
Par Mohamed Nouri.
Le Maroc officiel répète ses slogans : « justice territoriale », « généralisation de la protection sociale ». Mais dans la réalité, ces mots sonnent creux face au quotidien des médecins privés exerçant dans les villages et montagnes du pays.
La CNSS applique des cotisations uniformes, ignorant les inégalités flagrantes entre Casablanca, saturée de patients, et les zones reculées où, certains jours, un médecin reçoit à peine trois consultations. Comment justifier qu’un praticien installé à 2000 mètres d’altitude dans l’Atlas paie la même somme qu’un confrère de Rabat ? C’est une injustice institutionnalisée qui décourage l’installation en milieu rural.
Les conséquences sont visibles : cabinets fermés, cliniques mises aux enchères, jeunes médecins qui s’exilent vers le Canada ou la France. Ce n’est plus un choix individuel mais une fuite collective, un véritable exode médical qui aggrave la fracture sanitaire et prive des milliers de Marocains du droit élémentaire à la santé.
Si l’on veut réellement parler de justice territoriale, il faut aller au-delà des slogans. La solution passe par une politique de discrimination positive : cotisations modulées, incitations fiscales et soutien concret aux praticiens des marges.
Sans cela, le Maroc continuera de nourrir le paradoxe d’un pays qui appelle ses médecins à servir les campagnes, tout en les poussant vers la sortie.