 
Le projet de loi de finances pour l’année 2026 s’inscrit dans une phase charnière du parcours économique et social du Maroc, marquée par une volonté royale ferme d’asseoir les fondements d’un État développeur, productif et socialement juste. Loin d’être un simple document budgétaire, ce projet reflète une vision intégrée qui vise à redéfinir le rôle de l’État dans la création de richesse et la promotion de l’équité territoriale, en plaçant l’investissement dans le capital humain au cœur de la stratégie nationale.
Conçu dans la continuité des orientations royales exprimées dans les discours du Trône et d’ouverture de la session parlementaire, le projet traduit une cohérence entre la vision stratégique de Sa Majesté le Roi Mohammed VI et les politiques publiques engagées. Malgré un contexte international instable, le Maroc parvient à préserver ses équilibres macroéconomiques : la croissance devrait atteindre 4,8 % en 2025, l’inflation se stabiliser autour de 1,1 %, et le déficit budgétaire devrait être contenu à 3,5 % du PIB. Ces indicateurs confirment la résilience du modèle économique marocain et la solidité de sa gouvernance financière.
Ce texte budgétaire se distingue par sa portée prospective : il traduit le passage d’une logique de gestion conjoncturelle à une logique de transformation structurelle. L’objectif n’est plus uniquement de préserver la stabilité financière, mais d’engager le pays dans une dynamique de production durable de richesse, capable de générer de l’emploi, de soutenir la compétitivité et de réduire les disparités territoriales. Dans cette optique, le projet met un accent particulier sur le renforcement du tissu des petites et moyennes entreprises, l’opérationnalisation du nouveau pacte d’investissement, la promotion du partenariat public-privé, et le développement d’une offre nationale dans le domaine des énergies vertes, notamment l’hydrogène vert, positionnant ainsi le Maroc comme un acteur émergent de la transition énergétique mondiale.
Sur le plan social, la décision historique d’augmenter de plus de 22 % le budget alloué aux secteurs de la santé et de l’éducation — pour atteindre 15,3 milliards de dollars — marque un tournant fondamental dans la philosophie de la dépense publique. Cette hausse, décidée en Conseil des ministres présidé par Sa Majesté le Roi, illustre une conviction royale profonde : celle que l’investissement dans l’humain constitue la clé de voûte du développement national. Au-delà de son ampleur financière, cette mesure symbolise un changement de paradigme : passer d’une logique de financement des services à une logique d’investissement social productif. Elle traduit une volonté claire de renforcer la qualité de l’enseignement public, d’améliorer les conditions du personnel médical, et d’assurer une couverture sanitaire universelle, tout en érigeant la formation et la connaissance en piliers du progrès collectif.
Cette orientation trouve un écho particulier dans un contexte où la jeunesse marocaine, notamment la génération numérique, exprime avec vigueur ses aspirations à une vie digne et à une justice sociale effective. En ce sens, la réponse budgétaire de l’État s’inscrit dans une démarche d’écoute et d’anticipation, confirmant que la réforme, au Maroc, procède d’une gouvernance apaisée et proactive, non d’une réaction impulsive aux tensions sociales. C’est une manière de réaffirmer la centralité du dialogue entre l’État et la société, et de consolider la confiance citoyenne dans la capacité du pays à répondre aux défis contemporains avec responsabilité et vision.
Ce renforcement budgétaire accompagne également la généralisation progressive de la protection sociale, considérée comme un chantier royal structurant. Plus de quatre millions de familles bénéficieront désormais d’un appui direct, tandis que les systèmes de retraite et d’indemnisation pour perte d’emploi seront élargis, incarnant une justice sociale fondée sur l’inclusion et la productivité plutôt que sur l’assistanat.
En profondeur, le Maroc passe d’un modèle de développement centré sur les infrastructures à un modèle axé sur la valorisation du capital humain. La santé et l’éducation ne sont plus des secteurs périphériques, mais des leviers stratégiques pour l’économie nationale. Ce choix s’inscrit dans la perspective d’un pays qui se prépare à accueillir la Coupe du Monde 2030, non pas comme une simple vitrine sportive, mais comme une opportunité de démontrer la réussite d’un modèle de développement équilibré entre la modernisation matérielle et la justice sociale.
Ainsi, la loi de finances 2026 ne se réduit pas à un instrument de gestion budgétaire : elle se présente comme un manifeste politique et économique pour un Maroc nouveau, plus solidaire, plus productif et résolument tourné vers l’avenir. Elle consacre le passage d’une économie de gestion à une économie de projet, où chaque dirham dépensé devient un investissement dans la dignité, la connaissance et la cohésion nationale.
Lahoucine Bekkar Sbaai 
Analyste politique et expert stratégique.
Rabat-Salé-Kénitra