au Maroc et à l’étranger de documents sanitaires liés à la COVID 19, notamment les attestations PCR et les pass-vaccinaux.
"Ces actes sont passibles de poursuites pénales car ils sont de nature criminelle menaçant la santé et la vie des citoyens et compromettant la campagne nationale de vaccination qui se déroule de manière satisfaisante", prévient le ministère. Le département d'Abdelouafi Laftit affirme qu'il a été décidé "de limiter l’accès au Maroc uniquement aux personnes détentrices d’un pass-sanitaire pour les pays qui disposent de ce document et pour les autres pays, un pass-vaccinal ou un test PCR négatif de moins de 48h conformément au protocole en vigueur".
Ce n'est pas tout: le Maroc va durcir les contrôles à l’embarquement et à l’arrivée et poursuivre en justice toute personne détentrice d’un document sanitaire falsifié ou impliquée dans sa falsification.
Pourquoi toutes ces falsifications ?
Au-delà de la décision légitime des autorités royales de lutter contre cette fraude, on peut s'interroger sur les causes de tels comportements. Lahlou Najib, auteur de plusieurs essais dans la série "Notre cher Maroc" propose une explication. Elle lui appartient et ne correspond qu'à une hypothèse. Elle mérite d'être connue, mais ne représente qu'un point de vue.
" Pourquoi les marocains falsifient-ils de plus en plus les documents attestant d'un test PCR ? Par ce que les autorités rendent le respect de cette mesure injustement coûteux. Il existe des auto-tests de fabrication 100% marocaine, et dont le prix est de trois à quatre fois moins cher que les tests classiques, et pourtant ils sont retirés du marché. Devant ce constat on se pose deux questions : est-ce que le produit marocain n'a pas encore trouvé grâce aux yeux des autorités concernées ? Est-ce que la santé des citoyens ne s'est pas libérée des lobbying nationaux, voire internationaux ?
Toujours est-il, si on facilite le respect des règles, celles-ci seront respectées. Le marocain reste un homme d'équilibre et de sagesse. S'il se sent pris pour une proie entre les griffes du milieu hospitalier, pour ne pas dire entre les griffes des lobbying du milieu hospitalier, il n'aura aucun mal à envisager d'autres voies moyennement scrupuleuses. Des lois impopulaires ne peuvent que favoriser la fraude, surtout celles qui ne tiennent pas compte des petites bourses ou des situations des familles nombreuses. Certes les tests classiques sont gratuits dans les hôpitaux publics, mais le manque d'organisation qui règne dans certais d'entre eux rend le risque de rattraper le virus bien réel.
Comme je l'ai précisé dans le livre Notre Cher Maroc. Tome 3 Travail : "Ce n'est pas la quantité des lois qui est important, mais plutôt l'état d'esprit dans lequel ces lois s'appliquent." Je n'incite pas à la fraude, mais je pense que les responsables auront plus à gagner en crédibilité s'ils apprennent à observer les signaux faibles exprimant le mécontentement des citoyens. Et je pense que le nombre de cas de fraude des tests pcr en est un.
Je profite pour souligner la rareté des structures associatives qui devraient décrypter et amplifier ces signaux faibles pour alerter l'opinion publique."
Qu'Allah préserve le Maroc et les marocains.
Lahlou Najib
Auteur de la série des livres Notre Cher Maroc. (www.lesmarocainsdedemain.fr)
Quelques informations vérifiées complémentaires
Un test PCR coûte environ 50 € au Maroc. S'il est pratiqué en France, il est gratuit car payé par la Sécurité sociale.
Le retrait des autotests salivaires du Covid-19 des pharmacies a été décidé au Maroc à la suite du rappel à l’ordre de la Direction du médicament et de la pharmacie (DMP) en raison de leur caractère non-médical.
En France, un autotest Covid est un test par prélèvement nasal à réaliser soi-même. À la différence des tests PCR ou antigéniques en pharmacie ou en centre de tests, qui sont accompagnés par un professionnel de santé. Il est en vente libre en pharmacie et n’est pas remboursé par l’Assurance maladie.
Vaut-il pour le passe sanitaire ? En France, depuis le 9 août 2021, un autotest négatif de moins de 72 h peut être intégré au pass sanitaire "activité", autrement dit, en France. Pour cela, l'autotest doit être impérativement réalisé sous la supervision d'un professionnel de santé qui intégrera le résultat dans la base SI-DEP. Il est valable 72 heures. Cependant, ils ne sont pas accepter pour voyager hors de France.
Le prix d'un autotest est de 5,20 € non remboursés par l'assurance maladie. Il faut y ajouter le prix d'une consultation médicale (25 €).
Le prix des tests antigéniques en pharmacie est de 34 euros, informe la Caisse nationale d'Assurance maladie. Il n'y a cependant aucune avance de frais à faire par l'usager et ces tests sont remboursés à 100% quand ils sont réalisés en pharmacie ou dans un laboratoire de biologie médicale. Réalisés à l'aéroport, à l'entrée d'un parc d'attractions, d'un lieu culturel... ils sont payants et non remboursés.
Depuis le 7 juillet 2021, les tests PCR et antigéniques sont payants pour les touristes étrangers présents sur le sol français : 25 euros pour un test antigénique et environ 45 euros pour un test PCR.