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Face à l’immigration, l’Italie dégaine l’état d’urgence

Face à l’immigration, l’Italie dégaine l’état d’urgence

Rome a décrété mardi l'état d'urgence dans le pays pour six mois afin de faire face au récent afflux de migrants sur les côtes italiennes. La mesure permet de débloquer un fonds de cinq millions d'euros pour augmenter les capacités des centres d'accueil et en créer de nouveaux.

Pour combattre l’afflux sans précédent de clandestins, depuis le début de l’année, et désengorger les centres d’accueil saturés, le gouvernement italien d’extrême droite vient d’annoncer le recours à l’état d’urgence. Cette procédure, réglementée par le code de la Protection civile, attribue au gouvernement des pouvoirs extraordinaires en cas de calamité, comme les tremblements de terre, mais aussi pour répondre à une crise humanitaire. Elle lui permet, en outre, de débloquer des fonds exceptionnels.

"C’est un flux de migrants qui ne semble pas s’arrêter", commente Natalia Mendoza, correspondante de France 24 à Rome. Submergée par une arrivée massive de migrants sans précédent, l'Italie a décrété mardi 11 avril, l'état d'urgence migratoire pour une durée de six mois. Une décision qui fait suite au débarquement en Italie de plus de 3 000 clandestins au cours des trois derniers jours via la mer Méditerranée. 

Cette mesure d'urgence, qui vise à accélérer la réponse de l'État aux flux migratoires, sera appliquée sur l'ensemble du territoire national. L’état d’urgence comprend aussi le déblocage de cinq millions d’euros pour les régions du sud du pays les plus concernées par les arrivées massives, a indiqué le cabinet de la Première ministre italienne Giorgia Meloni. D’après l’agence de presse Ansa, l’état d’urgence devrait, entre autres, faciliter la mise en place de nouveaux centres d’accueil. 

Pour justifier la proclamation de l’état d’urgence, une première en Italie en lien avec l’immigration, le gouvernement de la Première ministre, Giorgia Meloni, s’appuie sur les chiffres publiés par le ministère de l’Intérieur. Depuis le début de l’année, près de 31 000 migrants ont débarqué en Italie dont 2 700 durant le week-end de Pâques. Soit le triple du nombre de débarquements enregistrés l’an dernier, durant le premier trimestre. Toujours selon le ministère de l’Intérieur, 115 000 clandestins, recensés par les autorités après avoir débarqué en Italie, seraient actuellement présents sur le territoire.

Vider les centres d’accueil

Le gouvernement prévoit de débloquer, au total, vingt millions d’euros durant les six prochains mois, dont cinq millions dans l’immédiat, pour renforcer le réseau des centres d’hébergement. Tous les centres sont désormais saturés, à commencer par celui de Lampedusa, situé au large de la Sicile, et où sont actuellement hébergés 1 850 réfugiés alors que la capacité d’accueil est de 400 places.

Pour vider les centres, l’idée est de louer des navires et des autobus pour transférer progressivement les clandestins, des zones côtières vers d’autres régions du pays. Le ministère de l’Intérieur veut aussi augmenter la capacité d’accueil des dix centres de rétention administrative, répartis dans neuf régions et où sont enfermés les migrants avant d’être expulsés. Afin de réduire le nombre de réfugiés dans les centres d’accueil, Rome veut également revoir les critères d’attribution des demandes d’asile, de protection humanitaire spéciale ou subsidiaire attribuée à un ressortissant étranger qui ne remplit pas les conditions d’obtention du statut de réfugié mais qui est susceptible d’être persécuté dans son pays.

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