Partager sur :

Le scandale du concours d’avocats, ou le Lawyers Contest Gate.

Rachid AMADANE

La liste controversée des admis au concours des avocats ne cesse de provoquer des remous. Entre les soupçons de conflit d’intérêts, les réclamations d’ouverture d’enquête et d’annulation des résultats, ou encore des reproches par rapport au silence du gouvernement Akhannouch par rapport à ce sujet. La polémique n’est pas prête de se diluer.

Les candidats éconduis, mais aussi l’opinion publique, étaient surpris par les résultats de ce concours. La présence d’un grand nombre de familles des responsables et de chefs de service en fonction en flagrant conflit d’intérêt (examinateur/examiné) au ministère de la justice (qui organise et supervise ce concours). Des proches aussi de grands avocats et d’importantes personnalités politiques et partisanes est pour le moins alarmant ! Ajoutons à cela « le changement de l’identité du candidat 33615 » qui serait remplacée après la publication des résultats selon les candidats.

Un nuage de soupçons et de doutes avait été constitué après la proclamation des résultats du dit concours ce qui a provoqué toute une polémique ainsi que des mouvements de protestations et les requêtes populaires qui se multiplient sur les réseaux sociaux pour l’annulation des résultats controversés. Mais la goutte qui a fait déborder le vase est la déclaration provocante du Ministre de la justice Abdellatif Ouahbi « Mon fils a deux licences en droit, l’une au Maroc et l’autre au Canada. Son père est riche et il a payé pour lui pour étudier à l’étranger ... », « Je fais confiance au comité qui a supervisé l’examen. Pourquoi devrais-je ouvrir une enquête ? Pourquoi le ferais-je ? Juste pour satisfaire une personne assise dans un café et qui me le demande ?», autant de réponses qui ont été reprises et largement partagées sur les réseaux sociaux en provoquant la colère des internautes et en remontant l’opinion publique encore plus contre Ouahbi réclamant sa démission.  

Les spécialistes du domaine juridique s’interrogent par rapport à deux points essentiels :

• Premièrement, est-il vraiment judicieux de décider d’adopter les QCM dans cet examen ! Ils estiment que ce système, qui est à l’origine un système pédagogique de l’Université canadienne dans laquelle le fils du Ministre aurait suivi ses études, est inadapté à ce concours ?
• Deuxièmement, le ministre de la justice avait déclaré que le comité supervisant le concours lui avait présenté une liste préliminaire d’environ 900 candidats retenus et qu’il avait suggéré et insisté de porter ce nombre à plus de 2000 candidats. Certes cette décision administrative aurait des effets juridiques affectants les candidats que ce soit par création ou modification. La question qui se pose dans ce sens au Ministre est la suivante : Quel était le classement du fils du Ministre sur la liste des candidats retenus ? Etait-il sur la première liste des 900 ou serait-il bénéficiaire de la décision de relever le plafond à 2000 ?
La réponse à cette question, juridiquement et politiquement parlant, serait en mesure d’apporter un petit air de soulagement à ce scandale. Néanmoins, le gouvernement Akhannouche semble ne pas être concerné par ce scandale ! Le porte-parole du gouvernement a brièvement évoqué ce sujet de passage en déclarant qu’il aurait eu un entretien avec le Ministre de la justice et que ce dernier lui avait confié –à titre amical- qu’il apporterait des clarifications à ce sujet incessamment ! A ce jour, l’opinion publique attend toujours que le gouvernement communique au sujet de ce scandale abordé par des médias internationaux, notamment Al Jazeera et la BBC Arabe.

Français
Partager sur :