
Maglor - Après l’Irlande, les Pays-Bas et l’Espagne, c’est au tour du Luxembourg d’annoncer la suppression de son dispositif de « visas dorés », officiellement appelés titres de séjour pour investisseurs. La décision a été confirmée en septembre 2025 par le gouvernement de coalition formé par le CSV (Parti chrétien-social) et le DP (Parti démocratique). Un projet de loi doit prochainement être transmis au Parlement afin d’entériner cette mesure.
Un dispositif encadré mais peu utilisé
Introduit en 2017, le régime luxembourgeois offrait plusieurs options aux investisseurs étrangers :
- 500 000 euros minimum dans une entreprise établie au Luxembourg,
- 3 millions d’euros dans un fonds d’investissement agréé,
- ou 20 millions d’euros déposés auprès d’un établissement bancaire du pays.
Contrairement à d’autres États européens, le Luxembourg avait explicitement exclu l’immobilier de ce dispositif et imposait une présence d’au moins six mois par an sur le territoire. Malgré ces conditions, le programme a rencontré un succès limité : entre 2017 et 2024, seules quinze demandes ont été enregistrées, dont plusieurs ont été rejetées ces deux dernières années.
Pressions européennes et risques de dérives
La Commission européenne avait, à plusieurs reprises, exprimé son inquiétude face aux visas dorés, dénonçant des risques accrus de blanchiment d’argent, de fraudes fiscales et de problèmes de sécurité. Les suppressions successives observées en Irlande (2023), aux Pays-Bas (2024) et en Espagne (2024) traduisent une tendance européenne à aligner les politiques migratoires sur ces recommandations.
Quelles conséquences pour les détenteurs actuels ?
Si le Luxembourg cesse désormais d’accepter de nouvelles demandes, les détenteurs actuels de titres de séjour pour investisseurs conservent leurs droits. Les conditions de renouvellement et les éventuelles mesures transitoires doivent encore être précisées dans le projet de loi.
Dans d’autres pays, des dispositifs similaires de maintien avaient été mis en place pour les investisseurs déjà installés, tout en bloquant toute nouvelle candidature.
Un tournant européen
La suppression progressive des visas dorés dans plusieurs États membres de l’espace Schengen illustre un mouvement coordonné à l’échelle européenne. Les rares programmes encore en vigueur sont désormais placés sous une surveillance accrue.
Ce tournant marque la fin d’une ère où le droit de résidence pouvait s’acheter par de simples investissements financiers, et ouvre le débat sur de nouvelles formes d’attractivité pour les économies européennes.