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Union Africaine : Les manoeuvres de l'Algérie contre le Maroc tournent court

En l’absence du Maroc, le président algérien s'est fait l'avocat du Polisario lors de la réunion du Conseil de paix et de sécurité de l'Union africaine. Le président Tebboune et l’Algérien Smaïl Chergui ont joué leur va-tout contre le Maroc. D'après la presse marocaine, ils ont perdu d'une façon humiliante. Explications.

Sans surprise, le président algérien a consacré l'essentiel de son intervention à la question du Sahara pccidental, lors de la réunion du Conseil de paix et de sécurité (CPS) de ce mardi 9 mars au niveau des chefs d’Etats. Dès le début de son allocution, Abdelmadjid Tebboune a rappelé à ses pairs que «l'Afrique qui a vaincu l'occupation européenne par sa lutte politique et armée parfois, et qui est venue à bout de l'Apartheid, se doit aujourd'hui d'en finir avec le dernier foyer colonial».

Il a constaté «l'échec du cessez-le-feu suite à la violation d'un accord en vigueur depuis 1991 et l'escalade dangereuse que connait le conflit au Sahara occidental n'est que la résultante de décennies de politique de blocage et de ralentissement systématiques des plans de règlement, de contournement du processus de négociations et de tentatives récurrentes d'imposer le fait accompli dans le territoire d'un Etat membre fondateur de l'UA».

Sur la même longueur d’onde, Brahim Ghali a réitéré ses appels à l’Union africaine afin d'«assumer sa responsabilité et son devoir face à cette question africaine (…) L’UA n'est pas seulement un partenaire des Nations unies dans le processus de paix, mais plutôt un organe qui a travaillé pendant de nombreuses années».

Mais le président algérien dans son rôle d'avocat du Polisario s'est retrouvé quelque peu isolé.

D'après le360.ma, ce qui devait être une tribune contre le Maroc s’est finalement transformé en cuisant échec pour l’Algérie. Il convient de rappeler que le Kenya préside ce mois-ci le CPS et que le président sud-africain est acquis aux thèses d’Alger. Tebboune a donc voulu peser de tout son poids sur le déroulement de cette réunion qu’il espérait aboutir sur un communiqué avec des éléments de langage hostiles au Maroc.

Le Royaume du Maroc a décidé de ne pas participer à cette réunion qui cristallise les anciennes méthodes, en fin de vie, où les manœuvres et les agendas empêchaient l’institution africaine de faire face aux vrais enjeux du continent. Le360 a ainsi appris que le ministre marocain des Affaires étrangères, Nasser Bourita, a adressé une lettre à son homologue kenyan pour lui présenter les arguments qui ont poussé le Maroc à ne pas prendre part à cette réunion, qualifiée par un diplomate de «mascarade».

L'échec des manoeuvres algériennes

Le Maroc n’est pas l’unique pays africain à être lassé par les manœuvres d’Alger et de son homme de main à l'UA, Smaïl Chergui. En effet, seulement quatre chefs d’Etat sur quinze ont pris part à cette réunion. Il y avait évidemment le président Tebboune, le président d’Afrique du Sud, le président du Kenya et le président du Mozambique. Les onze autre chefs d’Etats et de gouvernements, qui composent le CPS, n’ont pas pris part à cette réunion. Ce qui est une première dans les annales d’un sommet de l’UA.

Des pays ont même été irrités par le timing de cette réunion. Il faut savoir que le dernier jour de Smaïl Chergui à l’UA, en tant que commissaire, est le vendredi 12 mars. Comment se fait-il qu’une réunion, supposée rassembler des chefs d’Etats, puisse se dérouler dans le temps mort d’un commissaire qui a déjà fait ses cartons et ne pas attendre le prochain commissaire élu à la tête du CPS, le Nigérian Bankole Adeoye, qui commence ses fonctions le lundi 15 mars?

ce qui devait constituer un coup dur pour le Maroc a tourné au désaveu et au camouflet pour Chergui et son président, témoin d'une humiliation inédite. Le commissaire algérien a été sévèrement recadré par le président de la Commission de l’Union Africaine, Moussa Faki Mahamat. 

Le360 a appris que Faki a reproché, au cours de cette réunion, à Chergui de travailler sans le consulter, allant jusqu'à violer le règlement intérieur de l'UA. Avec des termes sans équivoques, le président de la commission africaine s'est insurgé contre les méthodes de Chergui. Il lui a rappelé que l'ordre du jour d'une réunion devrait être soumis au président de la Commission qui est le seul habilité à le valider. Faki a affirmé que Chergui a établi l'ordre du jour de la réunion sans en référer au président de la Commission de l'UA. Ce qui constitue une «violation des règles et des procédures».

Moussa Faki Mahamat a même dit: «il faut que cette manoeuvre de Chergui s'arrête!». Et d'ajouter: «ce n'est pas loyal! Ce n'est pas légal!». Le triomphe auquel était supposé assister le président Abdelmadjid Tebboune a finalement tourné à la dénonciation des méthodes de voyou, indignes d'un diplomate, de son concitoyen, Smaïl Chergui.

En même temps que Tebboune assistait au recadrage sévère de son concitoyen, des centaines de milliers d’étudiants et de citoyens algériens marchaient à Alger, en criant: «Tebboune l’usurpateur a été placé par les militaires!». C’en était certainement trop pour ses oreilles.

Du reste, les conclusions sont allées dans le sens de la décision 693 du sommet de l’UA à Nouakchott, qui confirme l’exclusivité du Conseil de sécurité, comme cadre de discussion du conflit du Sahara.

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