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Benkirane reprend les rênes du PJD : un retour stratégique à l’approche de 2026

Maglor - Le parti de la Justice et du Développement (PJD) tourne une nouvelle page de son histoire avec la réélection, ce dimanche, de Abdelilah Benkirane à sa tête. Ce retour de l’ancien chef du gouvernement intervient dans un contexte politique où le parti islamiste cherche à se repositionner après sa défaite historique aux législatives de 2021.

Avec 994 voix sur 1.402 exprimées (69 % des suffrages), Benkirane a largement devancé ses rivaux lors du neuvième congrès national du PJD. Son leadership, marqué par un style populiste et une forte présence médiatique, pourrait être l’élément clé d’une reconquête électorale en vue des prochaines élections législatives de 2026.

Un PJD en quête de renouveau

Après avoir dirigé le gouvernement entre 2011 et 2017, Benkirane avait laissé la place à Saâdeddine El Othmani, sous qui le PJD a subi une débâcle électorale sans précédent. Depuis, le parti s’efforce de retrouver son ancrage auprès des électeurs, notamment dans les milieux populaires et conservateurs.

Selon Abbas El Ouardi, professeur de droit public à la FSJES de Rabat, cette réélection pourrait offrir une nouvelle dynamique au PJD :

« Benkirane représente une figure charismatique capable de rassembler les électeurs et de repositionner le parti. Son retour signifie également une volonté de renforcement des alliances stratégiques en vue de 2026. »

Le PJD explore actuellement la possibilité d’une coalition avec le Parti de l’Istiqlal (PI) et le Parti de l’Authenticité et de la Modernité (PAM). Cette alliance, bien que surprenante, pourrait constituer un front politique puissant contre le Rassemblement National des Indépendants (RNI), actuellement au pouvoir.

Vers un rééquilibrage du paysage politique ?

Le retour de Benkirane ne se limite pas à une simple victoire interne : il symbolise une tentative de restructuration de l’opposition. La relation entre le PJD et le RNI de Aziz Akhannouch semble s’être refroidie, comme l’indique l’absence remarquée de représentants du RNI au congrès du PJD.

Pour El Ouardi, cette évolution pourrait déboucher sur une redistribution des cartes en 2026 :

« Le PJD doit reconstruire sa crédibilité après sa chute de 2021. En s’alliant avec le PI et le PAM, il pourrait affaiblir la majorité actuelle et modifier la future configuration du gouvernement. »

De plus, certains observateurs estiment que Benkirane pourrait préparer sa succession, cherchant à transmettre le flambeau à une nouvelle génération de cadres. Cette transition pourrait marquer une mutation du parti tout en conservant son ancrage conservateur.

2026 : un scrutin décisif

À deux ans des législatives, le PJD entame une nouvelle phase de son histoire, avec un leader expérimenté mais confronté à un défi de taille : regagner la confiance de l’électorat après son effondrement de 2021.

Benkirane parviendra-t-il à relancer la machine PJD et à reconquérir une place centrale dans le jeu politique marocain ? La réponse se jouera dans les prochains mois, entre stratégie d’alliances et reconquête électorale.

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