
La presse marocaine et les réseaux sociaux s'émeuvent et s'indignent des conditions du décès d'un jeune marocain aux Philippines après qu'il ait demandé une aide de son pays.
Travaillant aux Emirats arabes unis mais arrivé aux Philippines en novembre 2019 pour des raisons familiales, son épouse étant ressortissante philippine, Younes Zabdi est décédé dans la nuit de mercredi à jeudi. Il y a quelques semaines, il est apparu dans une vidéo affirmant que son état de santé se détériorait à cause de son asthme, et que ses ressources financières pour s’approvisionner en nouveaux lots de Ventoline sont toutes épuisées.
D'après Yabiladi, crise sanitaire oblige, le ressortissant «sera inhumé sur place», mais sans l’aide financière prévue pour l’inhumation des Marocains dans le besoin, selon l’ambassade du Maroc aux Philippines. «C’était un résident et il est mort d’autre chose que le covid-19, ça n’a strictement rien à voir», a déclaré à Yabiladi l’ambassadeur du royaume dans le pays, Mohamed Rida El Fassi. «Il résidait entre les Emirats et les Philippines; d’ailleurs il a une femme et deux enfants ici. Il avait une maladie chronique et il en est mort», complète le responsable, affirmant ainsi que l’enterrement n’entrait pas dans le cadre du soutien de la représentation.
Dans la dernière vidéo documentant ses conditions de vie, Younes a indiqué que cela faisait trois mois qu’il ne pouvait plus payer le loyer d’une chambre qu’il occupait temporairement, après s’être retrouvé bloqué pendant qu’il attendait les actes de naissance de ses enfants, pour préparer leurs passeports et envisager ainsi un regroupement familial aux Emirats arabes unis. «J’aurais pu travailler n’importe où ici, pour ne pas demander de l’argent aux gens, en ces temps qui sont difficiles pour tout le monde, mais je ne maîtrise malheureusement pas la langue», affirmait-il.
Les réseaux sociaux s'enflamment
L'annonce de ce décès a ému bon nombre de Marocains qui se sont indignés sur les réseaux sociaux. On pouvait y lire les commentaires suivants :
Etes-vous sourds. êtes-vous aveugles, seriez-vous à ce point devenus dépourvus d’humanité singulière. Aucune excuse, messieurs, de grâce, épargnez-vous une disgrâce. Un mort pour rien, par défaut d’agir appropriée, de diligence qui sied à la détresse de la circonstance. La vie d’un concitoyen résident à l’étranger n’a pas de prix sachez-le, vôtre raison d’être en dépend.
Vous auriez dû messieurs, mieux fait de vous taire, par pure décence comme par respect à l’âme du défunt qui reste de votre sang, puis qu’on a laissé dépérir, souffrir et hélas mourrir.
Songez tous, qu’une réelle prise en charge aurait du être initiée, face aux multiples alertes que ce jeune frère avait lancées.
Des voix se sont élevées de partout dans le macrocosme MRE, lui, somme toute clairvoyant, bien plus bienveillant, et davantage prompt à agir par charité humaine, pour dire qu’iI y eut ignorance réelle des appels au secours et négligence de l’action qui devait être entreprise par nos représentants sur place, tant ça les arrange au niveau de nos missions d’externaliser la tâche en la délégant en pareils cas à la gestion fiduciaire et monétaire de la communauté marocaine plus compassionnelle.
Puis, reconnaissez une part de responsabilité, gens de nos missions à l’étranger pour qui la vie de vos concitoyens pour lesquels vous avez été commissionnés à servir sur serment, ne coûte pas grand chose à vos yeux et dans vos coeurs décharnés. Et qu’elle est la faute de ces deux bambins qui ont vu leur père partir si tôt, si tragiquement.
Admettez votre forfaiture et l’indigence de vos jugements, au lieu de fuire en avant, d’écrire vainement.
La honte vous rattrapera, vous n’y échapperez guère. La puissance divine vous jugera à juste raison, telle sera vôtre récompense. Car il y eut mort d’homme prématurée, par impitoyable négligence comme par révoltante souffrance.
Une mise au point officielle du ministère des Affaires étrangères
Une source du ministère des Affaires étrangères, de la Coopération africaine et des MRE a révélé de nouvelles données sur le décès aux Philippines du jeune Marocain de 29 ans, Younès Zbadi.
Ces nouvelles informations et cette mise au point du MAE ne concernent pas le décès avéré de notre compatriote, des suites d’une crise respiratoire fatale. Elles pointent plutôt les allégations selon lesquelles, de son vivant, l’ambassade du Royaume à Manille l’aurait abandonné à son sort et n’a pas répondu à ses demandes d’assistance et de soutien.
C’est ainsi que ladite source a déclaré à Le Site Info que les infos précitées, concernant la soit-disant sourde oreille de l’ambassade aux doléances du défunt, sont dénuées de tout fondement.
Tout au contraire, a précisé la source citée par lesiteinfo.com, l’ambassade du Maroc aux Philippines n’a cessé de rester en contact avec Younès Zbadi. Celui-ci a également bénéficié d’une aide pécuniaire de 200 dollars, destinée à l’achat de médicaments nécessaires à son état de santé et à ses besoins les plus urgents. Et une copie du document prouvant bel et bien la véracité de ce soutien financier a même été remise à notre site. Preuve irréfutable que l’ambassade n’a point failli à son devoir solidaire envers le défunt.
La même source a expliqué que Younès Zbadi résidait aux Philippines avec son épouse, de nationalité philippine, chez la famille de celle-ci, en compagnie de leurs deux enfants, et non point dans un logement loué et dont la propriétaire le menaçait de le jeter dans la rue pour loyers impayés. Et de préciser que le jeune homme, travaillant aux Emirats Arabes Unis se déplaçait régulièrement entre les deux pays pour revoir les siens.
De même qu’après son décès, l’ambassade du Royaume à Manille est restée en contact avec sa veuve et mère de ses enfants, à qui l’on on a fait savoir toutes les formalités administratives et tous les frais inhérents aux obsèques de son défunt mari marocain seront à la charge de l’ambassade en question.