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Tunis : Pour sauver le stambali, dernière danse des esprits

Plusieurs mythes entourent le Stambali, ce son qui inquiète parfois par ses rythmes, codes et transes mystiques.

Le stambali est une cérémonie tunisienne traditionnelle alliant musique et danse. Cette pratique a vu le jour avec l’arrivée d’habitants sub-sahariens dans le cadre de l’esclavage. Par la suite, elle a assimilé les usages et croyances religieuses arabo-musulmans pour finalement devenir une pratique traditionnelle tunisienne.

Au cœur de la médina de Tunis, dans l’une des dernières maisons dédiées au Stambali, Riadh Ezzawech et la troupe de Sidi Ali Lasmar, fait perdurer cette tradition tout en dirigeant le public vers des expressions artistiques qui prennent leurs racines dans la mémoire du continent africain.

Légèrement en retrait du boulevard Bab Jedid, au fond d’une impasse, Zaouiat Sidi Ali Lasmar est le dernier sanctuaire consacré à la communauté du stambeli, héritage spirituel et culturel de la communauté noire de Tunisie.

Elles étaient nombreuses les « maisons » consacrées à cette communauté, à Tunis et ailleurs, protégées par le bey, intégrées au pays qui, le premier, avait aboli l’esclavage.

Aujourd’hui ne subsiste à Tunis que celle de Sidi Ali Lasmar.

Alors on se pose la question : que faire pour préserver cet art, aujourd’hui en danger de disparition ? Car il y a péril en la demeure : la zaouia, dernier bastion du stambeli, risque d’être vendue à l’encan. Là n’est pas la seule menace : les festivals et célébrations officielles regardent ailleurs quand on parle de stambeli. La relève, bien que passionnée, est difficile, faute de moyens. Et les jeunes y viennent difficilement, cependant que les anciens survivent vaille que vaille sans aucune reconnaissance sociale.

Et pourtant ! Cet art, pas toujours bien connu, mêlant danses, musiques, et rituels, fait partie de notre patrimoine spirituel et culturel.

Il constitue un pont et un lien entre notre identité maghrébine et notre africanité quelquefois fois occultée.

Riadh Ezzawech qui, très jeune, a intégré la communauté stambeli et s’en est fait le porte- parole, a bien cru trouver la solution en fondant une association culturelle qui en assurerait la pérennité et lui garantirait soutien et aides institutionnelles. A ce jour, cela ne s’est guère vérifié, mises à part l’amicale attention que lui avait assuré, à ses débuts, le festival de la médina.

Une conférence de presse a réuni l’autre jour les journalistes dans le patio du sanctuaire. C’est un véritable appel au secours que lançait l’Association pour la culture du stambeli Sidi Ali Lasmar qui menace de disparaître. Appel relayé par les représentants, invités des communautés stambeli des autres régions qui se réduisent comme peau de chagrin.

Cette Association a pour mission de protéger la mémoire, de transmettre le savoir des derniers initiés, et Sidi Ali Lasmar est le dernier lieu sacré de la Médina qui recueille cet art ancestral. L’Association, quant à elle, s’attache à remplir son rôle d’agent culturel et artistique et n’hésite pas à sortir de ses murs pour de nombreuses manifestations, battant le rappel des troupes de stambeli de tout le territoire mais aussi de différents pays comme le Maroc, le Niger, l’Algérie.

Seulement à l’impossible, nul n’est tenu : faute de moyens, et bientôt de lieu, le stambeli risque de n’être plus que souvenir.

Voilà pourquoi il faut sauver Sidi Ali Lasmar.

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