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Covid-19 : L'OMS est-elle opposée à la troisième dose du vaccin ? Attention aux fausses informations !

L'OMS est-elle opposée à la troisième dose du vaccin ? Attention aux fausses informations !

Des publications sur des sites complotistes interpellent le gouvernement français en assurant que le recours à une troisième dose de vaccin est inutile et contraire aux préconisations formulées par l'OMS. C'est une fakenews !

Lors de sa récente allocution télévisée, le chef de l'État a entériné la généralisation d'une troisième dose de vaccin pour les personnes fragiles, de plus de 65 ans. Un rappel qui deviendra bientôt nécessaire afin d'étendre la durée de validité d'un pass sanitaire. Cette décision alimente de nombreuses conversations en ligne, des internautes restant dubitatif sur l'intérêt de cette dose supplémentaire. 

Avant même qu'Emmanuel Macron ne s'exprime à la télévision, c'est Olivier Véran qui se voyait interpeller sur les réseaux sociaux. En cause : le fait que l'OMS en personne déconseillerait l'injection d'une troisième dose. Un reportage vidéo relatant le discours d'une représentante de l'organisation en ce sens vient appuyer cette démonstration. "À l'heure actuelle, rien ne prouve que ce soit indiqué", lance cette scientifique. Attention à la manipulation : cette intervention est sortie de son contexte puisqu'elle remonte à la mi-juillet et non à fin novembre, à une époque où la situation épidémiologique n'était pas similaire à celle observée aujourd'hui.

L'OMS est-elle opposée à l'injection d'une troisième dose ? L'extrait du reportage relayé sur les réseaux sociaux provient de la chaîne de télévision d'information en continu internationale israélienne i24news. La séquence est authentique et rapporte une intervention de Soumya Swaminathan, scientifique en chef de l'institution basée à Genève. Toutefois, lorsque l'on recherche l'origine de ces déclarations, on constate que la prise de parole de la spécialiste ne remonte pas aux dernières semaines, mais date du 12 juillet alors que la cinquième vague de covid n'était pas connue. 

La transcription de ses propos demeure accessible sur le site de l'OMS, et permet de rapporter avec précision la teneur de son discours. "Nous avons constaté dans certains pays une augmentation des infections, mais pas d'augmentation significative des hospitalisations ou des décès, et il se peut que des rappels soient nécessaires après un an ou deux", glisse  Soumya Swaminathan. "À ce stade, six mois après les doses initiales, il ne semble pas y avoir d'indication (en faveur d'une 3e dose, ndlr), mais nous allons continuer à travailler avec les agences de santé publique du monde entier pour étudier les données."

Au début de l'été, ces propos traduisaient bien la position de l'OMS, assez réticente à préconiser un rappel. Parmi les arguments avancés figurait notamment le fait que dans un grand nombre de pays, une large part de la population restait non vaccinée. Pour l'OMS, il s'avérait donc plus judicieux de prioriser une primo-vaccination dans ces pays que de mettre en place des campagnes massives de rappels en Europe ou en Amérique du Nord.

Quatre mois plus tard, son point de vue sur la question a changé. Si une troisième dose n'est pas encore recommandée de manière systématique à toute la population générale déjà vaccinée, elle est désormais préconisée pour divers type de patients. Les personnes immunodéprimées en particulier, ainsi que celles de plus de 60 ans immunisés avec les vaccins anti-Covid produits par les sociétés chinoises Sinovac et Sinopharm.

Début septembre, le patron de l'OMS appelait par ailleurs à prolonger un moratoire jusqu'à la fin de l'année 2021 au sujet de la troisième dose en population générale. La priorité, rappelait-il, restait de permettre un large accès à des premières doses du vaccin partout dans le monde où il n'avait pu être distribué. 

En résumé, la France - à l'instar de multiples autres pays - ne se conforme pas strictement aux recommandations de l'OMS au sujet de la troisième dose, qui juge non prioritaire ces rappels avant janvier 2022. Avec une date butoir fixée en France au 15 décembre pour justifier d'une nouvelle injection, on constate toutefois que le calendrier présenté par le président de la République est proche de la position défendue par l'organisation internationale.

Alors, combattons ensemble les fausses informations.

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