
Pour lutter contre le harcèlement sexuel dans les transports en commun, le maire de Rabat veut mettre en place des bus réservées aux femmes. Et peints en rose ... bien sûr. Une idée qui séduit à prime abord, mais qui ne fait pas l'unanimité.
«Faire reculer les cas de violences et de harcèlement dont les femmes sont victimes.» Cette explication a été déroulée le 21 décembre à l’occasion de la clôture de la 15e campagne nationale contre les violences faites aux femmes par le maire affilié au Parti de la justice et du développement islamiste (PJD) de Rabat, Mohamed Sadiki. Ce dernier justifiait son souhait de mettre en place dans sa ville des bus roses exclusivement réservés aux femmes.
«Je ne dis pas que la mise en service de ce genre de bus aura lieu dans un futur proche. Mais dès lors qu’on aura réglé la problématique du transport en commun à Rabat, nous nous pencherons sur cette initiative», a-t-il confié à l'hebdomadaire marocain Tel Quel. Un projet qu'il estime nécessaire pour «protéger la gent féminine des agressions, notamment durant les heures de pointe».
Le Maroc a été traumatisé l’été dernier par une agression sexuelle collective dans un bus de Casablanca, la capitale économique. La vidéo, mise en ligne le 20 août 2017, est insoutenable. Une jeune fille, souffrant d’une déficience mentale, a été agressée sexuellement par une bande d’adolescents surexcités et hilares sans qu’aucun passager n’intervienne. La police marocaine a arrêté les auteurs, dont l’adolescent qui filmait la scène. La vidéo a relancé une nouvelle fois la question du harcèlement sexuel au Maroc.
L’initiative est diversement appréciée. «Le maire de Rabat qui soutient par ailleurs que "la violence contre les femmes est étrangère à la culture marocaine" croit savoir qu’en isolant les femmes dans un bus "rose", on en finira définitivement avec la violence à l’encontre des femmes. Belle illusion démentie par la réalité et les faits», dénonce le site Femmes du Maroc.
«Repeindre en rose la carlingue d’un bus en espérant sanctuariser les 30 minutes journalières d’une femme, ne sera qu’une goutte d’eau dans l’enfer qu’elles vivent. Surtout quand tout proche de nous, l’expérience égyptienne qui nous a précédés (2007), connaît des résultats mitigés», tranche le directeur de Yabiladi.
Les critiques ne se limitent pas seulement à la presse marocaine. Sur Twitter aussi, la question divise les internautes. De nombreux utilisateurs évoquent surtout la vétusté des transports en commun au Maroc et les retards à répétition, obligeant parfois une forte proximité entre les usagers. C'est le cas de Meriamk, qui déplore l'absence de caméras de surveillance et des bus trop souvent surchargés, «qui mettent les femmes à la merci des frotteurs».