Partager sur :

Le Tunisien Yamen Manaï remporte le prix de la littérature arabe

Le Tunisien Yamen Manaï a remporté mercredi le prix de littérature arabe, pour un roman sur la violence dans les milieux les plus défavorisés de son pays, "Bel abîme".

(AFP) - Le prix, doté de 10 000 euros grâce à la Fondation Jean-Luc Lagardère, a été créé en 2013 par l'Institut du monde arabe (IMA) aujourd'hui présidé par Jack Lang.

Yamen Manaï, 42 ans, ingénieur de formation, vit en France depuis ses 18 ans. Son roman est publié par un éditeur de Tunis, Elyzad.

Cette fiction raconte l'histoire d'un garçon de 15 ans incarcéré pour avoir tué son père.

Le jury a salué dans un communiqué "un bref roman passionnant écrit dans un style simple et puissant à la fois, qui dénonce, à travers le parcours d'un adolescent révolté, les injustices d'une société cruelle dans la Tunisie des banlieues populaires".

Yamen Manaï avait déjà remporté avec ce même titre le prix Orange du livre en Afrique.

Une mention spéciale du prix de la littérature arabe a été décernée au Soudanais Hammour Ziada pour "Les Noyées du Nil". Publié chez Actes Sud, ce roman évoque un village des bords du fleuve secoué en 1969 par la découverte d'un cadavre d'adolescente.

En savoir plus

Avec Bel abîme, le jeune auteur tunisien Yamen Manai a écrit un roman qui nous donne à voir de manière brutale le mal-être traversant la société tunisienne, dix ans après sa révolution. Ce court texte, publié par les éditions tunisiennes Elyzad, s’ouvre sur une citation du groupe de rap NTM, I make music for my people, qui peut intriguer. La référence préfigure la rage qui imprègne les pages qui suivent et plus précisément le soliloque proposé au lecteur.

L'histoire de Bel abîme

Un jeune homme s'adresse tour à tour à son avocat et à un psychiatre venus lui rendre visite en prison. Avec une ironie mordante, le narrateur prend à parti ses interlocuteurs. Les charges qui pèsent sur lui sont sérieuses, mais il affirme ne rien regretter. Se dévoilent les raisons qui l'ont poussé au crime : un père qui l'a toujours humilié ; une société gouvernée par les apparences ; la domination des plus forts sans partage ;
La pauvreté, la saleté, le mépris des animaux et de l'environnement. Les seuls élans d'affection que le jeune homme a connus ont été ceux de Bella, le chiot qu'il a recueilli. Mais dans ce pays, on tue les chiens « pour que la rage ne se propage pas dans le peuple ». Pourtant la rage est déjà là. Alors quand Bella a été tuée, il a fallu la venger.

Lire une critique du roman

Partager sur :