Partager sur :

Iran : Nouvelles manifestations au sud du pays et dans la communauté iranienne d'Allemagne

Iran : Nouvelles manifestations au sud du pays

La contestation se poursuit en Iran, alors que des dizaines de manifestants sont descendus dans les rues dans le sud-est du pays. Selon des vidéos diffusées sur les réseaux sociaux, les manifestants ont scandé " Mort au dictateur " contre l’ayatollah Ali Khamenei.  La répression accentuée par les condamnations à mort de plusieurs personnes ne semble pas avoir dissuadé les manifestants. 

(AFP) - Des dizaines de personnes sont descendues dans la rue vendredi dans le sud-est de l’Iran, selon des images partagées par des groupes de défense des droits de l’homme, alors que la vague de manifestations déclenchée par la mort de Mahsa Amini entre dans son quatrième mois.

Des manifestants à Zahedan, chef-lieu du Sistan-Baloutchistan, ont scandé " Mort au dictateur ", en allusion au guide suprême de la République islamique, l’ayatollah Ali Khamenei, selon une vidéo diffusée par Iran Human Rights (IHR), basée à Oslo et vérifiée par l’AFP.

D’autres images de Zahedan montrent des foules d’hommes, certains brandissant des affiches avec des slogans anti-régime, et un groupe de femmes vêtues de noir marchant dans ce qui semble être une rue voisine, scandant également des slogans.

L’Iran est en proie à des manifestations depuis la mort le 16 septembre de la jeune Kurde iranienne Mahsa Amini, 22 ans, après son arrestation par la police des mœurs à Téhéran qui lui reprochait d’avoir violé le code vestimentaire strict de la République islamique pour les femmes.

Des centaines de personnes ont été tuées et des milliers arrêtées dans le contexte de la contestation, entraînant des condamnations internationales, des sanctions et l’expulsion de l’Iran mercredi d’une commission de l’ONU sur les droits des femmes.

La province pauvre et reculée du Sistan-Baloutchistan, en grande partie sunnite, est située à la frontière avec l’Afghanistan et le Pakistan et peuplée par la minorité baloutche, qui fait l’objet de nombreuses discriminations, selon diverses ONG.

Elle avait été le théâtre de violences souvent meurtrières avant même que les manifestations n’éclatent à travers le pays.

Selon le groupe de défense des droits de l’homme HRANA, basé aux Etats-Unis, des centaines de personnes se sont rassemblées après la prière du vendredi à Zahedan.

Des manifestations se sont déroulées dans cette ville toutes les semaines depuis la mort de plus de 90 personnes le 30 septembre, tuées lors de rassemblements contre le viol présumé d’une adolescente imputé à un policier.

Des centaines de morts

Selon des experts, les Baloutches ont pris exemple sur les manifestations provoquées par la mort de Mahsa Amini, motivées initialement par la défense des droits des femmes et qui se sont élargies à d’autres revendications.

La semaine dernière, un religieux a été tué après avoir été enlevé dans sa mosquée à Khash, dans le Sistan-Baloutchistan.

Le procureur de Zahedan, Mahdi Shamsabadi, a déclaré mardi que les assassins du religieux Abdelwahed Rigi avaient été arrêtés, accusant les auteurs présumés d’avoir voulu " semer la zizanie " entre les communautés sunnite et chiite.

Au moins 458 personnes ont été tuées dans la répression des manifestations en Iran depuis la mi-septembre, selon un bilan établi le 7 décembre par l’IHR, et au moins 14.000 ont été arrêtées selon l’ONU.

Le Conseil suprême de la sécurité nationale a indiqué le 3 décembre que " plus de 200 personnes " avaient été tuées y compris des membres des services de sécurité.

La justice iranienne a dit avoir prononcé 11 condamnations à mort en lien avec les manifestations.

Deux premières exécutions ont eu lieu déjà, celles de Mohsen Shekari le 8 décembre et de Majidreza Rahnavard lundi, tous deux étaient âgés de 23 ans. Le dernier a été pendu en public plutôt qu’en prison.

Amnesty International a indiqué vendredi qu’au moins 26 personnes risquaient d’être exécutées en lien avec les manifestations en Iran, qui, selon le groupe de défense des droits de l’homme basé à Londres, exécute davantage de condamnés que n’importe quel autre pays, excepté la Chine.

En Allemagne aussi

Un groupe d’Iraniens vivant en Allemagne a témoigné de sa solidarité avec les protestations qui secouent la République islamique en observant une grève de la faim sous des tentes installées devant le consulat d’Iran à Francfort, ont constaté des journalistes de l’AFP.

Vendredi, les sept hommes ont finalement annoncé mettre fin à leur mouvement. Certains avaient cessé de s’alimenter depuis 24 jours, d’autres depuis cinq jours, décidant de ne boire que de l’eau. Une femme a participé à leur action pendant quelques jours.

" Je suis motivé à cause du meurtre de jeunes, de femmes — d’enfants — et de toutes les personnes qui luttent pacifiquement pour leur liberté ", a déclaré à l’AFP Hossein Zandi, en grève de la faim depuis 13 jours. " Mon objectif est que ce consulat soit fermé ", a ajouté cet homme de 53 ans.

Ehsan Abbasy, qui a observé 24 jours de grève de la faim, a déclaré qu’il commençait à en ressentir les effets alors que l’Allemagne traverse une vague de froid intense accompagnée de précipitations neigeuses.

" Mon corps est devenu très froid ", a-t-il dit, en essayant de se réchauffer devant un radiateur.

Des bénévoles de la communauté iranienne locale se sont relayés pour les soutenir et ils ont bénéficié de contrôles médicaux quotidiens pour s’assurer que leur santé n’était pas en danger.

" Ce qui s’est passé (en Iran) au cours des trois derniers mois est unique, au cours des quarante dernières années ", a assuré à l’AFP Fariba, l’une de leurs sympathisantes qui n’a pas souhaité donner son nom de famille. Elle a comparé la mobilisation de la diaspora iranienne à celle d' "une grande famille " qui s’entraide.

Plusieurs centaines d’Iraniens ont également organisé vendredi une manifestation devant le consulat de Francfort.

Depuis trois mois, l’Iran est secoué par des manifestations déclenchées par la mort de Mahsa Amini, 22 ans, décédée après son arrestation par la police des mœurs pour infraction au code vestimentaire du pays.

Cette crise est inédite par sa durée, son élargissement à travers différentes provinces du pays, la participation de différents groupes ethniques et classes sociales et les appels directs à la fin du régime.

Des centaines de personnes ont été tuées et des milliers arrêtés au cours de ces troubles, qualifiés d' "émeutes " par les autorités, suscitant l’indignation à l’étranger et des manifestations de solidarité dans le monde entier, y compris en Allemagne.

Partager sur :