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Célébrations d'Achoura : interpellations massives au Maroc

Lors des festivités de l’Achoura dans plusieurs villes marocaines, les éléments de la Direction générale de la sûreté nationale (DGSN) ont arrêté dans la nuit du 7 au 8 août plusieurs individus qui seraient impliqués dans des rassemblements illégaux, violences, incendies et dommages infligés à des biens publics et privés.

En tout, 17 personnes, dont 8 mineurs, ont été interpellées par les forces de l’ordre à Rabat, Salé, Casablanca, Marrakech, El Jadida, Beni Mellal, Tanger, Mahdia et Témara.

Elles auraient endommagé 11 voitures de la Sûreté Nationale, un véhicule appartenant à la Protection civile, ainsi que 13 voitures particulières garées sur la voie publique. Les prévenus auraient également agressé physiquement un lieutenant-colonel de police à Marrakech et un agent de la protection civile dans la ville de Beni Mellal.

Achoura, la fête qui célèbre le neuvième et dixième jour du mois sacré de Muharram est l’occasion de se réunir en famille, dans une atmosphère religieuse, mais par moments, ces festivités deviennent dangereuses.

L’Achoura est une fête attendue de pied ferme par de nombreux petits musulmans. Dans certains pays, c’est une fête dédiée à la famille, au cours de laquelle les enfants reçoivent des cadeaux et des sucreries. C’est le cas, par exemple, au Maroc. 

Achoura se fête d’habitude par des chants religieux, des fruits secs, mais aussi et surtout des pétards, tout au long de la soirée. Le Site Info a suivi les péripéties de cet événement depuis la ville de Salé. Cette dernière a vu ses rues se transformer, dans la soirée du 7 août, en un paysage digne des films « Mad Max ». 

Festivités interdites à Safi

Il n’y a pas eu de festivités célébrant Achoura cette année à Safi. Les autorités provinciales l’ont annoncé, jeudi, expliquant que cela pourrait contribuer à la propagation du Covid-19.

La note d’interdiction émise par Lahoucine Chaynane, le gouverneur de la province, porte sur l’ensemble des festivités organisées durant Achoura 1442 H au niveau de la province.

Il s’agit des feux de camps (chouala), les pétards, les visites aux cimetières et les rassemblements dans les quartiers, rapporte la MAP qui souligne que tous les contrevenants seront punis selon les termes de la loi. Les autorités locales ont reçu les instructions pour le respect de cette interdiction.

Les chiites au Maroc : une petite minorité

La fête d’Achoura est particulièrement importante pour les chiites. Elle commémore la mort d’Hussein, le petit-fils du Prophète Mahomet et l’un des Douze Imams, survenue en 680 en Irak. Hussein avait alors refusé de se soumettre au nouveau calife et fuit Damas en compagnie de près d’une centaine de personnes. Attaquée par des soldats, toute la troupe avait perdu la vie.

En Iran et en Irak, certaines personnes ont coutume de se flageller jusqu’au sang, en mémoire de ce massacre. De grandes processions sont également organisées. Certains croyants font un pèlerinage à Kerbala, lieu où se trouve le tombeau de l’imam. Dans certaines villes, des acteurs reconstituent la bataille de Kerbala.

Au Maroc, l’islam est la religion de l’État avec plus de 99% de musulmans sunnites et moins de 0,1% de musulmans chiites. De plus, « 1% de la population est chrétienne, juive ou Baha’is« . Si la Constitution garantit à chacun la liberté de « pratiquer ses affaires religieuses« , certains groupes religieux minoritaires - c'est le cas des chiites - les pratiquent discrètement de peur du harcèlement ou le ridicule social, la discrimination à l’emploi ou encore la violence potentielle par des extrémistes à leur encontre. 

Les chiites marocains ont fêté discrètement Achoura dans les maisons et villas de Tanger, Meknès et Casablanca, où ils sont les plus nombreux, sans aucune intervention des autorités pour leur interdire les rites du «Deuil et des conseils où l’on loue les vertus d’Ahlul Bayt». Cette fête, qui dure les premiers dix jours de Moharrem, s’est déroulée selon un rituel dominé par le chagrin sur «l’assassinat d’Al Hussein Ibn Ali» dans la bataille de Karbala. Un cérémonial qui ne diffère pas des fêtes chiites en Iran et en Irak sauf que, chez nous, elles se déroulent dans un secret absolu où l’on «récite des invocations husseinites en organisant une cérémonie de condoléances, d’écoute et de chants religieux».

Mais les chiites marocains ont évité l’auto-flagellation que leurs croyances les poussent à subir. Ce rituel a atteint son summum ce lundi avec l’organisation des conseils de condoléances marqués par le chagrin sur la «Bataille de Karbala». D’autres coutumes sont observées pendant cette journée comme l’habit noir, la réduction des repas et la multiplication des rituels de culte et de prières. Certaines sources n’ont pas démenti le recours des chiites marocains à la «Taqîya secrète» pour assurer le bon déroulement de leurs fêtes loin des yeux des services de sécurité.

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