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Le renouveau du monastère de Toumliline

Une exposition-conférence sur le monastère de Toumliline en tant qu’espace emblématique du vivre ensemble et du dialogue interculturel a été organisée, récemment à Montpellier.

Organisée par l’association Institut Méditerranéen de Développement Humain (IMDH) en coordination avec le Consulat Général du Royaume du Maroc à Montpellier, cette conférence a été animée par Jamaa Baida, directeur des archives du Maroc.

Elle a été l’occasion de mettre en lumière l’histoire unique de Toumliline en tant qu’espace emblématique du vivre ensemble et du dialogue inter-religieux, indique un communiqué du consulat.

"C’est dans la foulée de cet esprit de vivre-ensemble, profondément ancré dans son histoire, que le Maroc a connu pendant les années cinquante du 20ème siècle, une expérience alors unique en son genre dans le monde musulman : les rencontres de Toumliline. C’était une sorte d’université d’été qu’abritait annuellement, à partir de 1956, le monastère bénédictin de Toumliline, au Moyen-Atlas, à proximité de la ville d’Azrou”, a tenu à souligner le Professeur Baida, cité dans le communiqué

La particularité de ces rencontres consiste dans le fait qu’elles regroupaient des personnes d’horizons divers sur les plans intellectuels, politiques, religieux, linguistiques … toutes animées d’un esprit de vivre-ensemble, de connaissance et de reconnaissance de l’Autre dans un monde marqué par le bipolarisme de la Guerre Froide et par les secousses de la décolonisation, a-t-il ajouté.

Selon le conférencier, "l’expérience de Toumliline est chargée d’enseignements, l’esprit de Toumliline est d’actualité plus que jamais; il constitue l’antidote contre bien des dérives. L’esprit de Toumliline est à réinventer, à diffuser et à enseigner".

C’est à ce titre, précise-t-il, que les Archives du Maroc, en partenariat avec la Fondation Mémoires pour l’Avenir ont dédié en 2015 une exposition et un colloque aux rencontres de Toumliline.

"Il était une fois Toumliline"

Un livre intitulé "Il était une fois Toumliline" a été dans la même veine publié par les Archives du Maroc en 2019. Une édition anglaise en a vu le jour ultérieurement, a relevé le conférencier.

Pour sa part, Nouzha Sahel, consule générale du Maroc à Montpellier a rappelé le "leadership du Royaume connu et reconnu à l’échelle internationale, comme étant une exception dans ses efforts pour la promotion des valeurs de coexistence, de paix, d’altérité, de compréhension, de respect mutuel, et aussi de l’acceptation assumée et revendiquée de la différence, grâce à la vision clairvoyante de SM le Roi Mohammed VI".

Il s’agit d’une "exception qui s’est forgée à travers des siècles, consolidant à présent le cachet distinctif du Royaume de ses institutions et la richesse de ses différentes spiritualités", a-t-elle ajouté à cette occasion.

De son côté, Amal El Ghilani, présidente de l’association IMDH, établie à Montpellier, a rappelé l’importance de s’arrêter sur l’histoire unique du Royaume en matière de vivre ensemble à même d’inculquer aux jeunes MRE les valeurs de coexistence prônées de tout temps par le Royaume, "aujourd’hui vecteur d’une cohésion sociale pour un avenir meilleur au bénéfice des générations futures".

Cette rencontre a été marquée par une exposition photographique illustrant l’expérience du monastère de Toumliline et sa longue tradition, relatant ainsi la vie dans ce site historique où des personnalités de toutes confessions durant les années 50 se retrouvaient à l’appel du monastère bénédictin de Toumliline.

En savoir plus

Début avril 2022, Abderrahim Houmy, Secrétaire Général du Département des Eaux et Forêts et Directeur Général par intérim de l’Agence Nationale des Eaux et Forêts et Lamia RADI Présidente de la Fondation Mémoires pour l’Avenir ont signé, une convention de partenariat visant la réhabilitation et la valorisation du site de l’ancien monastère Toumliline, situé au niveau du parc national d’Ifrane.

L’objectif de ce partenariat selon Lamia Radi, c’est de créer une dynamique régionale positive, basée sur la protection du patrimoine de la région aussi bien environnemental au niveau du Parc National d’Ifrane qu’historique au niveau de l’ancien monastère de Toumliline.

Ce partenariat avait-t-elle ajouté, s’appuie sur la protection et la mise en valeur du site historique exceptionnel du monastère de Toumliline, en tant que site précurseur d’un dialogue interreligieux voulu et encouragé par Feu Sa Majesté le Roi Mohammed V que Dieu l’ait en Sa Sainte Miséricorde dès les premiers mois de l’Indépendance, à travers l’organisation par les moines de Toumliline de « Rencontres Internationales » (NDR ; les Cours Internationaux d’été) sous Son Haut Patronage.

Et d’ajouter que, ce partenariat consiste tout d’abord en des travaux de restauration du site, et en tout premier lieu en la restauration de son ancienne chapelle, patrimoine architectural religieux unique au Maroc, avec une étoile chérifienne incrustée dans son plafond, signifiant que les moines bénédictins de Toumliline reconnaissaient Amir Al Mouminine et se plaçaient sous Sa Protection pendant leurs prières.

Cette restauration a-t-elle précisé, s’accompagnera de formations à l’histoire du site à destination des guides de la région, de travaux d’entretien de la forêt, de balisage de circuits de randonnées et, parmi d’autres actions positives agricoles, au soutien et à la mise en valeur des coopératives féminines de la région, afin de lier une démarche de préservation du patrimoine à celle d’un développement local durable respectueux de l’environnement.

A noter que la fondation Mémoires pour l’Avenir (FMA) est une association marocaine à but non lucratif marocaine créée en 2008 qui agit en faveur de la consolidation d’une citoyenneté marocaine ouverte à partir de la préservation et de la transmission de notre histoire aux jeunes générations. Elle travaille sur la mémoire du site de Toumliline depuis 2015 et a signé en juillet 2021 un partenariat de mise à disposition du site avec le Conseil Préfectoral de la Ville de Meknès, propriétaire du site, pour y développer des activités de mémoire et d’avenir.

D’après François martinet (Né à Casablanca), professeur de philosophie, docteur ès-lettres. Historien des avant-gardes et des Français libéraux au Maroc (1952-1962) et auteur du livre intitulé :« Les Rencontres Internationales de Toumliline : une décennie d’exception (1956-1966) »(éditions du Sirocco, Casablanca) :« Le Monastère bénédictin de Toumliline, situé au Moyen Atlas,en surplomb d’Azrou, fut fondé en octobre 1952 et ferma ses portes en 1968. Durant ces 16 années, il laissa une empreinte profonde dans le cœur comme dans la mémoire de toutes celles et tous ceux qui croisèrent le destin singulier de ces moines venus des environs de Castres, dans le Sud-Ouest de la France, pour témoigner de leur foi, dans la prière, dans le silence et dans la pauvreté. Fidèle à la règle du père fondateur de leur Ordre Saint Benois, au VIèmeSiècle, leur vie était consacrée à la prière, au travail, manuel et intellectuel, ainsi qu’à tous les devoirs de l’hospitalité.

Rien ne semblait prédisposer ce modeste monastère à jouer un rôle éminent au plan national et international, comme à s’inscrire dans l’histoire même du Maroc moderne. Qui aurait pu prédire qu’il allait être un jalon précieux dans la grande histoire du rapprochement islamo-chrétien, qu’il allait être un haut-lieu du rapprochement entre chrétiens libéraux et nationalistes marocains ; qu’il allait être un ferment d’unité et de fraternité à compter de l’Indépendance ou qu’i lallait devenir un grand foyer de Rencontres internationales ? »

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