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L'écrivain Michel Houellebecq accusé d’attiser la «haine contre les musulmans»

L'écrivain Michel Houellebecq accusé d’attiser la «haine contre les musulmans»

L’écrivain Michel Houellebecq, un des plus célèbres auteur de romans français, est accusé par la Grande Mosquée de Paris d’avoir tenu « des propos très graves » au sujet des musulmans dans une entrevue accordée récemment à une revue. La Grande Mosquée a donc porté plainte officiellement mercredi devant le procureur de la République de Paris en présumant que ces propos représentent une « provocation à la haine contre les musulmans ».

La source de la réaction est un long entretien entre Michel Houellebecq et celui qui se présente comme philosophe Michel Onfray publié par Front populaire dans son dernier numéro. La revue de commentaire politique fondée en 2020 se veut opposée aux élites, au président Emmanuel Macron, au libéralisme économique et à l’Union européenne, et favorable à une démocratie plus directe, souverainiste.

L’écrivain se lâche sans mesure : « Quand des territoires entiers seront sous contrôle islamique, je pense que des actes de résistance auront lieu. Il y aura des attentats et des fusillades dans des mosquées, dans des cafés fréquentés par les musulmans, bref des Bataclan à l’envers. »

Michel Houellebecq ajoute : « Le souhait de la population française de souche, comme on dit, ce n’est pas que les musulmans s’assimilent, mais qu’ils cessent de [la] voler et de [l’]agresser. Ou bien, autre solution, qu’ils s’en aillent. »

La plainte cite précisément ces « phrases lapidaires » dans sa démarche contre l’écrivain, d’après un communiqué diffusé sur Twitter. « Dans un État de droit, le recours au juge est le moyen normal de débattre en citoyen des violations de la loi, et c’est ce droit qu’exerce la Grande Mosquée de Paris, en s’appuyant sur les jurisprudences rendues pour toutes les religions », dit le texte.

La déclaration rappelle le jugement du 20 décembre 2022 de la Cour européenne des droits de l’homme dans « l’affaire Zemmour ». L’ancien journaliste et candidat à la présidence française contestait une condamnation à 3000 euros d’amende par le tribunal de Paris pour des propos visant les musulmans tenus sur le plateau de l’émission de télé C à vous en décembre 2016.

Le polémiste avait estimé que la France vivait « depuis 30 ans une invasion » visant à « islamiser un territoire » et à enclencher « un djihad ». La peine pour « provocation à la discrimination, à la haine ou à la violence à l’égard d’un groupe de personnes en raison de leur origine » a été maintenue par le tribunal européen.

La Mosquée de Paris porte plainte

"Jeter comme ça l'anathème sur l'ensemble d'une composante de la population française, l'excluant totalement, c'est extrêmement grave", a déclaré Chems-eddine Hafiz, président de la Grande Mosquée de Paris, sur BFM-TV, dénonçant le fait d'opposer "Français de souche" et "musulmans".

Il a précisé qu'en voulant assigner M. Houellebecq, il ne visait pas l'écrivain, "qui est protégé par la liberté d'expression", mais le citoyen s'exprimant dans une revue.

Dans un communiqué, le responsable de la Mosquée indique qu'il va déposer plainte pour des propos présumés être "une provocation à la haine contre les musulmans".

Les positions controversées de Michel Houellebecq ne sont pas nouvelles. Il avait déjà été poursuivi, mais relaxé en première instance comme en appel, lors d'un procès pour incitation à la haine après avoir déclaré en 2001: "La religion la plus con, c'est quand même l'islam".

L'Union des Mosquées de France condamne

Pour sa part, l'Union des Mosquées de France a publié un communiqué condamnant les propos de Michel Houelbecq/

"L’Union des Mosquées de France (UMF) condamne fermement les déclarations de M. Houellebecq, parues dans une revue le 12 décembre 2022, qui constituent pour nous un véritable appel à la haine des musulmans : « Des gens s’arment. Ils se procurent des fusils, prennent des cours dans les stands de tir. Et ce ne sont pas des têtes brûlées, (…), il y aura des attentats et des fusillades dans des mosquées, dans des cafés fréquentés par les musulmans, bref des Bataclan à l’envers ». (...)

La liberté d’expression est fondamentale. Elle est un rempart contre des formes d’aliénation. Nous acceptons que l’Islam soit critiqué y compris dans ses principes et fondements. Cependant, et avec la même fermeté, nous devons, quand la liberté de critiquer devient une claire incitation à la haine et à la discrimination, nous défendre par les moyens que confère notre État de droit. L’insulte, l’injure et l’incitation à la haine ne seront jamais des expressions respectables ou acceptables.

Force est de constater que trop souvent le droit de la libre expression, dont celui de critiquer l’islam, sert de paravent à la mise à l’index des musulmans et à justifier des formes d’exclusion et de haine à leur égard.

Voilà pourquoi nous saisissons la justice. Car, nous estimons que la frontière entre l’expression libre et la volonté délibérée de discrimination et d’incitation à la haine a été franchie allègrement sans se soucier des conséquences sur la cohésion et la paix dans notre pays. La xénophobie est en train de se banaliser dangereusement. La parole raciste s’est libérée et fait des victimes. Il est temps que chacun prenne ses responsabilités pour que ceux qui alimentent les haines et soufflent sur les braises soient jugés et condamnés."

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