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L’Allemagne suspend le regroupement familial pour une catégorie d’étrangers

Le Parlement allemand a adopté une mesure restrictive concernant le droit au regroupement familial pour certains migrants. Cette décision s'inscrit dans le cadre du durcissement de la politique migratoire voulu par le gouvernement de coalition du chancelier Friedrich Merz.

Les députés allemands ont approuvé, vendredi 27 juin 2025, à une large majorité (444 voix contre 135) la suspension temporaire du regroupement familial pour les bénéficiaires de la protection subsidiaire, rapporte Euronews. Ce statut particulier concerne les migrants autorisés à rester en Allemagne parce que leur pays d'origine est considéré comme dangereux, sans pour autant obtenir le statut complet de réfugié.

Le regroupement familial faisait venir 1000 proches par mois

La mesure suspend pour deux ans les dispositions introduites en 2018 qui permettaient à environ 1000 proches par mois de rejoindre les titulaires de la protection subsidiaire. Fin mars 2025, plus de 388'000 personnes, principalement des Syriens, bénéficiaient de ce statut en Allemagne. Le ministre de l'Intérieur Alexander Dobrindt estime que cette réforme réduira d'environ 12'000 par an le nombre de personnes pouvant entrer sur le territoire allemand.

Les autorités allemandes mettent en avant plusieurs arguments pour défendre cette mesure. Alexander Dobrindt affirme qu'elle permettra de "briser un modèle commercial" pour les trafiquants d'êtres humains et réduira l'"attractivité" de l'Allemagne pour certains migrants. "La capacité d'intégration du pays a tout simplement une limite", a-t-il déclaré lors des débats parlementaires.

Les justifications du gouvernement allemand

La décision a provoqué des tensions au sein même de la coalition gouvernementale. La ministre des Migrations Natalie Pawlik (SPD) a reconnu que "l'intégration fonctionne mieux lorsque les familles sont réunies", tout en acceptant le compromis. La nouvelle loi prévoit des exceptions pour les cas humanitaires particulièrement difficiles et ne s'applique pas aux réfugiés reconnus selon la Convention de Genève.

Cette réforme constitue la première mesure phare en matière migratoire adoptée depuis l'arrivée au pouvoir de Friedrich Merz. Elle intervient dans un contexte de pression croissante de l'opinion publique allemande sur les questions d'immigration, alors que le pays reste l'une des principales destinations des demandeurs d'asile en Europe. La suspension, limitée à deux ans pour l'instant, pourrait faire l'objet de nouveaux débats politiques à son échéance.

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