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«Ziyara», un film émouvant de Simone Bitton sur la "visite aux saints"

"Ziyara", c’est la visite aux saints, une pratique populaire commune au juifs et aux musulmans du Maroc.

Aujourd’hui les juifs sont presque tous partis, mais leurs saints sont toujours là. La réalisatrice va à la rencontre de leurs gardiens, humbles et magnifiques protecteurs musulmans de sa mémoire juive.

La blessure de la séparation est encore béante, l’écho des guerres d’Orient plane silencieusement sur la rencontre, mais la caméra retisse le lien, recueille anecdotes, sourires, hospitalité et bénédictions, portant le film vers une nouvelle complicité entre filmeuse et filmés.

Il fut un temps, pas si lointain, où régnait une certaine fraternité entre Juifs et Arabes, au Maroc. Juive marocaine, née en 1955 à Rabat, la documentariste Simone Bitton en fut témoin dans son enfance, avant qu’elle n’émigre avec sa famille en Israël, en 1966, à l’âge de 11 ans. Les juifs représentaient une communauté de plus de 250 000 âmes au Maroc, dans les années 1950. Aujourd’hui, il ne resterait plus que quelques centaines de familles. La cinéaste, qui vit désormais en France, se définit comme « juive et arabe », et ne cesse d’interroger, dans son œuvre, ce sentiment intime de double appartenance culturelle.

Simone Bitton

Simone Bitton est une réalisatrice de documentaires qui possède la double nationalité franco-marocaine. Sa famille ayant émigré en Israël alors qu’elle avait 11 ans, elle faisait partie de l’armée israélienne lors de la guerre du Kippour en 1973.

C’est à Paris qu’elle a ensuite fait ses études de cinéma, à Paris qu’elle a obtenu son diplôme de l’IDHEC. Elle a consacré de nombreux films à la cause palestinienne à laquelle elle est très sensible. En 2018, elle a été, avec près de 100 personnalités du monde la culture, une des signataires d’une pétition appelant à boycotter la saison culturelle « France-Israël » considérée comme une vitrine de l’Etat d’Israël au détriment du peuple palestinien.

Ce retour au Maroc a permis à Simone Bitton de retrouver, enfouie dans sa mémoire, la pratique du darija, le dialecte arabe marocain qu’elle utilisait dans sa jeunesse et qu’elle pensait avoir complètement oublié. Aucun commentaire dans ce documentaire, seulement des dialogues en darija, en français ou en anglais, entre Simone Bitton et les personnes qu’elles rencontrent. Des personnes que l’on voit alors qu’on ne voit jamais la réalisatrice.

Un film remarquablement photographié par Jacques Bouquin avec beaucoup de plans fixes aux cadrages magnifiques et la mise en valeur très réussie de la beauté des couleurs du Maroc, tant en milieu naturel que dans les portes et les fenêtres des maisons, même les plus humbles. 

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