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Pâques, Ramadan et Pessah... les fêtes perturbées par le confinement

Le confinement perturbe la pratique des cultes. Comment prier, célébrer ou partager en ces temps troublés ? Quid de Pâques ? Du Ramadan... ou de Pessah ? 

La vie, le mouvement, les déplacements : tout semble s'arrêter, les habitudes sont bouleversées, notre quotidien est transformé... Toutefois, confinement oblige, la pratique religieuse est, elle aussi, chamboulée.

Alors que les trois religions monothéistes célébreront des fêtes en avril, Emmanuel Macron a averti les Français, à l'occasion d'une audioconférence avec "les autorités morales et religieuses", le 23 mars.

Cette année, les fêtes religieuses devront être commémorées sans rassemblement. Pour rappel, la semaine de Pâques a lieu du 6 au 12 avril pour les Chrétiens. Dans quelques semaines, les Musulmans débuteront le mois de Ramadan, prévu cette année dès le 24 avril, tandis que les Juifs fêteront Pessah du 9 au 16 avril. 

Pour sa part, le Conseil Français du Culte Musulman (CFCM) a diffusé un message aux Musulmans de France où il explique sa position. Nous le reproduisons ci-dessous.

Message du CFCM aux musulmans de France
Préparons-nous à vivre autrement le mois béni de Ramadan 1441

Le mois de Chaabane (8eme mois lunaire), qui selon la tradition est le mois du prophète Muhammad Paix et Bénédiction sur Lui, a débuté dans certains pays le 25 mars 2020 et pour la
majorité des musulmans le 26 mars 2020.

A cette occasion, le CFCM tient à exprimer à ensemble des musulmans de France ses vœux les plus chers et élève des prières pour que notre pays et nos concitoyens puissent y trouver santé, paix et prospérité.
Le mois de Ramadan (9eme mois lunaire) de cette année 1441 de l’hégire débutera très probablement le 24 avril 2020, puisque la nouvelle lune du mois de ramadan sera en principe visible le 23 avril 2020 sur une grande partie du continent africain et tout le continent américain.
La conjonction (naissance de la nouvelle lune) aura lieu le 23 avril à 4h26’ heure de Paris. A noter qu’entre la conjonction et la possibilité que la Lune soit visible, il pourrait s’écouler plusieurs heures.

D’après les autorités sanitaires de notre pays, le confinement lié à la crise de (COVID19) risque de se prolonger pendant plusieurs semaines, donc au delà du début du mois du Ramadan.
L’interdiction de tout rassemblement physique de personnes ainsi que la fermeture des lieux de culte pendant toute cette période de confinement entraineraient très probablement la suspension de
nombreuses activités du mois de Ramadan dans leurs formats habituels.

Dans cette note nous essayons de faire le point sur ces activités et leurs éventuelles alternatives.

1. Prières journalières dans les mosquées.
S’appuyant sur les prévisions rappelées plus haut, et le principe fondamental de la préservation de
la vie «...et celui qui sauve une vie humaine c’est comme s’il a sauvé toute l’humanité »
(Coran 5 : 32), le CFCM appelle les responsables musulmans à maintenir les mosquées fermées
et incite les fidèles à accomplir leurs prières journalières chez-eux, jusqu’à nouvel ordre. C’est la
seule attitude responsable et conforme aux principes et aux valeurs de notre religion dans ce
contexte d’épidémie.
 

2. La pratique du jeûne.
La pratique du jeûne dépend intrinsèquement et individuellement de chacun là où il se trouve.
Cette pratique n’est donc pas affectée directement par le contexte actuel : celles et ceux qui
remplissent les conditions du jeûne et sont en mesure de l’observer, l’observeront comme
d’habitude. Celles et ceux qui ont une dérogation reconnue, comme la maladie, la vieillesse, la
grossesse, l’allaitement ou le voyage, en seront exemptés suivant la réalité de leur situation.

Certains malades l’accompliront dans une autre période de l’année. D’autres atteints de maladies
chroniques (incurables) lui substitueront une aumône, consistant à offrir un repas (ou la valeur
monétaire du repas) à un pauvre pour chaque jour non jeûné. La valeur moyenne du repas se
calcule en fonction du niveau de vie habituel de celui qui l’offre. Cette dernière disposition est
aussi valable pour les personnes âgées qui ne peuvent supporter le jeûne qu’avec une très grande
gêne. Dans tous ces cas, il convient de prendre conseil auprès de son médecin traitant et suivre
l’avis d’une autorité religieuse compétente. Il va sans dire que toutes ces situations sont
indépendantes du fait que les mosquées soient ouvertes ou fermées.

3. Les prières de Tarawih.
Les écoles juridiques musulmanes considèrent les prières de Tarawih comme fortement
recommandées (Sunnah muakadah) et non obligatoires. Pour l’école malékite, il s’agit d’une
recommandation forte pour la collectivité et non pour les individus. En d’autres termes,
accomplir Tarawih chez-soi (même lorsque les mosquées sont ouvertes) pourrait être
souhaitable pour certains si cela ne conduit pas à l’absence de leur célébration collective dans
les mosquées.
Par ailleurs, il n’est pas nécessaire de réciter le coran dans son intégralité durant les prières de
Tarawih. Ces dernières pourraient se faire avec la première sourate du Coran « Alfatiha » et
une autre sourate que le fidèle répète dans tous les cycles (rakaates) de ces prières et pendant
tout le mois s’il ne mémorise pas d’autres sourates ou versets. C’est cet avis que rappelle
Cheikh Khalil, référence notable de l’école malékite dans son recueil « Mukhtassar Khalil ».
C’est dire qu’il est possible à chacun et à chacune d’accomplir chez-soi en toute sécurité et en
toute sérénité la prière de Tarawih.
Dans ce cas, il est recommandé aux familles d’accomplir, en groupe, les prières journalières
obligatoires ainsi que le Tarawih. Ce qui leur permettra de profiter pleinement des mérites de la
prière en groupe, d’accompagner au mieux leurs enfants dans leur vie spirituelle et leur
transmettre, par la même occasion, les valeurs authentiques de notre religion.
Certains diront, à juste titre, puisqu’en ce temps d’épidémie les prières journalières obligatoires ne
s’accomplissent pas dans les mosquées, pour celles qui ne sont que recommandées ou fortement
recommandées comme les prières de Tarawih, la question ne doit même pas se poser.

4. Acceptons dans la paix et la sérénité les conditions de confinement.
Quelle que soit la durée du confinement en vigueur, nous devrons nous hisser individuellement
et collectivement à la hauteur du défi qu’il nous impose. Nous devrons bâtir ensemble des
solutions alternatives qui nous permettront de vivre, dans la joie et l’espérance, ces moments
importants de notre calendrier spirituel. Les initiatives consistant à transmettre à l’heure de la
prière de vendredi des interventions et des messages des imams, même si elles ne se substituent
pas aux prêches rituels, permettent aux fidèles de garder le lien avec leurs mosquées et leurs
imams en ces temps de confinement et d'isolement.
Le CFCM met tous les moyens dont il dispose pour que son site officiel www.cfcm-officiel.fr
et sa chaîne YouTube cfcm-officiel-tv soient des lieux de ressourcement et appelle toutes les
forces vives de notre communauté à y contribuer par des interventions orales ou écrites, des
récitations du coran, des invocations et tout ce qui peut être une alternative à la rencontre
physique dans les mosquées.

5. Les moments de partage : repas de rupture de jeune.
Par le passé, de nombreuses mosquées et associations caritatives organisaient des repas de rupture
du jeûne (Iftars) et les partageaient avec les plus démunis et avec nos amis de toutes confessions.
Il est fort probable que ces repas ne puissent avoir lieu cette année dans leurs formats habituels.
De nombreuses idées alternatives sont d’ores et déjà en cours d’élaboration pour que l’esprit de
partage de ce mois béni perdure malgré les difficultés. Des distributions de repas répondant aux
restrictions en vigueur pourront faire l’objet d’une concertation avec les autorités locales de notre
pays et faire appel à l’entraide entre les différents acteurs associatifs.

6. Mois de Chaabane : Mois du Prophète Muhammad Paix et Bénédiction sur Lui (PBSL).
En ce début du mois de Chaabane, le mois du prophète Muhammad (PBSL), nous appelons les
musulmans de France à y observer la tradition prophétique en multipliant les prières et le jeûne
surérogatoires ainsi que les invocations. Nous devons aussi faire preuve d’une grande solidarité
avec celles et ceux qui sont en difficultés.
Faisons de ce mois un moment de recueillement intense et sincère afin que le Très Miséricordieux
protège toute l’humanité des effets de cette pandémie par la bénédiction de Son Messager et Bien
aimé, Sidna Muhammad Paix et bénédiction sur Lui.
7. Une pensée particulière pour ceux qui se sacrifient pour nous.
Ayons dans nos prières et nos invocations tout au long de ce mois béni de Chaabane et pendant le
mois de Ramadan une pensée particulière pour le personnel de santé et les forces de sécurité qui se
trouvent aujourd’hui en premières lignes et font d’énormes sacrifices pour protéger la population.
Notre devoir envers eux, c’est de rester chez-nous, de ne pas entraver leur mission et de prier
intensément pour leur protection et et celle de leurs proches.

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