
Le Conseil Français du Culte Musulman (CFCM) exprime son inquiétude face à la montée des actes discriminatoires et des propos offensants à l'encontre des femmes et des jeunes filles dans les lieux d'apprentissage tels que les écoles et les universités. Le CFCM déplore que ces composants soient alimentés par une libération de la parole raciste ainsi qu'une conception erronée de la laïcité, allant à l'encontre de la loi. Ces actes et propositions discriminatoires portent atteinte à la dignité des élèves et des étudiants, perturbent leur parcours scolaire et nuisent à la sérénité au sein de nos établissements éducatifs, déjà confrontés à de nombreux défis.
Certaines personnes, invoquant l'assassinat ignoble du professeur Samuel Paty, intimant à une plus grande fermeté contre ce qu'ils qualifient de "islam politique", même lorsqu'il s'agit d'enfants de moins de dix ans. Le CFCM exprime sa profonde inquiétude quant à l'instrumentalisation de la mémoire de Samuel Paty dans des polémiques souvent artificiellement montées. Nous craignons que cela ne souille la mémoire de cet événement et de ce qu'il représente pour ceux qui l'ont vécu personnellement.
À titre d'exemples, une lycéenne en Île-de-France aurait été définitivement exclue de son cours et risquerait même l'exclusion de son établissement en raison de sa tenue vestimentaire, qui ne présentait aucun signe religieux ostentatoire au sens de la loi de mars 2004. Le professeur aurait déclaré que cette situation lui rappelait ce qui s'était passé avec Samuel Paty.
Une collégienne aurait été exclue des cours parce qu'elle portait une robe longue, supposée avoir une "intention religieuse", après avoir été vue trois jours auparavant avec un foulard lors d'un événement extra-scolaire. Le professeur aurait laissé l'élève assis seule sur une chaise tout l'après-midi en lui disant : "Je vais apprendre à ta mère ce qu'est la laïcité".
Une élève aurait été convoquée dans une école de Marseille en vue de son exclusion pour avoir porté une "robe kabyle", mais le directeur de l'école a reconnu une "erreur manifeste" en invoquant le climat actuel et les instructions contradictoires qu'il a reçu ainsi que les échanges avec ses collègues.
Une étudiante de l'Université Paris Dauphine, portant un foulard lors de sa soutenance de fin d'année, aurait été prix à partie par une examinatrice qui lui aurait lancé : "Nous sommes en France ici. Retournez en Afghanistan". Ces propositions ont été signalées au procureur de la République et à l'Université les qualifiés d'inadmissibles et d'intolérables dans un courrier traduit aux étudiants.
Par ailleurs, une polémique sur de prétendues imitations de prières musulmanes dans une école primaire de Nice a provoqué des réactions et une surenchère politico-médiatique que nous jugeons disproportionnées et contre-productives. En effet, des parents d'élèves ayant participé à ces imitations, qui ne sont pas nécessairement de confession musulmane, ont finalement énoncé cette affaire montée de toutes pièces, admettant qu'il s'agissait d'un jeu d'enfants. Bien que ce jeu puisse être considéré comme inapproprié, parler de séparatisme ou de mise en danger de la République pour des enfants âgés de 9 à 10 ans est à la fois exagéré et préoccupant.
Le CFCM appelle donc à une extrême vigilance et au respect scrupuleux des textes et des lois en vigueur, tout en mettant en garde contre toute instrumentalisation et toute récupération de ces situations.
Le CFCM exprime son soutien aux élèves et aux étudiantes victimes de ces comportements bénissants, violents et illégaux, ainsi qu'à leurs familles, et les encourage à avoir confiance en les institutions de la République et en les valeurs qui animent la vaste majorité de nos concitoyens.
Le CFCM tient également à exprimer son soutien au personnel éducatif et aux responsables, qui, dans leur immense majorité, accomplissent dignement leur mission malgré les défis et les difficultés imposés par leur police, tandis que toutes ces polémiques détournent l'attention des problèmes réels attribués ils sont confrontés.