
Une nouvelle instance a été créée pour structurer le culte musulman en France : le Forum de l'islam de France (Forif). Elle se réunit pour la première fois aujourd'hui à Paris.
(ladepeche.fr) - Une centaine d'acteurs de terrain du culte musulman sont réunis ce samedi 5 février à Paris en Forum de l'islam de France (Forif), une instance mise sur pied par l'Etat afin d'obtenir une représentation plus efficace de la deuxième religion du pays.
Inédit, ce format de dialogue est l'occasion de tourner la page du Conseil français du culte musulman (CFCM), qui était depuis 2003 l'interlocuteur privilégié des pouvoirs publics, mais a été miné par des luttes intestines.
Une centaine de personnes - aux deux tiers responsables d'associations, imams, personnalités engagées localement dans le culte musulman et pour un tiers des personnalités qualifiées d'envergure nationale - ont rendez-vous ce samedi 5 février au matin dans les locaux du Conseil économique social et environnemental (Cese), pour des travaux en plusieurs groupes. Ils partageront leurs conclusions l'après-midi lors d'une séance plénière à l'issue de laquelle s'exprimera le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, chargé des relations avec les cultes.
Des acteurs de terrain
Ces acteurs de terrain (hommes et femmes) ont été choisis par les autorités par l'intermédiaire de listes émanant des préfectures, à la suite d'"assises territoriales de l'islam de France", des rencontres tenues à trois reprises (2018, 2019 et 2021) dans les départements, à l'initiative de chaque préfet. Seront aussi présents des représentants de fédérations du CFCM, en tant que personnalités, tels que Mohammed Moussaoui, Abouar Kbibech et le recteur de la Mosquée de Paris, Chems-eddine Hafiz. Figureront également le recteur de la Mosquée de Lyon, Kamel Kabtane, ou encore l'essayiste Hakim El Karoui. L'imam de Bordeaux Tareq Oubrou, connu pour son indépendance, a finalement été invité à la plénière. En revanche les femmes imames Eva Janadin et Anne-Sophie Monsinay, qui défendent l'imamat des femmes, n'ont pas été conviées.
Le CFCM, qui était constitué d'une petite dizaine de fédérations pour l'essentiel affiliées aux anciens pays d'origine comme le Maroc, l'Algérie, la Turquie ("l'islam consulaire"), "ne remplissait plus son rôle", a affirmé Gérald Darmanin vendredi devant plusieurs journalistes. Déjà marquée par des différends internes, cette instance s'est déchirée ces derniers mois autour de la signature d'une "charte des principes" de l'islam de France rejetant "l'islam politique" et les "ingérences" étrangères.
Sébastien Marcelle
Journaliste à la Dépêche du Midi
L’État, depuis la loi de 1905, ne reconnaît aucun culte mais il n’en ignore aucun. La non-reconnaissance des cultes ne signifie pas que l’État cesse d’entretenir des relations avec les institutions religieuses, seulement que le pouvoir politique est autonome et que les cultes sont libres de s’organiser.
Le ministère de l'Intérieur a publié une explication sur le Forum de l'Islam de France (voir ici).
Qu’est-ce que le FORIF ?
La France recèle une très grande diversité de courants musulmans et il est temps que toutes ces voix puissent se faire entendre sans exclusive. Les interlocuteurs conviés au FORIF sont ceux qui souhaitent s’engager dans un dialogue constructif avec les pouvoirs publics. Le FORIF marque le passage d’une approche organique avec la recherche d’un représentant unique, à une volonté de dialogue direct, au niveau départemental et au niveau national sur des sujets identifiés.
Le FORIF se présente annuellement comme un cycle de travail entre l’État et le culte musulman, qui verra se succéder Assises territoriales de l’islam de France autour des préfets, groupes de travail nationaux sur les thématiques identifiées au cours des ATIF et session nationale du FORIF avec le ministre de l’intérieur.
Les participants au FORIF sont :
- des responsables d’associations représentatives locales (ex : la Fédération des musulmans du Tarn, le Conseil des mosquées du Rhône ou bien le Conseil des institutions musulmanes des Yvelines) ;
- des personnalités qualifiées issues des territoires et proposées par les préfets (ex: des aumôniers, des personnalités engagés dans le culte musulman et dans la vie sociale…) ;
- des représentants d’associations nationales ou des personnalités connues pour leur engagement, leur indépendance et leur réflexion.
En acceptant de participer, chacun a accepté « les engagements du FORIF » (pièce jointe).
Télécharger : Dossier de presse - Forum de l'Islam - 5 février 2022
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