
Pas d’école ce lundi 12 novembre pour des milliers d’élèves au Maroc. Dans différentes villes du royaume, les collégiens et lycéens de plusieurs écoles ont poursuivi leurs manifestations, démarrées le 7 novembre dernier pour dénoncer le maintien à GMT+1. Devant les écoles ou dans les places publiques, les élèves se sont passé le mot pour sortir protester sans l’encadrement apparent d’une association ou d’une structure. À Casablanca, les élèves ont investit la Place des Nations Unies au lieu d’aller en cours. Dans la capitale, c’est devant le parlement qu’ils ont choisi de faire entendre leurs voix.
Ils sont venus de Rabat, Salé, Kénitra, et régions pour se joindre à ce mouvement d’élèves se déroulant sous l’oeil attentif d’une trentaine d’éléments des forces auxiliaires et policiers en uniformes et en civil. Malgré une mauvaise organisation, la manifestation de Rabat n’a, jusque-là, pas conduit à des actes de violence qui pourraient nécessiter l’intervention des autorités. La route était cependant bloquée ce matin sur l’Avenue Mohammed V au niveau du parlement, et la circulation du tram a été perturbé engendrant des retards.
“Je suis venue d’une zone rurale près de Rabat jusqu’ici, à pied, pour manifester devant le parlement. Cette heure ne me convient pas parce que j’ai un trajet de 45 minutes à faire pour aller à l’école chaque jour”, déclare au HuffPost Maroc un collégien venueprendre part à la manifestation devant le parlement.
“La génération 2000 est consciente aujourd’hui de ses droits et veut que cette heure change. Quand je pars le matin, il fait encore sombre, et quand je rentre, il commence déjà à faire nuit. J’ai plus de 30 minutes de route à faire à pied pour me rendre seule à l’école puisque ma mère est femme de ménage et part très tôt le matin travailler et ne peut donc pas m’accompagner. Avec cette heure, on prendra toujours le risque de se faire agresser ou voler”, explique au HuffPost Maroc, Hasna, élève en deuxième année du baccalauréat au lycée Ennahda de Salé.
Bouchra, une de ses camarades, semble du même avis: “Les gens pensent que nous manifestons juste parce que nous ne voulons pas étudier. Si ce changement d’heure n’était pas aussi important pour moi, je n’aurais pas choisi de venir de Salé jusqu’ici pour manifester au lieu d’aller en cours, surtout pendant cette année où je dois passer l’examen régional”, assure la lycéenne.
“Mon père ne peut pas me donner 10 dirhams chaque jour pour le transport pour assurer ma sécurité en allant à l’école… C’est beaucoup pour une dépense journalière additionnelle”, regrette une lycéenne de Rabat.
Trop tôt, trop tard
Pour les élèves, le problème réside davantage dans l’heure d’été en hiver que dans le changement d’horaire des classes annoncé, le 9 novembre, par le ministère de l’éducation nationale. Dans la majorité des collèges et lycées du royaume, les élèves devront désormais entamer les cours à 8h30 pour finir à 12h30 et les reprendre ensuite de 14h30 à 18h30. Pour les écoles de primaire, le département de Saïd Amzazi avait appelé les Académies régionales de l’éducation et de la formation (AREF) à adapter les horaires selon les régions.
Cependant, sur place, beaucoup d’élèves ne semblent pas êtres informés des nouveaux horaires annoncés par le ministre et revendiquaient encore, lors des manifestations, deux heures de pause déjeuner. Le ministère de l’éducation avait en effet d’abord annoncé le 27 octobre dans un communiqué, un horaire de 9h à 13h le matin et ensuite de 14h à 18h l’après-midi, ne permettant aux élèves de bénéficier que d’une seule heure de pause, avant de rectifier le tir. Après concertation avec les acteurs concernés, notamment les associations de parents d’élèves, le ministère avait ainsi rectifié par la suite ces horaires en maintenant deux heures de pause déjeuner.
D’après leurs déclarations au HuffPost Maroc, quelques élèves manifestants entendent poursuivre ces démonstrations pendant 15 jours, d’autres se disent prêts à manifester jusqu’à rétablissement de l’horaire GMT. La Fédération nationale des associations des parents d’élèves au Maroc (FNAPEM) avait assuré au HuffPost Maroc que les manifestations n’avaient pas lieu d’être puisque le véritable problème, qui résidait dans la pause déjeuner insuffisante d’une heure, est aujourd’hui réglé.
Le ministère avait réagi le lendemain du premier jour de manifestations en affirmant que ces mouvements ne concernaient que quelques “cas isolés” et que les élèves avaient fini par être dispersés après l’intervention des équipes pédagogiques de la plupart des établissements.
Deux semaines après l’annonce de l’adoption du GMT+1, le ministère de la Réforme de l’administration et de la Fonction publique avait publié le résumé de l’étude concernant le changement d’heure légale au Maroc. L’étude explique que ce recours à GMT+1 intervient pour supprimer les quatre changements d’heures pendant l’année appliqués au Maroc depuis 2013, qui causerait selon le cabinet d’audit PricewaterhouseCoopers, à qui l’étude a été confiée, une perturbation de l’horloge biologique, des troubles de sommeil ou encore une perte de concentration au cours des premiers jours de chaque changement d’heure.
Source : huffpostmaghreb.com