
Moscou a dénoncé vendredi la décision du président américain sortant Donald Trump de reconnaître la souveraineté de Rabat sur le Sahara occidental, en contrepartie d’une normalisation des relations du Maroc avec Israël.
(AFP) - Donald Trump a fait son annonce surprise en deux tweets jeudi, le premier qualifiant d’«avancée historique» les «pleines relations diplomatiques» entre le Maroc et Israël, le second annonçant qu’il reconnaissait la souveraineté du royaume sur le territoire désertique disputé.
La presse marocaine a unanimement salué comme une «victoire» la reconnaissance de la «marocanité du Sahara», expression consacrée pour l’ex-colonie espagnole que les Marocains et les indépendantistes du Front Polisario soutenus par l’Algérie se disputent depuis des décennies.
«Ce que les Américains ont fait ici, c’est une décision unilatérale qui sort complètement du cadre du droit international», a dénoncé de son côté le vice-ministre russe des Affaires étrangères, Mikhaïl Bogdanov.
La direction du Polisario a estimé vendredi que la décision américaine était «nulle et non avenue» en se disant prête à poursuivre le combat «jusqu’au retrait des troupes marocaines d’occupation».
Paris salue
L’Algérie voisine, grande rivale régionale du Maroc et historiquement proche de la Russie, n’a pas encore officiellement réagi.
Pour le Maroc, allié traditionnel des États-Unis, «la reconnaissance de la marocanité du Sahara» est «une percée diplomatique historique», comme l’a dit jeudi à l’AFP le ministre marocain des Affaires étrangères Nasser Bourita.
Israël a salué un «accord historique» mais le mouvement islamiste Hamas, au pouvoir dans la bande de Gaza, a dénoncé «un péché politique qui ne sert pas la cause palestinienne».
L’ONU a pour sa part affirmé que sa position sur le Sahara occidental restait «inchangée». L’organisation plaide depuis des années, sans grand résultat, pour une solution politique négociée concernant le statut de ce «territoire non-autonome» hérité du passé colonial du continent africain. Des négociations sous son égide sont au point mort depuis le printemps 2019.
La France, qui a salué la «reprise des relations diplomatiques» israélo-marocaines, s’est montrée fidèle à ses positions pro-Rabat en répétant considérer «le plan d’autonomie marocain comme une base de discussions sérieuse et crédible» pour la solution négociée sous l’égide des Nations unies.
Le chef de la diplomatie américaine Mike Pompeo a d’ailleurs assuré que, malgré l’annonce tonitruante de Donald Trump, Washington plaidait toujours pour un tel dialogue.
«Les États-Unis continuent de penser que seules des négociations politiques peuvent résoudre les désaccords entre le Maroc et le Polisario», a-t-il dit dans un communiqué, défendant aussi le plan d’autonomie marocain comme base des discussions.