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Guerre : L'armée russe en difficulté va se limiter à l'est de l'Ukraine

Guerre : L'armée russe en difficulté va se limiter à l'est de l'Ukraine

L'armée russe a annoncé vendredi qu'elle allait limiter son offensive sur l'Est de l'Ukraine, alors que les forces de Kiev lançaient une contre-offensive sur la ville de Kherson. Ce retrait s'explique par les difficultés rencontrées par les militaires russes sur le terrain qui n'arrivent pas à réaliser le rêve démoniaque de Poutine.

Ce sont les mots d’un militaire russe à l’attention de ses compagnons d’armes, interceptés par radio. Des messages semblables à celui-ci, il en existe par dizaines, sur la centaine d’heures d’écoutes récupérée par The New York Times. Dans une vidéo publiée vendredi 25 mars sur son site internet, le quotidien américain a dévoilé ces enregistrements, émis depuis des blindés, démontrant que l’armée russe fait face à des difficultés en Ukraine, et ce, depuis le début de l’invasion. Autant sur le plan militaire que logistique. Non cryptés, les messages ont été récupérés par des possesseurs ukrainiens de récepteurs radio et transmis au quotidien américain qui a pu, ensuite les vérifier, précisent Franceinfo et BFMTV.

"Rentre chez toi"

Dans la vidéo, c’est tout particulièrement l'invasion de la ville de Makariv, datant du 27 février dernier, qui est mise en lumière. Cette ville est située à une cinquantaine de kilomètres de la capitale, Kiev. "Ici Buran-30, demande à Lampas un soutien aérien, depuis l’hélico, tu me comprends ?", s’exclame un soldat répondant au nom de code Yug-95. "Je n'arrive pas à joindre Lampas", répond Buran-30. "Continue d'essayer. Les gars souffrent", rétorque ensuite Yug-95, qui perd patience quelques minutes plus tard : "Buran-30, ici Yug-95. P*****, vous avez oublié ce p***** de support aérien !". Sur certains enregistrements, il est également possible d’entendre des soldats russes effondrés, et annoncer qu’ils sont touchés et qu’ils ont décidé de reculer.
 
Sur d’autres écoutes, on constate que certains militaires se retrouvent à court de ressources, notamment en essence. "Ici Sirena-03. J’ai un besoin urgent de ravitaillement en carburant, en eau et en nourriture", dit l’un. "Besoin urgent de carburant. Des véhicules calent sur la route", indique l’unité SNEG-02. Parfois, les pirates ukrainiens s’amusent même en répondant à l’ennemi. "Recherche itinéraire de retraite", annonce Buran-30. Réponse : "Buran, rentre à la maison. Il vaut mieux être un déserteur qu’un fertiliseur".

La faillite de l'entreprise militaire

Le commandement russe, par la voix de l'adjoint au chef de l'état-major Sergueï Roudskoï, a annoncé que "les capacités de combat des forces ukrainiennes avaient été réduites de manière importante, ce qui permet (...) de concentrer le gros des efforts sur l'objectif principal : la libération du Donbass". 

Des séparatistes prorusses ont créé deux "républiques" reconnues par Moscou dans cette région industrielle de la partie orientale du territoire ukrainien.

Et ce peu après que le vice-président du Conseil de sécurité russe, Dmitri Medvedev, reprenant la rhétorique chère à Vladimir Poutine, avait souligné que l'opération militaire en cours devait "se poursuivre jusqu'à ce qu'elle atteigne son objectif de démilitariser et de dénazifier l'Ukraine".

A Washington, un haut-responsable du Pentagone a indiqué que les forces ukrainiennes avaient lancé une contre-offensive sur la ville de Kherson (sud), seul centre urbain majeur conquis entièrement par les forces de Moscou, qui est désormais "contestée". 

"Les Ukrainiens tentent de reprendre Kherson", a déclaré ce responsable ayant requis l'anonymat. "Nous ne pouvons dire exactement qui contrôle Kherson mais le fait est qu'elle n'est plus aussi solidement sous contrôle russe qu'auparavant".

A Vinnytsia, dans le centre du pays, le centre de commandement des forces aériennes ukrainiennes a été frappé vendredi par une salve de missiles de croisière, qui ont provoqué des "dommages significatifs", selon l'armée ukrainienne.  

"Les Russes ont tiré six missiles de croisière. Certains ont été abattus par la défense antiaérienne. Les autres ont touché plusieurs bâtiments, causant des dommages significatifs", a annoncé le commandement des forces aériennes sur Telegram.

Biden en Pologne

Au cours de son déplacement de deux jours en Pologne, Joe Biden, qui était vendredi dans la région de Rzeszow, à une centaine de kilomètres de la frontière ukrainienne, s'entretiendra samedi à Varsovie avec les dirigeants polonais et ira dans un centre d'accueil de réfugiés ukrainiens. 

Depuis le 24 février, plus de 2,2 millions de personnes fuyant le conflit sont en effet entrées en Pologne, d'après les garde-frontières polonais, sur environ 3,7 millions au total qui sont parties à étranger, selon l'ONU.

Dans la matinée, le président américain avait annoncé dans un communiqué commun avec la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen la création d'un groupe de travail visant à réduire la dépendance de l'Europe envers les énergies fossiles russes et le projet de Washington de fournir à l'Europe 15 milliards de mètres cubes supplémentaires de gaz naturel liquéfié (GNL) cette année.

Au même moment, l'Allemagne, qui importait avant l'offensive russe un tiers de son pétrole et quelque 45% de son charbon de Russie, a assuré qu'elle se passerait du charbon russe d'ici à l'automne et réduirait très fortement sa dépendance au pétrole russe d'ici à la fin de l'année, tablant par ailleurs sur mi-2024 pour être "largement indépendante" du gaz russe.

Dans la soirée, les Vingt-Sept ont conclu leur sommet à Bruxelles en annonçant donner mandat à la Commission européenne pour effectuer des achats de gaz groupés, sur le modèle des commandes de vaccins anti-Covid.

"L'achat groupé, la capacité à définir ensemble des contrats longs, est le meilleur instrument pour faire baisser les prix", a fait valoir le président français Emmanuel Macron, dont le pays occupe la présidence semestrielle de l'UE.

Sur le terrain des combats, Marioupol, un port ukrainien stratégique situé sur la mer d'Azov, redoutait qu'environ 300 personnes ne soient mortes dans le théâtre bombardé le 16 mars.

Des centaines de personnes, "principalement des femmes, des enfants et des personnes âgées", s'étaient réfugiées dans ce bâtiment, a rappelé la mairie, se référant à des témoignages.

Plus de 2.000 civils ont été tués dans cette ville assiégée, selon la municipalité, et quelque 100.000 de ses habitants y sont toujours bloqués et manquent de tout, a affirmé le président ukrainien Volodymyr Zelensky.

Vendredi soir, le président français Emmanuel Macron a annoncé que la France, la Turquie et la Grèce allaient mener "une opération humanitaire" d'évacuation "dans les tout prochains jours" de civils de Marioupol. 

"Nous allons en lien avec la Turquie et avec la Grèce lancer une opération humanitaire pour évacuer toutes celles et ceux qui souhaitent quitter Marioupol", a-t-il déclaré à l'issue du sommet européen à Bruxelles.

"J'aurai d'ici 48 à 72 heures une nouvelle discussion avec le président (russe Vladimir) Poutine pour bien en arrêter les détails et sécuriser les modalités", a précisé M. Macron.

Sur le front de Marioupol comme sur les autres, l'invasion russe, qui entre dans son deuxième mois, se mue de plus en plus en une guerre d'usure, cependant que la Russie a reconnu que 1.351 de ses soldats avaient péri en Ukraine et que 3.825 avaient été blessés.

 

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