Un joyau barcelonais repris par l’Algérie
Maglor - L’Algérie a officiellement pris possession de l’hôtel El Palace à Barcelone — un établissement cinq étoiles situé sur l’avenue emblématique de la Gran Via de les Corts Catalanes — qui figurait dans le patrimoine de l’homme d’affaires Ali Haddad.
Selon les registres espagnols, la propriété a été transférée au Fonds National d’Investissement (FNI), institution publique algérienne, le 1er août 2025.
Montant et acquisition
Ali Haddad avait acquis l’hôtel en 2011 par le biais de sa société espagnole Aginyo Inversiones y Gestiones Inmobiliarias SL. Le prix évoqué varie selon les sources : 54 millions d’euros selon ses propres aveux, jusqu’à 80 millions d’euros estimés par la presse espagnole.
Lors d’un procès en 2020, Haddad avait reconnu l’achat pour 54 millions d’euros, financé par trois prêts bancaires espagnols et une avance d’un ami personnel.
Modalités de transfert : « dation » plus que saisie
L’opération ne semble pas être une saisie judiciaire classique, mais plutôt une dation en paiement (dación en pago) : l’hôtel aurait été cédé pour éteindre une dette envers l’État algérien, sans procédure publique de condamnation spécifique en Espagne.
Les registres fonciers espagnols mentionnent que le bien passait au FNI « dette tenant lieu de paiement ».
Un symbole dans la lutte contre la corruption
Selon le président algérien Abdelmadjid Tebboune, cette reprise s’inscrit dans une vaste campagne de restitution des biens « mal acquis » à l’étranger aux mains d’anciens dirigeants ou oligarques liés aux réseaux de l’ère précédente. Il a déclaré que près de 30 milliards de dollars d’avoirs et de biens avaient été récupérés.
L’hôtel El Palace, de par sa valeur historique et prestigieuse, devient un signal fort dans cette politique de souveraineté économique.
Enjeux diplomatiques et économiques
- Sur le plan diplomatique, l’affaire intervient dans un contexte complexe entre l’Algérie et l’Espagne, notamment autour de questions de coopération judiciaire et de biens immobiliers détenus à l’étranger.
- Du point de vue économique, la reprise marque aussi la volonté de l’État algérien de récupérer des actifs stratégiques et de réduire les fuites de capitaux.
- Certaines interrogations restent néanmoins : malgré l’annonce, l’enregistrement définitif du transfert a connu des formalités « techniques » en Espagne.
À retenir
- L’hôtel El Palace à Barcelone a bel et bien changé de mains : de Ali Haddad à l’État algérien via le FNI.
- Le mécanisme utilisé est une dation en paiement, ce qui pose des questions quant à la transparence et aux modalités exactes.
- Cette opération symbolise les efforts de l’Algérie pour récupérer des biens étrangers acquis avec des fonds douteux, et s’inscrit dans un cadre plus global de lutte contre la corruption.
- Cependant, plusieurs zones d’ombre persistent : montant réel de l’acquisition, rôle exact des banques espagnoles, et suivi du transfert final.