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"Bel abîme", le roman de Yamen Manaï sur une jeunesse tunisienne face à la violence familiale

Le Tunisien Yamen Manaï a reçu mardi le prix Orange du livre en Afrique pour son roman "Bel abîme", sur un adolescent de la région de Tunis en pleine révolte.

(avec AFP) - Remis à Dakar dans la soirée, le prix récompense depuis 2019 un roman écrit en langue française par un écrivain africain et publié par un éditeur du continent, en l'occurrence les éditions Elyzad.

Ce jeune ingénieur tunisien, spécialiste des technologies de l’information, vit à Paris, écrit en français et se veut citoyen du monde. Ses trois premiers romans, parus aux Éditions Elyzad, ont tous été récompensés par des prix littéraires : “La marche de l’incertitude” en 2010, “La sérénade d’Ibrahim Santos” en 2011 et “L’Amas ardent” fut, en 2017, lauréat du “Prix des cinq continents de la francophonie”.

Le roman, court, dépeint la violence familiale subie par une bonne partie de la jeunesse tunisienne, à travers l'histoire d'un garçon de 15 ans incarcéré pour avoir tué son père.

"Entre fureur, rage et passion, le narrateur dénonce la barbarie et les maux qui gangrènent sa société, depuis la cellule familiale ainsi que l'école, jusqu'aux institutions politiques", a souligné le jury dans un communiqué.

"Pour cette quatrième édition, 57 romans ont été proposés par 39 maisons d'édition basées dans 15 pays d'Afrique francophone", a-t-il ajouté.

Les cinq autres finalistes venaient du Bénin, du Cameroun, du Mali, de Mauritanie et de Tunisie.

Lors de sa première édition, le prix avait distingué la Camerounaise Djaïli Amadou Amal, qui avait plus tard remporté le prix Goncourt des lycéens 2020 pour "Les Impatientes". Il est doté de 10 000 euros par la Fondation Orange, soutenue par l'opérateur télécoms du même nom.

En savoir plus

Sur la couverture du livre, une photographie, en très gros plan : l’œil d’un chien, au regard aussi profond qu’indéfinissable, comme une interrogation muette adressée au monde des humains. Cette histoire d’amour d’un adolescent tunisien pour son chien est entièrement écrite à la première personne.
L’unique narrateur a tout juste quinze ans. Nous ne connaîtrons pas son nom. Il fait face à un avocat commis d’office, puis à un psychiatre. Son passage devant un tribunal pour mineurs est imminent.
En dix-neuf courts chapitres, et un jeu de questions reformulées s’instaure avec ses interlocuteurs, un échange dont il reste le maître. Pour le lecteur, son histoire se dessine. Il le reconnaît : “Je ne suis pas de ces familles qui ne se reproduisent qu’entre elles, de ces gens qui regardent se décomposer le pays depuis leur sérail, n’usant de leur influence et de leur argent que pour élever davantage le dernier étage de la tour qu’ils occupent”.
Il a grandi dans une famille de banlieue entre une mère aimante mais soumise, et un père longtemps absent, brutal et frimeur. Les châtiments corporels ont tenu lieu d’éducation. Replié sur lui-même, il s’est réfugié dans ses études et la lecture, acquérant une solide culture littéraire. Il s’est longtemps vengé de ses propres frustrations en massacrant les mouches, manifestant un sadisme aux antipodes de son réel amour pour les animaux.

En savoir plus : https://marenostrum.pm/bel-abime-yamen-manai/

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