
Maglor - Rome – Les 8 et 9 juin 2025, les citoyens italiens sont appelés aux urnes pour un double référendum national. Deux sujets majeurs sont en jeu : la réforme de l’accès à la nationalité italienne pour les étrangers, et l’abrogation de lois de libéralisation du marché du travail. Des scrutins symboliques, au cœur des tensions politiques, sociales et identitaires de la péninsule.
Une réforme pour une naturalisation plus juste ?
Le premier référendum propose de réduire de dix à cinq ans le délai de résidence requis pour qu’un résident étranger non-européen puisse demander la nationalité italienne. Une réforme soutenue par l’opposition de centre gauche, notamment le Parti démocrate (PD), et par de nombreuses associations et personnalités publiques.
Selon les partisans du « oui », cette mesure permettrait à près de 2,5 millions de personnes de prétendre plus rapidement à la citoyenneté italienne. Parmi les voix engagées, le rappeur Ghali, né à Milan de parents tunisiens, a lancé un vibrant appel sur Instagram :
« Certains sont nés ici, ont vécu ici toute leur vie, se sentent Italiens, mais ne sont pas reconnus comme tels. »
Une droite radicalement opposée
La Première ministre Giorgia Meloni, cheffe du parti post-fasciste Fratelli d’Italia, s’oppose fermement à cette réforme. Fidèle à sa ligne antimigrants, elle considère que la loi actuelle est déjà suffisamment ouverte.
« Nous sommes l’un des pays européens qui accorde le plus de nationalités », a-t-elle rappelé, citant les chiffres d’Eurostat : 213 500 naturalisations en 2023, soit près d’un cinquième du total européen.
Son gouvernement mise sur une stratégie d’abstention, car la validation du référendum nécessite une participation supérieure à 50 %.
Réduire la précarité au travail
Le second référendum vise à abolir quatre lois qui ont contribué à flexibiliser le marché du travail au cours des deux dernières décennies. À l’origine de cette initiative, le puissant syndicat CGIL, qui souhaite rétablir des protections contre la précarité, les licenciements abusifs et les accidents du travail.
« Nous voulons renverser une culture qui a fait passer les intérêts économiques avant les droits des travailleurs », a déclaré Maurizio Landini, secrétaire général de la CGIL.
Paradoxalement, le Parti démocrate, aujourd’hui dans l’opposition, soutient cette initiative, bien que certaines de ces lois aient été adoptées sous ses précédents gouvernements.
Un test politique à haute valeur symbolique
Ces deux référendums font office de test politique national, à un moment où Giorgia Meloni reste solidement ancrée dans l’opinion publique, avec près de 30 % d’intentions de vote, contre 23 % pour le PD. L’opposition espère mobiliser les jeunes, les citoyens étrangers, les travailleurs précaires et les syndicats pour inverser la tendance.
Une Italie à la croisée des chemins
Au-delà des chiffres, ces votes posent une question fondamentale : quelle Italie pour demain ? Une Italie ouverte, inclusive et solidaire, ou une nation repliée sur elle-même, méfiante à l’égard des étrangers et des droits sociaux ? Le verdict des urnes sera scruté bien au-delà des frontières, alors que d'autres pays européens observent avec attention ce virage possible dans la politique italienne.