
La ligne pro-Nupes n'est peut-être pas ou n'est plus majoritaire au PS? Olivier Faure, premier secrétaire sortant et fervent supporter de l'alliance de gauche, est en tête du vote des socialistes sur les textes d'orientation, mais il est fragilisé par son score qui n'est pas à la hauteur de ses espérances. Son challenger Nicolas Mayer-Rossignol peut encore l'emporter jeudi prochain.
(AFP) - Les socialistes devront départager les deux hommes lors d'un nouveau vote jeudi prochain, cette fois pour désigner formellement le Premier secrétaire, avant un congrès fin janvier à Marseille.
Olivier Faure, premier secrétaire sortant et fervent supporter de l’alliance de gauche, est en tête du vote des socialistes sur les textes d’orientation, avec 49,15% des voix. Mais son challenger Nicolas Mayer-Rossignol, arrivé deuxième avec 30,51% des voix, selon les résultats définitifs communiqués vendredi par le parti, espère encore l’emporter lors d’un second tour jeudi19 janvier. .
Les résultats officiels ont été tardifs: au vu de l'enjeu, la commission de recollement des résultats, réunie depuis la fin de matinée, devrait "passer la journée à compter et recompter" les résultats dans chaque fédération, estime un socialiste chevronné.
D'autant que chaque camp a relevé des irrégularités venant des fédérations et soutiens adverses.
Le maire de Rouen Nicolas Mayer-Rossignol martèle depuis jeudi soir que la direction sortante "n'est plus en capacité de gouverner le parti", car Olivier Faure n'a pas obtenu plus de 50 % des voix sur son texte.
A l’annonce des résultats vendredi soir, Olivier Faure a ainsi affirmé que les militants avaient «conforté la volonté de rassemblement de la gauche et des écologistes». Mais Nicolas Mayer-Rossignol, plus critique vis-à-vis de la Nupes, espère triompher jeudi en raflant les voix des électeurs d’Hélène Geoffroy, qui a exprimé une orientation similaire. Il n’a cessé de répéter que sa ligne était « la seule garante de l’unité », face à « un risque de scission » du parti si Olivier Faure gagne.
"Une page s'est tournée, la ligne pro-Nupes est battue", affirme Philippe Doucet, proche d'Hélène Geoffroy, qui a fait campagne contre Olivier Faure et l'alliance avec LFI.
Sans attendre les conclusions du vote, le porte-parole du gouvernement Olivier Véran a aussi estimé qu'Olivier Faure devrait "réinterroger l'appartenance du PS à la Nupes".
Lors du vote dans la section Paris-centre jeudi soir, les avis étaient partagés. Plusieurs adhérents avaient fait part à l'AFP de leur volonté de rester dans la Nupes. "Il faut défendre l'accord avec la gauche", disait ainsi Anne, 67 ans, encartée depuis 2002.
«Espoir permis»
Mais Pierre Schapira, ancien eurodéputé socialiste de 78 ans et "au parti depuis 50 ans", était venu lui, "sans enthousiasme", choisir "une motion assez critique" vis-à-vis de la stratégie d'Olivier Faure.
Surfant sur une "voie centrale" pendant la campagne, Nicolas Mayer-Rossignol soutient qu'il ne veut pas quitter la Nupes, mais qu'elle n'est qu'un "accord électoral passé perdant".
Il répète à l'envi que "l'espoir est permis", et que sa ligne est "la seule garante de l'unité", face à "un risque de scission" du parti si Olivier Faure gagne.
L'élu normand compte notamment sur les voix des électeurs d'Hélène Geoffroy. Des membres des deux courants n'avaient pas caché, avant le premier tour, une volonté de rapprochement.
Mais dans le camp du premier secrétaire sortant, on estime qu'une victoire de M. Mayer-Rossignol ne passe que par un report massif des voix d'Hélène Geoffroy. Or "dans une élection, 1 + 1 ça ne fait jamais deux", estime un député.
Pour le député Arthur Delaporte, "il faut trouver celui qui est le meilleur chef pour le parti, et on a la chance d'avoir un leader qui est identifié, Olivier Faure", face au maire de Rouen, inconnu du grand public, même s'il est soutenu par la maire de Paris Anne Hidalgo.
Reparti en campagne dès vendredi Nicolas Mayer-Rossignol réclame la tenue d'un nouveau débat télévisé pour se confronter à son adversaire.