
Comme de nombreuses forêts de la région, celle de Dugny-sur-Meuse a fortement souffert à cause de crises successives. La tempête de Lothar de 1999, qui a ravagé les forêts européennes, a détruit 14 000 hectares en Meuse.
Les arbres restants, affaiblis par la sécheresse, étaient d’autant plus vulnérables aux attaques de scolytes. « Les scolytes sont de toutes petites bêtes qui rentrent dans le bois, notamment dans les épicéas. Ils se nourrissent de leur sève jusqu’à la mort de l’arbre », explique Jean-Marie Brenner, adjoint à la mairie de Dugny-sur-Meuse et spécialiste des forêts.
Conséquences : pour éviter qu’ils ne se propagent, la commune a autorisé les coupes rases – soit l’abattage de toute une parcelle — afin de sortir les arbres infectés. « Ce n’est pas à cause du scolyte que la forêt meurt, mais parce qu’elle est "monospécifique" », précise Yannick, « militant forestier » — selon ses mots. « L’humain a décidé de ne planter qu’une espèce sur toute une superficie, donc si un arbre est malade, toute la colonie finit contaminée », ajoute l’homme, vêtu d’un tee-shirt « marche pour la forêt ».
Un tiers des forêts du Grand Est est effectivement dominé par la présence d’une seule essence d’arbres – des épicéas en l’occurrence, des résineux « à croissance rapide » – selon une étude menée par Lorraine Nature Environnement. Les autres arbres sont également menacés : le hêtre, par exemple, souffre de la sécheresse, tandis que le frêne est victime de la chalarose, maladie causée par un champignon microscopique.
Pour surmonter ces menaces, l’ONF est bien à la peine : le nombre de fonctionnaires a baissé de 40 % en vingt ans, le service public forestier est démantelé et la privatisation avance à marche forcée.