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Mohamed Lekleti : l'artiste peintre "resté en France sans s’en rendre compte”

Mohamed Lekleti, artiste peintre et sculpteur, présente actuellement à Casablanca “Maladresses poétiques”, sa deuxième exposition personnelle à la Galerie Loft. Une bonne occasion pour dresser le portrait de celui qui vit depuis trois décennies sur la rive nord de la Méditerranée. Le magazine Tel Quel nous invite à le rencontrer.

(Tel Quel) - « Je suis resté en France sans m’en rendre compte », affirme Mohamed Lekleti. Arrivé dans l’Hexagone il y a 33 ans, le peintre et sculpteur y vit toujours. Cette implantation s’est faite et s’est prolongée de façon fortuite, analyse celui dont les allers-retours sur la terre natale étaient fréquents avant le déclenchement de la pandémie de Covid-19. Une crise sanitaire qui l’a empêché au début du mois de décembre d’être physiquement présent lors du vernissage de sa nouvelle exposition, « Maladresses poétiques », à la Galerie Loft à Casablanca.

Le rendez-vous pris par Tel Quel devait avoir lieu physiquement à Casablanca quelques jours avant le vernissage de “Maladresses Poétiques”. Il s’est bien tenu au cœur de la galerie remplie de toiles… mais sans l’intéressé, fermeture des frontières oblige. C’est donc par téléphone que l'entretien a eu lieu, par le biais d’une de ces technologies omniprésentes dans ses tableaux, évoquées plus ou moins discrètement mais qui se démarquent par le contrôle qu’elles prennent sur la toile comme sur nos vies.

Dès les premiers pas dans l’endroit, même celui qui ne connaît pas le travail de l’artiste ressent tout de suite la (belle) mélancolie, provoquée peut-être par le contraste entre des palettes de couleurs aussi douces que finement associées et des représentations qui tiennent parfois de l’univers du cauchemar. Une autre chuchote d’ailleurs à l’adresse du petit groupe qui l’accompagne : “Ça ressemble aux rêves que je fais parfois, ils sont si irréalistes que mon subconscient me prévient que je suis seulement en train de rêver.”

Inspiré par les contes anciens

Là aussi, l’impression se vérifie. Si l’intention de Mohamed Lekleti n’est pas d’évoquer le cauchemar, il reste dans l’univers de l’imaginaire. “Je ne sais pas si les nouvelles générations en ont l’expérience ou le souvenir, mais je demeure de mon côté très attaché aux contes que l’on me racontait dans mon enfance pour m’endormir”, expose-t-il.

Le quinquagénaire se rappelle notamment de Joha et de son âne, qui apparaissent directement sur l’un des tableaux. Il en va de même pour les oiseaux empaillés – qu’il se procure en l’état, tient-il à préciser en riant : “Je ne les tue pas moi même pour les empailler pour mes œuvres !” 

Ceux-ci font référence à “La conférence des oiseaux” de Farid ad-Din Attar, poète soufi d’origine perse. Alliant à la fois peinture, taxidermie, croquis et autres collages, ils rappellent également le “Portrait de l’oiseau qui n’existe pas” ou bien encore “L’oiseau s’est envolé”.

En savoir plus

Des racines aux ailes

Natif de Taza, à une centaine de kilomètres à l’est de Fès, Mohamed Lekleti vit depuis 33 ans sur le pourtour septentrional de la Méditerranée. Lorsqu’il quitte le Maroc après avoir étudié l’art à Rabat, c’est pourtant avec la ferme intention d’y revenir, la tête pleine de projets. Qu’est-ce qui l’a alors décidé à s’implanter en France ? Il réfléchit, hésite, puis avoue : “Je ne sais pas vraiment, je suis resté sans m’en rendre compte !” Avant d’expliciter : “Il doit y avoir le fait que j’étais entouré d’artistes, d’art, et ce au quotidien, plus qu’au Maroc à l’époque. Cela a dû me conforter inconsciemment dans le fait de rester m’exprimer ici [à Montpellier].”

Depuis, l’artiste a trouvé un équilibre entre sa vie dans l’Hexagone et des retours réguliers dans son royaume natal. Il envisageait même de mieux diviser son temps entre les deux, avant que la pandémie s’en mêle. Qui sait, peut-être que cette distance imposée stimulera son imaginaire onirique, et donnera naissance à de nouvelles œuvres inspirantes et inspirées ?

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