
Sur un fond de "Ciao Bella", des femmes Marocaines, artistes, politiques, activistes de la société civile..., ont lancé un appel pour sensibiliser au respect des droits des femmes et lutter contre la violence faite aux femmes. Elles ont ainsi choisi ce 10 octobre, journée nationale des droits des femmes, pour se couper une mèche de leurs cheveux en signe de mobilisation pour les droits de la moitié de la société. Un geste qui rappelle le soutien mondial aux femmes persécutées en Iran.
Des artistes, des journalistes, des auteures, des productrices de cinéma et des activistes ont appelé à créer une chaîne de solidarité pour défendre les droits et libertés des femmes à travers un geste symbolique: «Le 10 octobre 2022, on se coupe les cheveux pour les droits de la moitié de la société». Une courte vidéo, d’une durée de 01mn 07 secondes, fait ainsi le tour des réseaux sociaux depuis ce lundi 10 octobre, journée nationale des droits des femmes, montrant des artistes, des écrivaines, des productrices de cinéma, des activistes de la société civile et de la sphère politique et des journalistes marocaines en train de se couper une mèche de cheveux, sur fond de «Ciao Bella » chanté par une artiste iranienne.
Une vidéo montre les comédiennes Mouna Fettou, Latéfa Ahrrare, Qods Joundoul, les productrices Lamia Chraibi, Bahija Lyoubi et Bouchra Malak, la monteuse Zineb El Hardouz, les auteures Bahaa Trabelsi et Narjis Rerhaye, les militantes associatives Khaoula Assebab Benomar, Naima Senhadji, Rhizlaine Benachir, Laila Ouachi, Nadia Doghmi, les journalistes et chroniqueuse Samira Sitaïl, Hasna Daoudi, Ghizlaine Taibi, Aicha Zaimi Sakhri, Rita Touzani et Nadia Larguet, la parlementaire Neila Tazi et enfin les activistes politiques Fatiha Layadi et Naima Farah.
Pour toutes ces femmes, il s’agit d’une mobilisation contre toutes les formes de violence faites aux femmes. Par ce geste symbolique, ces femmes qui se sont filmées en train de se couper les cheveux entendent «se mobiliser pour les libertés et les droits des Marocaines».
Soutenir les femmes iraniennes
Sur les réseaux sociaux, les vidéos ont essaimé par dizaines : de nombreuses femmes iraniennes, ciseaux à la main, coupent leurs cheveux en signe de protestation suite à la mort de Mahsa Amini, 22 ans, décédée trois jours après avoir été arrêtée par la police des mœurs iraniennes, qui contrôle notamment le port du voile. Ce geste hautement symbolique a été repris mardi à la tribune du Parlement européen, à Strasbourg, par une députée suédoise qui a fustigé la violente répression du gouvernement iranien et accusé Téhéran de "crimes" contre "ses propres citoyens".
Alors qu'au moins 92 personnes ont été tuées en Iran depuis le 16 septembre, selon l'ONG Iran Human Rights, Abir Al-Sahlani, membre du parti suédois de centre Renew, a estimé que les Iraniennes "paient le prix ultime pour la liberté : leurs vies". Avant de s'en prendre directement, à la tribune, au chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell. "Un courage que vous n'avez pas eu, Monsieur Borrell, lorsque vous n'avez pas saisi l'occasion de l'Assemblée générale des Nations unies pour défendre les femmes iraniennes", s'est-elle emportée dans la vidéo en tête d'article, appelant à "l'arrêt immédiat et sans conditions de toutes les violences envers les femmes et les hommes en Iran".
"La voix des femmes iraniennes est entendue jusqu'ici"
"Assez des communiqués de presse, assez des murmures. C'est le moment de s'exprimer, c'est le moment d'agir", a poursuivi la parlementaire, entrée dans l'Hémicycle européen en 2019. La voix teintée de colère, elle a ensuite empoigné des ciseaux et a commencé à couper ses cheveux rassemblés en un chignon. "Tant que l'Iran ne sera pas libre, notre fureur sera plus grande que celle des oppresseurs. Tant que les femmes iraniennes ne seront pas libres, nous resterons à vos côtés", s'est-elle exclamée, avant de brandir une poignée de cheveux en criant "femmes, vie, liberté", le slogan des protestataires, en Farsi puis en anglais.
"J'en ai vraiment marre de ces vieux qui chuchotent, surtout quand il s'agit des droits des femmes. Je l'ai fait pour montrer que la voix des femmes iraniennes est entendue jusqu'ici", a-t-elle expliqué peu après dans une interview au journal suédois Aftonbladet. Abir Al-Sahlani a également précisé qu'en Iran, une tradition "vieille de plusieurs milliers d'années" veut que les femmes se coupent les cheveux lorsqu'elles sont en colère ou en deuil. Originaire d'Irak, voisin de l'Iran, la députée a raconté s'être elle-même rasée la tête dans sa jeunesse en signe de révolte.
Juste après ce geste, "beaucoup de personnes sont venues me serrer dans leurs bras", a-t-elle ajouté. Quant à Josep Borrell, "il s'est assis et est resté bouche bée, littéralement", a affirmé la députée européenne. Son appel semble toutefois avoir été entendu, puisque le même jour, le chef de la diplomatie de l'UE a annoncé que les 27 allaient examiner des "mesures restrictives" pour sanctionner le "meurtre de Mahsa Amini", "son assassinat", et la réponse des forces de sécurité "disproportionnée" face aux manifestations, qui "a provoqué la perte de dizaines de vies humaines et des arrestations".