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Bellali : Israël, le Maroc et les grandes puissances - un jeu d'intérêts dans un conflit régional

Maglor - Noureddine Bellali, un des membres fondateurs du Front Polisario séparatiste, son ancien représentant en Libye et en Syrie, et également ancien membre du Conseil royal pour les affaires du Sahara, a récemment exprimé des réflexions pointues concernant l'évolution du mouvement séparatiste. Ses observations révèlent un panorama complexe et en constante mutation, évoquant les défis internes et les enjeux externes auxquels le Front Polisario est confronté.

Depuis l'insurrection des camps en 1988, le Front Polisario a été le théâtre d'événements tumultueux et de désaccords internes, minant ainsi sa crédibilité « révolutionnaire ». Bellali a souligné que ces événements, combinés à des scandales impliquant des dirigeants du mouvement, ont placé le Front dans une position inconfortable, sapant ainsi sa légitimité.

Malgré cela, Bellali a clairement indiqué que les conditions propices à une séparation ne sont pas réunies dans la question du Sahara marocain. Ceci souligne un écart significatif entre les aspirations du Front Polisario et la réalité politique de la région.

L'analyse de Bellali s'étend également sur le rôle de l'Algérie, soulignant que le pays refuse d'abandonner le Front Polisario en raison de son implication dans le conflit et de ses lourdes pertes financières. Il explique que l'Algérie cherche à être compensée pour ces pertes et refuse de sortir les mains vides de ce conflit. Il mentionne que le problème du Sahara marocain relève en grande partie de la gestion et des intérêts stratégiques des puissances internationales, soulignant notamment le rôle complexe et parfois ambigu d'Israël dans la région.

Une analyse plus approfondie de Bellali soulève la transformation du Front Polisario au fil du temps. Initialement créé pour expulser le colonialisme espagnol, le mouvement a progressivement évolué vers des aspirations étatiques et indépendantistes, sous l'influence d'autres acteurs régionaux, notamment la Libye et l'Algérie. Ces évolutions ont conduit le Front à passer d'une logique de révolution à celle d'un État, puis finalement vers des formes de gouvernance autoritaires.

Quant aux motivations des pays soutenant le Front Polisario, Bellali met en lumière les divergences idéologiques historiques entre le Maroc et l'Algérie, soulignant la volonté de ne pas être perçue comme perdant dans ce dossier. Des déclarations d'anciens dirigeants, telles que celles d'Ahmed Ben Bella et de Mohammed Boudiaf, mettent en évidence les enjeux de vengeance et de compensations financières qui sous-tendent les actions et les réticences de l'Algérie dans cette affaire.

L'analyse profonde du conflit entre le Maroc et l'Algérie révèle un aspect souvent négligé : l'intérêt et l'influence des grandes puissances internationales dans la pérennité de cette discorde. Nour Eddine Bellali, figure éminente dans la compréhension des dynamiques régionales, a mis en lumière cette dimension essentielle.

Dans un échange révélateur, Bellali aborde le rôle des puissances mondiales dans la perpétuation de ce conflit. « Je comprends de vos paroles que les grandes puissances internationales mettent sur la pérennité de ce conflit et en tirent avantage, n'est-ce pas ? » interroge-t-il. Sa réponse met en exergue les manœuvres des acteurs internationaux : « Naturellement, les pays influents profitent de la continuité du conflit entre le Maroc et l'Algérie pour les manipuler et les pousser à négocier sur leurs positions politiques. »

Bellali souligne le point crucial selon lequel les grandes puissances n'ont aucun intérêt à voir une résolution rapide du conflit, à moins que l'Algérie et le Maroc ne rompent avec leur dépendance et transcendent les schémas irrationnels. Il insiste sur la nécessité d’une volonté politique forte pour sortir de cette impasse.

L'exemple des États-Unis dans ce contexte est particulièrement illustratif. Bellali souligne que pour ces derniers, Israël représente un élément central dans leur stratégie régionale. « Ils considèrent Israël comme une entité dans leur armée régulière, agissant pour protéger les intérêts dans une région riche en ressources et liée au bonheur du peuple américain », explique-t-il. Cependant, il souligne que les efforts des États-Unis pour promouvoir les relations avec Israël dans le Maghreb restent marginaux, principalement en raison du rejet arabe et islamique envers Israël.

Le fait de prétendre que l'établissement de relations avec Israël améliorerait la sécurité et le développement de la région est balayé par Bellali comme des paroles vides. Il pose une question fondamentale : « Qu'a apporté Israël à l'Égypte et à la Jordanie, avec quoi elle entretient des liens depuis des décennies ? » Il souligne l'absurdité de miser sur une nation qui n'a pas réussi à résoudre des problèmes à sa proximité, tels que celui de Gaza, pour résoudre des enjeux dans une toute autre région.

En conclusion, selon Bellali, il est clair qu'Israël a davantage besoin du Maroc que l'inverse, et que les grandes puissances internationales se nourrissent des conflits locaux sans pour autant contribuer à les résoudre.

Enfin, l'analyse de Bellali concernant l'incident récent à la ville de Smara marocaine, où certains dirigeants du Polisario ont accusé le Front, offre une perspective à double facette. D'une part, cet événement est en lien avec le contexte politique et le calendrier en rapport avec la récente session du Conseil de sécurité de l'ONU, cherchant à démontrer la persistance du conflit dans la région. D'autre part, il est également interprété comme un message que le Polisario souhaite s'adresser au Maroc, car le mouvement dispose désormais de nouveaux moyens logistiques qu'il n'avait pas auparavant. Il est peu probable que le Front ait entrepris cette action sans anticiper la réaction du Maroc, d'autant plus que les armes dont il disposait avaient une portée maximale ne dépassant pas 22 kilomètres.

Les propositions de Bellali offrent une vision éclairante des complexités entourant le Front Polisario, mettant en lumière l'évolution de ses objectifs, les intérêts en jeu et les dynamiques régionales et internationales influençant le conflit du Sahara marocain. Ses observations soulèvent des questions cruciales sur l'avenir du mouvement et des implications pour la région dans son ensemble.

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