
L'Agence du médicament (ANSM) a donné jeudi son feu vert à une expérimentation du cannabis thérapeutique en France.
Avec AFP - Alors que le Luxembourg a légalisé depuis janvier dernier le cannabis médicalisé, avec 250 médecins autorisés à en prescrire à leurs patients, la France va suivre le mouvement: une expérimentation du cannabis thérapeutique aura bien lieu dans le pays de Molière.
«Après analyse, l'ANSM entérine l'avis» d'un comité d'experts mis en place pour réfléchir aux contours de cette expérimentation, a indiqué l'autorité sanitaire dans un communiqué. «Leurs propositions nous paraissent des bonnes propositions», a précisé à l'AFP Dominique Martin, directeur général de l'Agence nationale du médicament.
L'ANSM, qui avait donné fin 2018 un accord de principe au lancement d'une expérimentation du cannabis thérapeutique en France, avait alors demandé à ce comité de se pencher sur la forme à donner à cette opération. L'enjeu étant que l'ampleur de l'expérimentation et la qualité des données recueillies soient suffisantes pour, à son terme, juger de la pertinence d'une légalisation du cannabis à visée médicale.
Pas de «joint sur ordonnance»
Pour ce test «en situation réelle», le cannabis thérapeutique pourra être prescrit chez des patients en «impasse thérapeutique», souffrant de certaines formes d'épilepsies résistantes aux traitements, de douleurs neuropathiques (résultant de lésions nerveuses) non soulagées par d'autres thérapies, d'effets secondaires des chimiothérapies ou encore pour les soins palliatifs et les contractions musculaires incontrôlées de la sclérose en plaques ou d'autres pathologies du système nerveux central.
Pas question toutefois de «joint sur ordonnance»: les produits prescrits seront inhalés (huile, fleurs séchées) ou ingérées (solutions buvables, gouttes et capsules d'huile).
Le comité de treize spécialistes, présidé par le psychiatre et pharmacologue Nicolas Authier, a aussi recommandé de réserver la «prescription initiale» de produits à base de cannabis aux médecins exerçant dans des centres de référence (centres anti-douleur, centres experts de la sclérose en plaques, etc.).
Les médecins participant à l'expérimentation seront volontaires et auront obligatoirement suivi une formation en ligne, dont les modalités restent à déterminer. Comme au Luxembourg, où une formation de six semaines avaient eu lieu, également sur base de volontariat.
Après le feu vert de l'ANSM s'ouvre maintenant une période de mise en oeuvre pratique avant l'inclusion des premiers patients, qui devrait intervenir début 2020. Il faudra notamment modifier au préalable le Code de la santé publique, qui réglemente la possession et la commercialisation de substances stupéfiantes.
Le ministère de la Santé français devra également déterminer l'enveloppe budgétaire allouée à l'expérimentation, un point essentiel pour déterminer sa qualité et le nombre de malades qui pourront y participer, selon les associations de patients.
Un premier pas vers la dépénalisation et la légalisation de la consommation de Cannabis ?
Lorsque le Luxembourg avait légalisé le cannabis thérapeutique sur ordonnance médicale, Maglor avait analysé qu'il s'agissait là du premier pas vers une légalisation complète de l'usage de cannabis. C'est ce qui s'est passé. En décembre 2018, le nouveau gouvernement luxembourgeois avait créé la surprise en annonçant dans son programme la légalisation du cannabis récréatif. Depuis, les ministères de la Santé et de la Justice se préparent doucement à la réforme qui va entrer dans les faits d'ici quelques mois.
On peut penser que la France suivra le même processus. La légalisation de l'usage thérapeutique est la porte d'entrée - un peu hypocrite - pour parvenir à une légalisation de l'usage récréatif du cannabis. Toujours est-il que l'industrie alccoolière est sur les rangs et se déclare prête à commerciaiser le cannabis en France.