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Ashkal, le film tunisien présenté à Cannes est étrange et troublant

Ashkal, un film à suspense explosif qui mêle enquête policière et éléments de science-fiction et de surnaturel, a été présenté à la Quinzaine des réalisateurs lors de la dernière édition du Festival de Cannes.

Tunisie, dans les jardins de Carthage, un quartier nouveau où les constructions modernes se juxtaposent aux chantiers abandonnés et aux friches vacantes, le corps d’un gardien est retrouvé calciné au milieu d’un chantier. Batal, un flic d’une cinquantaine d’années est chargé de l’enquête, il est assisté par sa jeune nièce, Fatma, une femme de trente ans. Les enquêteurs commencent par interroger les ouvriers des chantiers voisins mais sont loin d'imaginer ce qui les attend réellement dans cette affaire...

Youssef Chebbi, le réalisateur du film, est un jeune auteur né en Tunisie en 1984. Après des études d’art et de cinéma il réalise deux courts-métrages, Vers le Nord et Les Profondeurs tous deux sélectionnés au festival de Clermont Ferrand et diffusés 2011 sur France Télévision. Il co-réalise ensuite le long métrage documentaire Babylonqui raconte la vie et la mort d’un camp de réfugiés à la frontière tuniso-libyenne. Le film est récompensé par le grand prix de la compétition internationale au FID de Marseille et programmé au MoMA à New York.

Youssef est également musicien et producteur au sein du label Bookmaker Records. Il est le cofondateur du festival de musique Sailing Stones Festival, qui se déroule chaque année dans une différente région de la Tunisie.

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Le film se déroule dans les jardins de Carthage, au nord de Tunis, juste après le Printemps arabe. C'est dans ce décor inquiétant que Chebbi met en scène des meurtres mystérieux. La construction du site avait été interrompue après l'éviction du président tunisien, Zine el-Abidine ben Ali, face aux manifestations de colère. Quel meilleur cadre choisir pour installer une atmosphère poisseuse, dans une banlieue sinistre avec des immeubles à moitié finis?

Un horrible corps brûlé est retrouvé sur un chantier inachevé, amenant la police à se demander s'il s'agit d'un meurtre ou d'un suicide par immolation. Deux détectives, Fatma (Fatma Oussaifi) et Batal (Mohammed Houcine Grayaa), sont chargés de résoudre ce mystère, mais un autre corps brûlé est découvert avant qu'ils ne puissent en démêler l’écheveau. La chasse au tueur est lancée, mais il semble que l'agresseur ait toujours une longueur d'avance alors que l'atmosphère est de plus en plus tendue et qu'un sentiment de violence écoeurant s'infiltre dans le psychisme des personnages. En toile de fond, la Commission Vérité et Dignité cherche à lutter contre la corruption policière et à obtenir justice pour les victimes de torture d'État.

Le film se passant de nuit, le directeur de la photographie Hazem Berrabah a réussi à l’imprégner d’un écrasant sentiment de mélancolie. C'est dans cet esprit qu’Ashkal devient un peu étrange dans ce troisième acte, passant de la police scientifique au surnaturel. Là, il semble tâtonner et s'égarer, terminant sans explication plausible pour son étrange parcours hors normes. Cependant, le travail de caméra ainsi que l'éclairage de Berrabah recréent magnifiquement l'ambiance et le cadre mélancoliques, jouant entre ombre et pénombre de manière troublante. 

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