FR AR
Partager sur :

Ukraine : milliardaires ou simples Russes, les voix contre la guerre se multiplient à Moscou

Ukraine : milliardaires ou simples Russes, les voix contre la guerre se multiplient à Moscou

Le banquier Mikhail Fridman et le magnat de l'aluminium Oleg Deripaska ont, par écrit, appelé à la fin du conflit russe en Ukraine. Des milliers de personnes ont manifesté et près d'un million de personnes ont signé une pétition. Selon « Forbes », les 116 premiers milliardaires russes ont déjà perdu près de 100 milliards de dollars depuis le 16 février. Une information oubliée par Les Echos.

(lesechos.fr) - A Moscou, les opposants à la guerre en Ukraine du Kremlin de Vladimir Poutine comptent deux inattendus soutiens : les milliardaires Mikhail Fridman et Oleg Deripaska. Les deux hommes au passé d'oligarques, respectivement magnat de la banque et magnat de l'industrie, ont, chacun de leur côté appelé à la fin de ce qu'autorités et télévisions publiques continuent d'appeler une simple « opération spéciale ».

Mikhail Fridman et Oleg Deripaska, eux aussi, ont joué avec les mots, évitant d'utiliser frontalement le mot « guerre ». Mais, alors que le pouvoir a renforcé propagande et censure, les déclarations de ces deux hommes sont lourdes de sens. Le Kremlin a exprimé sa volonté d'aller jusqu'au bout dans l'offensive . Mikhail Fridman et Oleg Deripaska ont appelé à la fin des combats.

100 milliards perdus par les milliardaires

« Alors qu'une solution semble terriblement lointaine, je ne peux que me joindre à ceux qui souhaitent ardemment que l'effusion de sang cesse », a demandé Mikhail Fridman qui, à la tête de la puissante banque privée Alfa, s'est exprimé dans une lettre à son fonds. « Cette crise coûtera des vies et endommagera deux nations frères depuis des centaines d'années », prévient Mikhail Fridman, Ukrainien d'origine. De son côté, Oleg Deripaska, magnat de l'aluminium, s'est exprimé sur Telegram pour appeler à ce que les pourparlers commencent « aussi vite que possible ». Lui qui assurait qu'il n'y aurait pas de guerre a été pris par surprise comme beaucoup dans les élites. « La paix est très importante », a-t-il insisté.

Selon le magazine « Forbes », les 116 premiers milliardaires russes ont déjà perdu près de 100 milliards de dollars depuis le 16 février. Basée sur les répercussions en chaîne de la crise (chute des cours boursiers, déclin du rouble, sanctions industrielles…), cette évaluation a été faite avant même la dernière escalade militaire.

« Non à la guerre »

Alors que les messages du Kremlin sont véhiculés par les télévisions publiques, les initiatives d'opposants à la guerre se multiplient bel et bien, isolées ou en groupe, dans la rue ou sur les réseaux sociaux. « Monsieur le président, nous nous opposons aux actions militaires que notre pays mène en Ukraine. Nous vous appelons à cesser le feu et à entamer des négociations », a ainsi écrit à Vladimir Poutine un collectif d'ONG qui, loin de la géopolitique, s'occupent d'habitude de maladies enfantines et d'aides aux familles. Une initiative parmi d'autres, alors que la guerre mais aussi les conséquences des sanctions occidentales, financières et sur le secteur de l'aviation civile, ont accru les craintes des Russes.

Dimanche soir, quelques milliers de personnes ont bravé l'interdiction de manifester pour dire « non à la guerre », des rassemblements qui ont conduit à plus de 2.000 arrestations. Près d'un million de personnes ont signé une pétition sur internet demandant l'arrêt immédiat des combats. Lancée par Lev Ponomarev, vétéran des droits humains à Moscou, elle est soutenue par plusieurs personnalités connues de l'opposition anti-Kremlin dont le célèbre écrivain, Boris Akounine. Mais aussi par la fille de Dmitrï Peskov, la fille du porte-parole du Kremlin

Benjamin Quenelle (Les Echos)

Partager sur :