
New York, 29 avril 2025 – Par Maglor - L’ambassadeur représentant permanent du Maroc auprès des Nations Unies, Omar Hilale, a adressé une lettre cinglante au président et aux membres du Conseil de sécurité, en réponse aux propos tenus par son homologue algérien Amar Bendjama lors d’un récent briefing du Conseil sur les déplacements forcés à travers le monde. Dans ce document officiel, qui sera publié dans les archives onusiennes, le diplomate marocain démonte méthodiquement ce qu’il qualifie d’"allégations fallacieuses et mensongères" sur la question du Sahara marocain et la situation des populations des camps de Tindouf.
Une réplique argumentée et sans équivoque
M. Hilale a exprimé le profond regret du Royaume du Maroc face à l’intervention "tendancieuse" du représentant algérien, qui a, selon lui, profité de la présence du Haut-Commissaire aux réfugiés, Filippo Grandi, pour manipuler les faits. Il rappelle que le diplomate algérien a été le seul à détourner la thématique de la réunion pour évoquer le conflit du Sahara.
Dans sa réponse, l’ambassadeur marocain a souligné que les populations vivant dans les camps de Tindouf ne sont pas des personnes déplacées de force, mais plutôt des populations séquestrées depuis plus de 50 ans, privées de leurs droits les plus fondamentaux. Il accuse l’Algérie d’empêcher toute solution durable en refusant leur retour au Maroc, leur réinstallation dans un pays tiers ou leur intégration dans le pays hôte.
Des violations graves du droit international
Omar Hilale dénonce également la gestion des camps par le groupe séparatiste armé "Polisario", à qui l’Algérie aurait délégué la juridiction et le contrôle, en violation des conventions internationales. Il cite à cet égard le rapport du Comité des droits de l’homme de l’ONU (CCPR/C/DZA/CO/4) de 2018, qui fustige cette délégation contraire aux obligations d’un pays hôte.
Il rappelle également que l’Algérie refuse depuis plus d’une décennie le recensement des populations de Tindouf, malgré les résolutions répétées du Conseil de sécurité depuis 2011. Ce refus favoriserait, selon lui, les détournements de l’aide humanitaire, confirmés par plusieurs rapports internationaux, dont ceux de l’OLAF, du Programme alimentaire mondial et de l’Inspection générale du HCR.
L’autonomie comme seule issue politique
Réagissant à l’évocation d’une "occupation" du Sahara par l’Algérie, M. Hilale réaffirme que le retour des provinces sahariennes dans le giron marocain en 1975 est un fait reconnu, notamment par l’Assemblée générale des Nations Unies dans sa résolution 34/58 B. Il insiste sur le fait que le Conseil de sécurité traite ce différend sous le Chapitre VI de la Charte des Nations Unies, soit un différend régional à résoudre de manière pacifique.
Le diplomate marocain rappelle que l’Initiative marocaine d’autonomie, proposée en 2007, est reconnue depuis 18 ans par le Conseil de sécurité comme sérieuse et crédible. Elle est soutenue par plus de 100 États membres, dont deux membres permanents du Conseil, et 23 pays de l’Union européenne. La dernière résolution en date, 2756 (2024), s’en félicite explicitement.
La fin du mythe du référendum
Enfin, Omar Hilale rejette la "fixation obsessionnelle" de l’Algérie sur le référendum, affirmant que cette option a été écartée depuis 2002 par le Conseil de sécurité et depuis 2003 par l’Assemblée générale. Il souligne que les résolutions que l’Algérie soutient elle-même à l’ONU n’en font plus mention, preuve que la communauté internationale a tourné la page.
Une réponse saluée par le silence
Fait notable, le Haut-Commissaire Filippo Grandi n’a accordé aucune attention aux accusations algériennes lors de sa propre intervention, ce que le Maroc considère comme une preuve supplémentaire de l’absence de crédibilité des propos de l’ambassadeur Bendjama.