
Adil Tyana , 45 ans, enseignant de mathématiques, habitant à Woippy (Moselle), a déposé à la préfecture de région à Strasbourg, une liste au nom de l'Union démocrate des musulmans français. Une surprise dans le paysage des élections régionales 2021. Le mouvement « n'a pas vocation à aller sur le terrain religieux» insiste la tête de liste.
Créé en 2012 par Nagib Azergui, ce petit parti déclare se situer au "centre gauche". Au-delà de cette auto-proclamation, la formation politique est critiquée par ses opposants comme étant communautariste. Accusation que ses militants rejettent en bloc.
Adil Tyana et ses coéquipiers font campagne pour modifier le Concordat qui, en Alsace-Moselle, règle les relations entre l'Etat et les religions catholique, protestante et juive. "Je suis admiratif de ce système qui fonctionne très bien" déclare la tête de liste. Mais il ajoute : "à condition qu'il soit équitable". Et c'est là que le bât blesse. La religion musulmane n'est pas un culte reconnu par le Concordat. Ses institutions locales ne peuvent donc pas bénéficier des subventions de l'Etat comme celles des trois autres religions monothéistes. La demande du parti est donc de modifier la loi sur ce sujet.
L'Union démocrate des musulmans français se revendique également comme un acteur social : « Nous incarnons des couches de la population qui ne sont pas bien représentées dans les instances politiques, je pense aux banlieues notamment ».
L'Union des démocrates musulmans français présente quatre listes aux régionales en France
Le mouvement aura des candidats en Ile-de-France, en Auvergne Rhône-Alpes, dans le Grand Est et en Bretagne.
« Le statut du musulman pose problème dans la société aujourd’hui. On lui refuse l’assimilation. Nous menons un combat pour l’égalité », indique à l’AFP Najib Azergui, fondateur et président de ce mouvement qu’il revendique comme « résolument à gauche ».
« Nous allons faire campagne sur les compétences de la région : lycées, transports, accès aux soins », poursuit-il, en rejetant le qualificatif de listes « communautaristes ».
« On n’est pas une assemblée d’imams ou de muftis voulant imposer le halal à la cantine ou la séparation entre les hommes et les femmes. On milite au contraire pour casser les caricatures et contre les clichés houellebecquiens », affirme encore Najib Azegui.
Adil Tyane, professeur de maths et de sciences numériques, et ancien conseiller municipal à Woippy (Moselle) mènera donc la liste dans le Grand Est, tandis que Farid Omeir, qui se présente comme professeur et ancien journaliste, sera candidat en Auvergne Rhône-Alpes. Kamel Elahiar, chauffeur routier de 50 ans, portera les couleurs du parti en Bretagne et Eric Berlingen sera tête de liste en Ile-de-France. En 2015, lors du précédent scrutin, l’UDMF avait recueilli 0,4 % des voix dans cette dernière région, la seule où il s’était présenté.
Le parti qui affirme compter plus de 1 300 adhérents à jour de cotisations se définit comme « un mouvement patriotique, souhaitant être reconnu des Français », et rejette « l’islamo-diversion pratiquée par certains hommes politiques pour éviter des sujets qui concernent tout le monde ».