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Maroc : Appel à la grève générale en raison de la hausse des prix

La Confédération générale du travail (CGT), l’Organisation démocratique du travail (ODT) et la Fédération des syndicats démocratiques (FSD) ont appelé à une grève générale dans le secteur public, lundi 20 juin.

L’objectif de cette grève, selon les trois syndicats, est de protester contre la hausse des prix et de «commémorer l’anniversaire du mouvement du 20 juin 1981», également connu sous le nom des «émeutes du pain».

Dans un communiqué conjoint, les trois organisations expliquent que cette action a été décidée «contre la hausse des prix et la cherté de la vie» et «pour l'augmentation des salaires et des retraites», à la lumière notamment de la flambée récente des prix des carburants et des matières premières.

Par ailleurs, les syndicats mettent en garde le gouvernement dont la politique «anéantit les acquis de la classe ouvrière et son droit à un niveau de vie décent», en tenant l’exécutif pour responsable de «l’atteinte à la stabilité sociale».

Selon Adil Lotfi, le secrétaire général de l’ODT, qui s’exprimait lors d’une conférence de presse, jeudi 16 juin, cette grève générale est un «avertissement» pour obliger les autorités à réagir face à la hausse des prix des matières premières, du carburant et de certaines denrées de première nécessité.

Commémoration d’une période sanglante

Les grévistes exigent du gouvernement qu’il veille «à ce que tous les citoyens puissent bénéficier de la richesse nationale en instaurant une justice sociale» selon Adil Lotfi.

«Il faut reconnaître en toute responsabilité que ce moment est semblable à celui de juin 1981, et que tous les indicateurs prévoient une explosion face à une stabilité fragile et à un avenir incertain», a expliqué le secrétaire général de l’ODT quant au choix de la date.

Pour rappel, le 20 juin 1981, la ville de Casablanca connaît l’un des épisodes les plus sombres de son histoire. En effet, plusieurs subventions sur des produits de première nécessité subissent deviennent négligeables. Une augmentation brutale des prix de 14 à 77 % pour le blé, l'huile, le beurre et la farine est notamment enregistrée lors de cette période. 

Pour protester contre cette réduction, les syndicats UMT et CDT lancent une grève générale qui dégénère en manifestations et en émeutes à Oujda, Berkane et Nador entre le 28 et le 31 mai, mais surtout à Casablanca les 20 et 21 juin 1981.

Le nombre de morts résultant de ces émeutes est estimé à plusieurs centaines. Le gouvernement ne reconnaîtra que 66 morts alors que les syndicats et les organisations des droits de l’homme évoquent un millier.

La période durant laquelle se produisent ces émeutes, les «années de plomb», est marquée par une violence et une répression contre les opposants politiques et les activistes démocrates. Si le contexte n’est aujourd’hui plus le même, le ton est en tout cas donné.

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