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Les Émirats détrônent la France : nouveau visage de l’investissement étranger au Maroc

Roi Mohamed VI - Mohamed Ben Zayed Al Nahyane

Maglor - Le Maroc connaît en 2024 un tournant décisif dans la carte de ses investissements étrangers directs (IDE). Pour la première fois depuis de longues années, la France perd sa place de premier investisseur étranger au profit des Émirats arabes unis, selon les chiffres du rapport annuel de l’Office des changes sur le « Balance des paiements et la situation extérieure globale du Maroc ».

Les Émirats en tête

Avec une part de 18,9 % des flux nets d’IDE, soit 3,1 milliards de dirhams (+57,8 % par rapport à 2023), les Émirats arabes unis confirment la solidité des relations économiques et politiques qui les lient au Royaume. Cette progression nette de plus d’un milliard de dirhams en un an illustre la confiance accordée à la stabilité du Maroc et à ses perspectives de développement.

L’Allemagne et la Chine progressent

Derrière ce bond émirati, la hiérarchie des investisseurs étrangers évolue :

  • L’Allemagne grimpe au deuxième rang avec 2,1 milliards de dirhams en 2024, contre 1,4 milliard un an plus tôt.
  • La Chine suit de près avec 2,05 milliards de dirhams.
  • En revanche, la France recule fortement, enregistrant une baisse de plus de 8 milliards de dirhams entre 2023 et 2024.

Au total, les flux nets d’investissements étrangers directs au Maroc ont atteint près de 16,3 milliards de dirhams, soit un excédent amélioré de 5,6 milliards en un an.

Les secteurs phares : immobilier et industrie

L’analyse sectorielle révèle deux pôles majeurs d’attraction des capitaux étrangers :

  • L’immobilier, qui capte 45,4 % des IDE.
  • Les industries manufacturières, qui attirent 45,2 %.

Selon des économistes, ce double ancrage illustre à la fois l’importance des infrastructures pour le développement du pays et le rôle stratégique des industries de transformation pour créer de la valeur ajoutée et soutenir l’emploi.

Une attractivité à confirmer

Pour Abdelrazak El Hiri, directeur de recherche en économie à Fès, cette percée émiratie traduit « la profondeur de la coopération stratégique entre Rabat et Abou Dhabi », tout en consolidant « l’image du Maroc comme hub régional fiable et stable ».

De son côté, le spécialiste en géopolitique économique Rachid Sari nuance : si la dynamique est positive, « 2025 devra être l’année de la confirmation avec des projets structurants dans les infrastructures, l’énergie, l’immobilier et le tourisme ». Le Maroc reste encore classé 13ᵉ en Afrique et 8ᵉ dans le monde arabe en termes de flux nets d’IDE.

Un cap stratégique pour 2025

En dépit des progrès, les experts s’accordent sur la nécessité de diversifier davantage les secteurs bénéficiaires des IDE et d’améliorer l’impact local de ces investissements. L’année 2025 pourrait marquer une étape décisive si les accords signés récemment, notamment avec les Émirats, se traduisent concrètement sur le terrain.

Avec cette recomposition des partenaires économiques, le Maroc s’affirme un peu plus comme plateforme régionale d’investissement, mais doit encore transformer cette attractivité en retombées durables pour son développement.

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